La bête est effrayante, surtout vue de prêt. Pourtant celle qui était, sans savoir comment, parvenu à bondir du bûcher ne fit pas long feu. Larve de petite taille, pas plus grosse qu'une phalange, ne fit pas long feu, comme ses petites sœurs grillés à point, même si son sort, fut d'être piétiné sans sommation.
Ayant attiré une petite foule de curieux, le bûcher funéraire de la cargaison gâté du jeune blondinet crépitait via l'explosion des larves, ce qui animait fortement la conversation. Dépité, assis sur un banc non loin de là, Aslan regardait la seule pomme qu'il avait pu sauver de l'extermination. En parfait état et sans la moindre trace d'une présence néfaste, il avait réussi à la garder sans vraiment savoir pourquoi. Preuve de son échec, se demandant s'il devait la manger ou tout simplement se défouler dessus d'une manière ou d'une autre, il vint à voir une ombre s'asseoir à côté de lui.
Le bruit de la mastication de son voisin de banc le fit détourner le regard. Jeune homme au teint pâle et surmonté d'une cape noir, celui-ci semblait grignoter un beignet sortit d'un sac en papier. Mangeant goulûment, tout en regardant avec intérêt le feu de joie, il lorgna quelques instants vers le marchand.
« Oui c'est ma cargaison... Vous pouvez en rire si vous voulez, votre collègue a fait son boulot, je ne peux rien en redire. »Ne répondant pas, le jeune homme était soit bien trop polie pour parler la bouche pleine ou n'avait peut-être tout simplement pas les mots, mais sembla avoir un regard compatissant envers le blondinet. Les bagues scintillantes à ses doigts attirèrent le regard du marchant, estimant à vue d'œil ses biens pour un paquet de berry, il replongea sa main dans le sac, mais sembla tâter le fond sans rien trouver.
Comprenant que son voisin n'avait plus rien à manger, Aslan vint à gentiment lui tendre la pomme qu'il avait alors précieusement gardé. Refusant d'un geste de la main, il glissa quelques mots.
« Non merci, c'est gentil, mais je pense que vous devriez la garder. Vous avez peut-être perdu une belle cargaison, mais rien ne nous empêche de planter les pépins qui sont dedans. Qui sais, dans quelques années, les pépins donneront peut-être des pommiers et les arbres des pommes. »« Le début de la fortune en somme ? Mais bon, je crois que j'ai eu assez de pépins pour aujourd'hui. »Un pouffement émanant de son voisin, celui-ci vint à rire de bon cœur, sans pour autant sembler ce moqueur, venant à étrangement emporter avec lui Aslan qui fut lui aussi, prit d'un rire franc et qui relâcha la pression sur ses épaules. Les rires semblant durée une éternité, le blondinet vint à essuyer une larme au coin de son œil.
« Merci. Ce fut très réconfortant. Je m'appel Aslan, Aslan Expery. »Son voisin reprenant lui aussi un air plus normal, vint à ce lever et à faire quelques pas. Sans le regarder, il lui répondit.
« Enchanté Aslan. Søren Barmador. Ce fut un plaisir. Désolé, mais j'ai des obligations. En espèrent que le reste de ta journée soit moins pourrie que tes fruits. »S'en allant une levant le main, sans ce retourner, le jeune homme disparue, laissant le commerçant bouche bée à l'entente de ce nom si caractéristique. Effectivement, il venait sans le savoir de croisé plus qu'une simple pirate des Ailes d’Ébène, mais la question était : Allait-il le recroiser un jours ?