▬ Je pense que le souci, c’est cette réputation…Il sirote tranquillement son verre de punch dans ce grand bar vide de toute vie. Vince aimait bien le Bar-Tabasse, les boissons étaient bonnes et la nuit la fête battait son plein. Une étape incontournable pour tous les brigands de North Blue avant de s’élancer dans l’aventure qu’est Grand Line. Le Bar-Tabasse en est presque devenu une institution tant les pirates aimaient venir ici avant de connaître la gloire (ou la mort) par de-là Redline. Alala que d’émotions quand il repense aux nuits de folies qu’il avait passées ici, aux nombreux pirates sur lesquels il avait mis le grappin et absolument pas pour leurs primes.
▬ Je suis sûr qu’avec un peu de temps les gens oublieront toute cette histoire de mauvais œil. Ou bien il faut faire quelque chose d'incroyable pour qu'ils oublient. Et ça, j'en fais mon affaire ! T’inquiètes donc pas Gérard ! Le gros monsieur derrière le bar grogne, se servant une nouvelle bouteille de vin et remplissant à ras bord le verre de son seul invité. Gérard Twobygod. Un bon vivant légendaire et ami de longue date de Vince.
C’est l’une des rares personnes à véritablement apprécier sa musique et le premier à lui avoir donné la chance de se produire devant un public. À l’époque, ce bon vieux Gérard possédait quasiment le monopole sur toutes les boîtes de nuit et autres bars de Spider Miles, mais cet empire était désormais dirigé par ses enfants. C’est que, quand l’on dit que sieur Twobygod est un bon vivant, c’est un euphémisme pour dire que c’est un véritable ventre sur pattes. S’il ne mange pas, il boit, s’il ne boit pas, il mange. Pour beaucoup, cette fringale insatiable est due à la mort prématurée de sa pauvre femme. Son mécanisme pour ne pas y penser. Mais les quantités d’alcool et de nourriture que le pauvre homme ingurgite furent rapidement un problème. En effet, sans l’intervention de ses enfants, il aurait ruiné sa fortune à lui tout seul. On lui avait laissé la gestion du Bar-Tabasse pour éviter de lui ruiner complètement le moral. Et le bonhomme était très heureux de cet arrangement, ça lui permettait de ne plus sentir les miettes qui avaient été jadis son cœur dans l’ivresse et l’allégresse. Mais maintenant que le bar connaît une grande période de vide… Les idées noires remontent.
▬ Tout ça à cause d’ses connards de Démons Traîtres ! Quel nom de chiasse en plus. Bien fait pour leurs petites gueules s’ils ont péri en mer. Non mais, à buter un pov’ gars et à briser mon grand miroir. En plus, ils n'ont pas payé plein de conso’ ces salauds ! ▬ Hé, ne dis pas du mal des morts Gérard, c’est pas cool. ▬ MAIS J’DIS CE QUE JE VEUX CHEZ MOI BORDEL ! C’est avec une rage incroyable que l’humain jette sa bouteille de vie à moitié vide. Bouteille qui fut sauvée d’un triste sort par l’intervention rapide de l’homme crevette qui la rattrapa en vol et la reposa délicatement sur le comptoir. Vince reste silencieux, sirotant son verre, laissant le brave homme laisser exprimer sa colère dans de grands cris et autres injures visant surtout les pirates à la base de tous ses soucis récents. Ses poings s’élancent, frappent le bois du bar, encore et encore jusqu’à ce qu’il se fasse mal. Après un cri de douleur étouffé, il se reprend, siffle d’une traite la bouteille qu’il avait jetée plus tôt.
▬ Désolé… De m’être emporté comme ça… Je sais pas quoi faire, mon p’tit Vince. Le chanteur pas du tout célèbre, avec douceur, prend la grande main de son ami, la masse habilement pour lui faire oublier la douleur.
▬ T’inquiète pas Gérard, je vais m’occuper de cette histoire. Je suis sûr qu’on va trouver un moyen de se débarrasser de cette mauvaise presse et rendre le Bar Tabasse aussi sensas qu’avant tout ça ! D’ailleurs, j’ai déjà quelques idées, par exemple, on pourrait passer mes morceaux, ou je pourrais même me produire sur scène. J’ai une nouvelle chanson que j’aimerais bien partager, enfin, c'est une reprise dans les faits. Un mec local en plus, donc ça marchera peut-être bien ici. Un certain Rimbaud, Rachid Jean Rimbaud. Mais malgré son excitation palpable, Vince reste inquiet. Il n’avait jamais vu son ami dans cet état et comprend mieux pourquoi sa fille lui a demandé de venir lui parler. Il se souvient de ses mots “J’ai peur qu’il fasse quelque chose de grave.”.
▬ Oui, on va régler cette histoire, tout va bien se passer, ne t’inquiète pas hé hé héssa !