NO. WORDS
Je n’ai pas vraiment eu le nez creux en choisissant de m’installer à Las Camp. Le prix de l’immobilier me semblait être au plus bas, mais il a tout de même réussi à perdre de sa valeur. La rue autour du Chez Barnabé est pavée de pirates ivres morts et il y a plus de planches clouées sur les fenêtres qu’il n’y a de vitres. Pourtant, le quartier reste dans la moyenne haute de l’île ; les meurtres sont rares et puisque tout le monde se connait, chacun évite d’arnaquer les autres. Tiens, l’un des poivrots qui s’endort à peine sous le soleil levant est l’un de mes clients réguliers. Je sais où il habite, et ce n’est pas très loin. Il n’aimera pas trop être réveillé, mais je le préfère en sécurité dans son squat que ventre à l’air dans la rue – surtout si je dois m’éloigner quelques temps de ladite rue. Ma clientèle n'est constituée que de vauriens, et pourtant, je ne peux m’empêcher de sourire doucement quand je pense à eux. Hâte de travailler ce soir !
Ah ; j’aperçois le navire marchant avec qui j’ai affaire ! Quand il s’agit de se procurer des denrées que mes clients vont mettre dans leurs ventres, je préfère me fournir auprès vendeurs de confiance, et si possible que la marchandise ne soit pas trop passée de main en main sur cette zone de non-droit. Peut-être que ce brin de paranoïa me complique les affaires, mais au moins c’est l’occasion de garder quelques contactes sous le coude. Je glisse au capitaine un petit mot sur quelques ports où l’on soupçonne que la Marine inspecte les cargaisons ce mois-ci. Je laisse trainer négligemment un caisson qui sera récupéré et vendu à je-ne-veut-pas-savoir-qui, et je monte récupérer les caisses de légumes et de viande fumée. Je soulève – plus par habitude que par méfiance – le couvercle sous lequel devait se trouver pour un mois de viande rouge. J’en reste dubitatif.
Je n’ai vraiment pas eu le nez creux en choisissant de m’installer à Las Camp.
Ah ; j’aperçois le navire marchant avec qui j’ai affaire ! Quand il s’agit de se procurer des denrées que mes clients vont mettre dans leurs ventres, je préfère me fournir auprès vendeurs de confiance, et si possible que la marchandise ne soit pas trop passée de main en main sur cette zone de non-droit. Peut-être que ce brin de paranoïa me complique les affaires, mais au moins c’est l’occasion de garder quelques contactes sous le coude. Je glisse au capitaine un petit mot sur quelques ports où l’on soupçonne que la Marine inspecte les cargaisons ce mois-ci. Je laisse trainer négligemment un caisson qui sera récupéré et vendu à je-ne-veut-pas-savoir-qui, et je monte récupérer les caisses de légumes et de viande fumée. Je soulève – plus par habitude que par méfiance – le couvercle sous lequel devait se trouver pour un mois de viande rouge. J’en reste dubitatif.
Je n’ai vraiment pas eu le nez creux en choisissant de m’installer à Las Camp.
Un petit commentaire ici.