Monster Hunter
Marie-Anne & Anémone
Enfin à terre.
Je me laisse le long du planchon pour finir sur le sol. Un sol dur ! Un vrai ! Pas un plancher grinçant en pleine tempête, pas un sol gras couvert de sel. Nan, un sol de pierre et de terre. J’adore l’océan ! Les vents marins et le bruit des cordages qui claquent au passage du suroît, c’est génial ! Mais passer autant de temps en haute mer ? Sans aucun pirate ? En mangeant la même bouillie infâme, quotidiennement ? Sans avoir aucun pouvoir sur le pont ? Sans pouvoir visiter ? Nan nan nan. C’est pas possible ça, je suis pas passé commandante pour ça ! Et en plus c’était même pas sur mon navire… Je me redresse d’un coup sur mes jambes en m’époussetant dans la foulée. L’idée que cette mission soit l’ultime barrage à l’obtention de mon bâtiment de guerre me redonne d’un coup, toute l’énergie que j’ai pu perdre lors de la traversée de Calm Belt. Quelques étirements à gauche, quelques étirements à droite et on peut commencer la mission.
Cadona, tu peux me rappeler pourquoi on est là déjà ?
La demoiselle se tourne vers moi, poussant un long soupir. Elle commence visiblement à prendre quelques unes de mes mimiques.
Cette île est en reconstruction et sous la protection d’un lieutenant de grand corsaire. La marine à demandé une escorte pour des soldats peu entraînés et des ouvriers. L’île à besoin d’un avant poste. Le briefing ne devrait pas tarder Commandante.
Un immense sourire béat se dessine sur mon visage tout en accompagnant une grande expression de contentement candide.
Redit le mot, s’il te plaît
Quelques secondes de silence.
Commandante.
Je pousse un long soupir, comblée. Qu’il est agréable de se faire appeler comme ça. Je vais devoir m’y habituer certes, et ne plus autant montrer que ça me rends heureuse, alors j’en profite encore un peu.
J'entame la marche en direction de ce qui semble être la ville, même si le mot chantier serait plus adapté. Un port rempli d’artisans et de menuisiers qui scient, tapent et construisent la base de ce qui sera j’espère, une jolie ville. Au vu de l'effervescence et de l’état de l’île, je ne suis pas surprise de ne pas voir de soldat qui nous accueille. Notre arrivée ayant été un peu tardive au vu de l’état de la mer sur grand line, nous nous hâtons de demander aux habitants ou se trouvent mes chers collègues. Une tâche étrangement difficile. Nous avons dû être renvoyées vers une dizaine d’hommes et de femmes. Tout d’abord vers le chef des marchands, puis le chef des constructions nord, puis pour enfin terminer vers le gestionnaire des terrains. Une mission d'information, un domaine ou je ne brille pas. Genre pas du tout, rien niet. Claquée au sol comme certains diraient. Me visualiser les choses et remplir les espaces manquants avec des données obtenues grâce à d’autres données… Qui fait ça en fait ? C’est au bout de longues minutes interminables que je sors victorieuse, non pas sans un mal de crâne.
En sortant de l’ultime cabane d’artisan, localisation des marines en main, je me rends compte d’un autre problème. J’ai perdu Cadona. Elle était là, debout, m’attendant à l’entrée et … plus rien. J’aurais pu m’attendre à ce qu’elle s’endorme sur le sol ou un peu plus loin, dans une charrette de paille. Mais là non. Je doute qu’elle se soit envolée ou terrée dans un trou comme une vulgaire taupe. Je part donc à sa recherche, risquant d’être en retard pour le début de briefing mais tant pis. Cadona est ma seule membre d’équipage, je compte bien en prendre soin, comme je l’ai toujours fait jusqu’ici.
Je ne suis pas spécialement inquiète. L'environnement n’a pas l’air de regorger de bandits sanguinaires ou de pirates violents. Enfin si, il y en à théoriquement un, mais je doute qu’il soit là, terré comme un rat musqué à essayer de dépouiller des soldats de la marine. Heureusement pour le monde, je suis plutôt douée pour suivre des traces et, au bout d’un temps assez long, mais loin d’être compliqué, je retrouve ma protégée endormie dans un début de ruelle. A ses côtés, deux hommes tout maigres semblent fouiller dans ses affaires.
Ah … C’était pas malin les gars. Venez, je vais vous montrer un truc.
Les hommes se retournent, agacés, prêts à en découdre. Néamoins, leur esprit combatif semble se dissiper lorsqu’ils aperçoivent mon MAGNIFIQUE MANTEAU. D’épaisses épaulettes finement travaillées et une sublime médaille de bronze. Le tout porté par ma prestance héroïque d’officier … Quel sentiment incroyable de voir autant de méchanceté s’effondrer à ma simple vue.
Je m’approche d’eux, sourire aux lèvres.
Vous savez ce que c’est ça ?dis-je en pointant les six lettres présentes sur la robe de Cadona
Ils se regardent, peu rassurés, puis me regardent, encore moins rassurés. Ils hochent négativement la tête. C’est rare que je sois la plus intelligente du lot mais, je suppose que face à des gens qui ne savent pas lire, ce n’est pas une victoire. Enfin, quand même un peu car, c’est moi la plus intelligente ET éveillée de la ruelle.
C’est des lettres. Ça veut dire MARINE. Et vu que je suis là, ça veut dire que c’est un soldat sous l’autorité direct d’un commandant.
Ca, visiblement, ils ont compris. Ils restent sagement à côté de moi, le visage sale couvert de sueur froides.
On va faire un truc. Je vais vous arrêter, parce que c’est pas super courageux de s’en prendre à une adolescente qui dort. Mais je vais pas vous envoyer dans une vilaine prison ou quoi, c’est pas terrible. Je vais veiller à ce que vous restiez derrière les barreaux jusqu’à ce que vous sachiez lire. On va mettre le coup de l’incident sur le fait que vous soyez un peu stupides. Et quand vous sortirez, bah, vous vous trouverez du travail okay ?
Ils restent toujours sans voix, brisés par mon éloquence. Ils semblent pris dans un tourbillon de crainte et de questionnement et, avec le temps qui passe, de reconnaissance. Pas besoin de plus s'appesantir sur ce qui s’est passé (bien que j’ignore si j’utilise ce mot correctement). Je vais voir des marines, donc ils sauront probablement quoi faire de ces gugusses. Cadona sous le bras droit, gus un dans l’autre, gus deux sur l’épaule et … on est partis !
Petite course dans le port avec mes deux nouveaux potes dociles. Ils ne tentent pas de s’enfuir, ils restent là, tout mous, silencieux. Au bout d’une bonne centaine de foulée, j’arrive à l’adresse prévue. Le briefing à visiblement commencé et est même quasiment terminé. Je n’entends qu’une des possibilités. Ruines, gros monstre, meilleur emplacement. Super ! Je jette un regard à mes deux amis encore eveillés. Ils hochent la tête quand je les regarde. Super super ! Je pousse la porte de la pièce exiguë au vu de la mission.
Super, on fait ça ! J’ai toujours rêvée de patater des monstres géants.
Les visages interloqués se retournent vers moi. Commandante médaillée à la peau rosée, qui porte sur elles trois personnes. Une adolescente et deux bonhommes adultes. Leurs sourcils haussés ne semblent pas revenir à leur place après m’avoir vue.
Commandante D. Victory, désolée du retard, on à eu une sacrée tempête sur Grand Line et … j’ai eu un petit souci de larcins sur le chemin dis-je en regardant les deux bonhommes.
Je me tourne nonchalamment en direction d’un groupe de soldats en déposant les gus brothers sur leurs jambes.
Ils ont rien fait de grave, mais suffisamment pour être arrêtés. J’aimerai qu’on leur apprenne à lire pendant leur détention, je pense que c’est utile sur une île comme celle ci. Mettez les dehors quand ils auront fait des progrès. continue-je toujours avec le sourire aux lèvres.
Puis je dépose ma seconde sur une chaise pour qu’elle puisse continuer sa nuit au calme, même si elle à commencée sacrément tôt.
C’est moi l’escorte. Et elle là bas. Mais elle dort, alors c’est moi l’escorte. Mais vas-y, continue, parle nous de cette grosse bébête. dis-je en me tournant vers la demoiselle à lunettes, un sourire franc sur le visage.