Frauce, pas si charmant {feat Norcross Francis

Nouveau séjour en mer, nouvelle destination à l'horizon. Pleine d'impatience, Ryuka vient de débarquer sur les magnifiques plaines du Royaume de Frauce. Des plaines recouvertes de centaines de fleurs, à perte de vue. Cela la change des cités sans aucun charme et des plages de sables. Elle saute par-dessus bord, atterrit sur le port. Aujourd'hui, elle abandonne sa cape, ses passages sur les précédentes îles lui ont bien fait comprendre que son nom n'a été retenu par personne. Elle ne risque rien... Tant qu'elle ne se fait pas remarquer par une quelconque famille noble, les riches n'aiment pas être effleurés, c'est bien connu. Elle hausse ses épaules. Tant qu'ils ne la regardent pas avec mépris, elle ne va pas s'en prendre à des personnes haut placées. Même si au fond, elle déteste ce système de royauté qui favorise une partie de la population au détriment d'une autre. Elle n'est pas là pour cela.

La raison de sa présence est toute simple : Explorer chaque île, se faire des souvenirs et poursuivre ardemment son rêve. En plus, plus elle voyage, plus elle rencontre du monde. Que ce soit des pirates, des marines, des civils, chaque rencontre lui apporte quelque chose, chaque rencontre permet d'agrandir son univers. Chaque rencontre apporte une vision différente et la fait davantage réfléchir, davantage progresser. Les Marines ont tort, ils sont mauvais. Il n'y a pas si longtemps, elle le pensait encore cependant, elle a changé d'avis. Certains d'entre eux ne sont pas si mauvais. Au final, elle ne sait rien de la vie, elle ne sait rien mais elle veut en apprendre. Afin de lâcher cette naïveté due à son âge, à sa jeune maturité.

Ses pensées s'évaporent. Ses sourcils se froncent. Depuis qu'elle s'est aventurée dans les rues de la ville, Ryuka perçoit une présence derrière elle. Ou plutôt en hauteur ? Sans se retourner, elle ne parvient pas à identifier précisément où elle se situe. Il y a trop d'hostilité pour que ce ne soit qu'une impression. Pas assez pour que ce soit une vengeance -qui pourrait vouloir se venger d'elle ? Elle n'a encore rien fait de répréhensible...

Ah. Elle réalise. Si quelqu'un la suit, sans qu'elle n'ait rien à se reprocher, c'est qu'il est au courant de son avis de recherche. Plutôt que d'en être effrayée, Ryuka ne peut s'empêcher de laisser un sourire gagner son visage, un peu trop heureuse à l'idée d'être reconnue. Elle secoue la tête, reprenant son sérieux. Si quelqu'un la suit, elle se doute que ce soit pour une bonne raison. Mieux vaut, s'éloigner de la ville afin de limiter les embuscades. Oui, c'est le plus sage à faire, pour le moment. A force de penser, elle remarque que ses pas l'ont emmené dans un cul-de-sac. Ou plutôt, que le chat l'a emmené ici. Plutôt malin. Cela ne suffit pas à la faire paniquer.

— Tu peux descendre de ton perchoir, je ne vais pas m'enfuir. Je me demande bien à quoi peut ressembler quelqu'un chassant une tête à un million de berrys.

Ryuka pivote sa tête pour fixer le haut d'un toit, là où elle pense repérer l'individu. Un individu qui se multiplie. Elle aperçoit trois fusils qui la visent. Ses yeux s'écarquillent de stupeur. "morte ou vive" sur le papier, pourquoi s'embêter à attraper quelqu'un quand on peut emporter son corps ? D'un geste rapide, elle sort trois couteaux de lancer, elle prend de l'élan en faisant un tour sur elle-même puis les envoie vers eux. Des tirs partent, deux sur trois sont ratés grâce à son attaque rapide. Le troisième, elle sent la balle traverser son flanc. Pas très causant les chasseurs. A bien y réfléchir... Ce sont des...

— Lâches... Bande de lâches.

Ses dents se serrent, elle ne pense pas à la douleur ni au sang qui glisse de sa plaie et vient tâcher sa robe blanche. Elle s'en moque de cette égratignure qui n'en est pas une. Avant de se soigner, elle va leur mettre une bonne correction. Ryuka grimpe sur des caisses empilées, elle bondit, se cramponne aux tuiles et se hisse afin de monter sur le toit. A leur niveau, elle prend le temps de s'étirer, joignant ses mains et faisant craquer ses doigts. En face, ils l'observent, un peu plus craintifs.

— Il est un peu tard pour regretter.

Son sourire laisse comprendre sa colère. Elle attrape ses trois couteaux de lancer et sans s'inquiéter du sol instable, elle court dans leur direction. Ils rechargent, à la hâte. Des balles sifflent dans l'air, elle n'est pas capable de les éviter, tout ce qu'elle peut faire, c'est de protéger son visage pour éviter une mort misérable. Elle envoie un couteau qui se plante dans la gorge d'un homme, le faisant tomber en arrière puis glisser du toit. Son deuxième atteint sa cible, en plein dans le front. Le dernier, elle n'a pas le temps de le viser qu'elle reçoit une autre balle, cette fois dans la cuisse. Déséquilibrée, elle jette un regard derrière elle et repère un autre chasseur. Mince, ils étaient quatre et non trois. Elle dérape, tombe sur la ruelle sans réussir à se rattraper. Ses mains se placent dans sa nuque pour éviter d'avoir le cou brisé.

Heureusement, la toile tendue d'un commerçant amorti sa chute, elle cède sous son poids et la laisse tomber entre des bouquets de fleurs. Un soupir de soulagement franchit les lèvres de la pirate qui jette un regard en hauteur. Ils ne vont pas en rester là, elle en a conscience. Il faut qu'elle se lève mais avec sa jambe, elle va avoir du mal à se mouvoir. Une goutte de sueur roule sur sa joue, elle pose une main sur son abdomen qui saigne, la seconde attrape le vêtement d'un inconnu. Elle lève son regard vers le sien, reprend son souffle et lui demande, abandonnant son ego et sa fierté.

— Aides-moi... s'il te plaît...