Un pain au chocolat s’il vous plaît !

La demoiselle semble surprise de me voir ici, en uniforme, dans un si petit village. A moins que ça ne soit ma tête ? Ou alors ma superbe médaille ? Mh. Quoiqu’il en soit, cette île est trop mignonne. Il y à des petites maisons, des petits chemins et des petits moulins. Rien de grandiose ou de grandiloquent à l’exception de l’odeur qui s’échappe de cette boutique. C’est l’appel du gras et du sucre qui m’a guidé ici. Une délicieuse pâte feuilletée dorée et croustillante, écrin d’un chocolat doux et fondant. Mes papilles, mon ventre, mon âme et même mon cœur le désirent. Pour lui, je suis prêt à débourser le double mais à en croire les quelques berries que la boulangère me rends, ce ne sera pas nécessaire. Alors que les pièces glissent entre mes doigts bandés je prends conscience d’une chose. De mon pouvoir. Pas mon pouvoir physique, militaire ou diplomatique ! Non ! Mon pouvoir économique. Tel un prédateur je repose les pièces sur une le long comptoir de bois rongé par le temps, et en ajoute d’autres.

Plus !

La demoiselle acquise, surprise et visiblement gênée. Elle attrape d’un geste machinal les dix milles berries que je lui offre en échange de la sainte viennoiserie. Celà prends quelque temps de tout empaqueter, mais c’est encore mieux. Des frissons d’envie parcourent mon échine pendant cet instant langoureux. Du sucre. Du gras. Des choses si différentes de ce qu’il y à à manger sur le navire de transport. Franchement, de la soupe de poisson ? Tous les jours ? Nan. Je refuse ! J’applique mon droit et me libère des règles établies par le destin !

Et je prendrais une tarte au citron meringuée !!!

D’autres pièces tombent sur le comptoir alors que mon poing s’écrase sur ce dernier. Je dois faire des réserves, c’est une question de vie ou de mort ! Et je refuse de mourir. Le bruit de papier du paquet me sort de mes songes. Ils sont là ! Ils sont si beaux. Atteints de dismorphismes, tous différents. Si c’était des gens, ils auraient probablement des personnalités si différentes ! Le premier serait revêche et désagréable, le second rebelle mais timide et le dernier … aaaah. MON AME SOEUR.

Ce bijoux de vienoiserie termine dans ma bouche en entier avant même que je puisse réfléchir. Le Kami-e à renforcé mon instinct et ma capacité à faire des mouvements immédiats. Je mache, la bouche remplie et me délecte du goût. La fine couche de beurre qui accompagne la carapace dorée. La chaire encore chaude qui me caresse la langue. Le chocolat, à la fois doux et puissant. Un mélange incroyable, résultat d’une science culinaire antique…

Merchi … ché bon madame…

Il n’est pas difficile pour une commandante médaillée comme moi de discuter la bouche pleine. C’est une aptitude que je développe depuis très jeune pour ne pas avoir à choisir entre parler et manger à table. On pourrait même dire que j’étais la championne de south blue à ce niveau là. Un héros de la marine en devenir se doit de posséder plusieurs cordes à son fusil.

Ché chiii bon

Des larmes perlent le long des mes yeux alors que je ressens ce paquet de pâtisserie et de viennoiserie à l’odeur agréable contre mon cœur. Il y en à suffisamment pour que je me rende malade. Le paradis.  
     

     
COMMANDANTE !!!

Je tourne la tête en machouillant doucement ma deuxième pâtisserie. Qu’elle est bonne cette pâtisserie. Ce qui est chouette en plus avec cette pâtisserie, c’est que je ne la partagerais pas. J’éloigne doucement, tel une enfant, le sac en papier du lieutenant qui s’approche de moi. Le partage c’est bien, mais ça dépend de quoi.

Commandante … ah … enfin !!! On vous à cherché partout

Je reconnais ce genre de situation. Celle ou je profite calmement de quelques heures de répit sur une île sympathique et bucolique. Celle ou je mange les plats qui me plaisent pendant que je recouvre mes blessures. Celui où un homme s’approche en courant pour m’apporter un message de la plus haute importance. Le voleur de vacances. Mes yeux se plissent pendant quelques secondes alors que je jette un regard dur au sous-officier qui se trouve devant moi. Ce n’est pas super sympa de m’empêcher de manger mes pâtisseries. Mais d’un autre côté, je tape l’incruste sur le navire depuis plusieurs semaines en attendant d’arriver à Yotsuba. Tant pis. Quand j’aurais mon navire, ce sera vacances jour un, et pour tout le monde. C’est important de se reposer.

Oué charrive, ché pour quoi chette fois ?

Un petit regard surpris jauge ma grande capacité à manger la bouche pleine. Ça fait déjà deux personnes impressionnées aujourd’hui. Que c’est agréable d’être compétente sur tout les points tehe ~


Et bien … Il y à eu une évasion à Yotsuba … Plein d’équipes sont sur le coup, mais il y en à un qui à dû s'enfuir en haute mer et …

Charrive, vous m’echpliquerez tout ça sur le pont. Faites levez l’ancre, on part tout de chuite

L’homme hoche la tête et se précipite sur le navire. Je fais de même pour l’accompagner, bien que je ne sois pas emballée à l’idée de reprendre la route de la haute mer. Tant pis, c’est le métier qui veut ça !!!

Une fois sur le pont, je me rends compte que tout le monde est en branle-bas de combat. Les cordages sont abaissés avec vitesse et les ordres des sous-officiers fusent dans tous les sens.
Moi aussi j’ai hâte d’avoir un équipage de cet accabit. Pour le moment il n’est composé que de la petite à lunettes et de la petite au chapeau pointu. Il va falloir continuer à se faire bien voir pour espérer rencontrer plus de monde !
     

     
Voilà bientôt une heure que je suis installée sur une caisse au centre du pont central. L’équipage navigue sans que je n’ai à lui donner plus d’ordres et c’est une bonne nouvelle. Je ne sais pas naviguer. L’autre officier de mon niveau à dû être déposé à Goa pour des affaires urgentes concernant un attentat il y à quelque temps de ce que j’en ai compris. Donc je me retrouve une nouvelle fois à diriger un vaisseau de guerre qui n’est pas le mien. Cette idée à quelque chose d’amusant mais aussi d’un peu frustrant. Je veux mon bâteau. Le miens, celui ou y’a mon nom sur les papiers et ma tronche sur la figure de proue…

Un énième pain au chocolat termine dans ma bouche alors que je pousse un long soupire et que je me laisse tomber en arrière. Une mission d’enquête sur un navire marchand. C’est ce pour quoi je part au final. Un des criminels aurrait fuit dans un transporteur de fret et, de ce que disent les gars de Yotsuba, au mieux c’est un vaisseau de contrebande, au pire c’est une prise d’otage. J’espère donc profondément que nous allons arriver sur un repère de bandits flottants, je n’aime pas l’idée que des civils soient pris à partie lors de cette opération. Même si ils finissent en sécurité, sans blessures, ils risquent de ramener toute la peur qu’ils auront eu chez eux, dans leur maison. C’est mon rôle en tant que marine et héroïne d’empêcher le cercle vicieux de l’angoisse criminelle d’atteindre les innocents et les justes.

Commandante Victory !!! Un navire marchand en vu !

Je sursaute, perdue dans mes pensées.

Bien, contactez les par echcargophone. On va faire un contrôle de routine.

Mes ordres fusent à travers les différents ponts et les différentes cabines et, au bout d’une dizaine de minutes, notre vaisseau de guerre se place aux côtés d’un petit brick de commerce. Deux voiles, une calle profonde, une trentaine de membres d'équipage. La batellerie de East Blue n’est pas si différente de celle de South. Les formes légèrement et la couleur du bois, mais dans l’essence, tout reste similaire.

Je met rapidement les pieds sur le pont des marchands avec quelques hommes. Je fait croire à un contrôle de routine étant donné que c’est la procédure. La Marine préfère que l’on dissimule la présence de criminels sur les mers plutôt que d’alerter tout le monde pour une affaire qui sera réglée dans la journée. Il y à des points positifs et négatifs à chacune des manières de faire mais, ce n’est pas mon bâteau alors je me plie aux règles. Je tends les bons d’échanges et toute la paperasse à Cadona, étant donné mon incapacité clinique à les comprendre en moins de deux heures. De mon côté, viennoiserie à la main, je fouille la marchandise.

Au vu de mes observations, de l’expertise de Cadona et des remarques de mes hommes, aucun produit ne semble venir de Yotsuba. Visiblement, les marchands ne s’y sont pas amarrés depuis un moment. Tout es en règle ! Aucune amende ou arrestation, juste des miettes de pâte feuilletée qui traînent sur les escaliers qui mènent au pont inférieur.
     

     
Tout ce schéma se répète depuis le début de l'après-midi. Le soleil commence calmement à descendre vers l’horizon. Six navires de toutes sortes ont été perquisitionnés. Commerce de peaux, de bois, de nourriture et même de jouets. Aucun criminel à bord ni même de micro tension dans l’air. L’océan est vaste et aucun des autres groupes de marine n’a transmis d’avancée par radio. Le comble, c’est que m’a réservé de pains au chocolat s’est épuisée. Tout ce qu’il me reste, c’est la tarte que je garde pour la prochaine perquisition. Celà me donnera un peu de force pour notre prochain échec…. Mon dieu, que j’ai horreur des missions d’enquête. Dans les histoires, les héros enquêtent rarement longtemps. C’est souvent le rodeur ou le magicien qui s’en chargent, ou même d’autres personnages, souvent âgés, qui arrivent avec une énigme. Pour ma part, ma magicienne dort à poings fermés sur mes genoux et ma rodeuse n’est pas avec moi.Aucun vieux à l’horizon. Je ne peux même pas me dire que je peux prendre de l’avance en allant nager dans l’océan. Ce serait probablement trèèèès contre productif. Donc tout ce que je peux faire c’est attendre.

La main posée sur les cheveux doux de mon adorable soldat de deuxième classe, un étrange sentiment de mélancolie m’étreint. Ça doit être le calme ou le soleil couchant qui fait ça. Que j’aime cette période de la journée. Des milliers de couleurs dont je suis incapable de trouver le nom parcourent le ciel juste avant l’avenement des étoiles. Ce serait le meilleur moment pour se battre. La nuit, elle, appartient au sommeil et aux contes… En tout cas, quand je reviendrais sur Mercanna, j’aurais de nombreuses choses à raconter aux enfants. On pourra jouer pendant des jours à cache cache dans la forêt ou aux chevaliers autour des cavernes au cœur de l’île. En plus, j’aurais tant de choses à leur raconter … J’espère qu’ils me croiront quand je leur dirais que j’ai terrassé un immense monstre souterrain, en dessous d’un château en ruine.

Du coin du regard, j'aperçois ce même lieutenant tout à l’heure, qui fait office d’intendant pendant cette opération qui s’approche. Il s'accroupit à mon niveau et chuchote. L’idée qu’il ne hurle pas dans les oreilles de ma belle aux bois dormants me fait chaud au cœur et dessine un sourire doux sur mon visage.

Commandant … La radio et la vigie ont détecté un navire qui serait en train de mouiller le long d’un banc de sable … dois-je donner l’ordre de s’y rendre ?

Mes poils se lèvent. Un frisson me parcourt le dos. Mon instinct me dit que c’est enfin là qu’il va y avoir de l’action. Je me contente d’hocher la tête et de me redresser, seconde dans les bras et de l’emmener dormir dans ma chambre, en la déposant délicatement sur l’un des seuls véritables lit du navire.
     

     
Le vent commence à souffler en cette fin de journée, apportant à l’atmosphère quelque chose d’humide et de frais. Une tempête peut être ? Du moins, c’est ce que semblent penser les autres hommes présents sur le pont alors que nous nous rapprochons de ce bâteau douteux. Il est là, perdu en haute mer, posé juste à côté d’un large banc de sable vierge où gisent quelques caisses et autres débris de bâtiments. Ceux-ci ont probablement été emportés par une tempête il y à quelques semaines ou quelques mois. C’est chose courante au cœur de cette immense étendue de vagues gémissantes.

Une épaisse planche de bois bistre tombe sur le rebord de notre nouveau lieu d’enquête avant que je n’avance et me présente aux différents marchands. Sans aucune gène ni inquiétude, je m’installe aux côtés d’une caisse présente sur le pont. Je m’y assieds et déballe ma sublime tarte au citron meringuée que je me gardais depuis ce matin. Mon sabre d’officier fait une magnifique pelle à tarte alors que je lis d’un coin de l'œil les rapports d’expéditions. Il s’agit de beaucoup de matériel d’entretien. Cordages, planches, enduit, petites pièces métalliques. Je comprends ce qui est vendu, néanmoins, je ne comprends pas ce que je suis censée faire de ces informations. Je n’ai pas non plus la moindre idée de comment vérifier si ce papier est vrai. En plus, comment se concentrer quand un mets si sucré envahit ma bouche et fait frémir mes papilles. La pâte est un peu dure et colle au palais pendant que la douce meringue me caresse l'intérieur des joues. Ce subtil mélange de sucre et de sucre me fait m’agiter dans tous les sens, hissée sur ma caisse.

Commandant ! Rien dans la calle, pas une seule trace de Marston !!!

Pfff. C’est chiiaaaaant. J’en ai marre de lui courir après, je fais QUE ça depuis ce matin.

Bon, tant pis. Je termine ma tarte et on repart ! Vous en voulez lieutenant ? Je vous promets que mon sabre était propre !

L’homme me regarde en grimaçant et agite la tête face à ma proposition. Chouette ! Je ne voulais pas lui en donner de toute façon. J’ai beau être gentille, mais sacrifier un dixième de ma tarte, ce qui veut dire genre … 15% ? Bah non merci. En plus, je n’arrive pas à profiter pleinement de cette dégustation sur cette caisse qui fait des bruits bizarres.

Dites capitaine dis-je en me tournant vers l’homme qui m’a tendu les papiers.

Ah … eu … Oui ?

Vous transportez quoi dans cette caisse ? Un animal ? continue-je en me léchant les dents.

L’homme semble tout à coup pris d’un élan de panique. Une réaction épidermique qui ordonne à mon cerveau gorgé de sucre d’éviter. Je me jette sur le côté dans un mouvement immédiat et instantané. Une détonation étouffée hurle dans mon ancien siège, criblant de balles l’endroit où je me trouvais.

MERDE.

La moitié de ma tarte s’envole dans une direction peu enviable pour sa survie. Utilisant toutes mes capacités physiques et motrices je cours quelques pas le long du mur pour m’en servir, tout en mettant un coup de pied dans cette caisse contenant un homme armé. Le bloc de bois glisse et traverse la barrière avant de tomber dans l’eau. Mais ce n’est pas le plus important.

OUF. J’ai bien cru qu’elle allait tomber par terre.

Tout le monde me fixe avec étonnement. Les marines comme les marchands sont subjugués par mes mouvements incroyables. Et ouais les gars, c’est ça le rokushiki.

A … A L’AIDE …

Je me frotte le menton sur lequel traîne quelques petites traces de crème. Je regarde à droite. Pas de cris. A gauche. Pas de cris. Oh, la caisse !

Bah ... Qu'est ce que tu fout dans l'eau Marston ? C'est pas l'heure du bain pourtant
Je vois sa tête qui essaie avec difficulté de passer aux travers des quelques planches cassées par mon coup. Pas de doute, c'est bien sa face de pet.

Lieutenant ! Arrêtez tous ces hommes, on va les interroger. Et allez chercher cet homme qui se noie. Ce serait dommage qu’il ne survive pas à sa partie de cache-cache ! Tehe ~

Les bottes claquent. Les hommes se mettent en branle et, alors que je termine mon ultime part de tarte, les différents suspects sont arrêtés. Marston est repêché. La mission est un succès, et que mon rapport sera couvert de miettes.