Les dents de la mer
Marie-Anne Godwill
Il fait beau ce matin.
C'est le genre de matin ou la grande majorité du bateau est encore endormis, il fait suffisamment frais pour que je mette mon pull de la marine et surtout je me plais a observé le soleil poindre au-dessus de l’horizon, les reflets orangés brille sur l’eau, on dirait que l’on navigue sur une mer d’or.
Je regarde tranquillement l’eau, le courant semble avoir légèrement changé, à son mouvement, je devine que le fond marin doit être plus proche de la surface. Le courant effectue alors un mouvement de machine à laver caractéristique, l’eau chaude du plateau glissant au-dessus des zones profondes pendant que les eaux froides se déplace suivant les fonds marins… Il va falloir changer légèrement notre cap et demander à la vigie de se réveiller là-haut, je ne voudrais pas que le navire heurte les récifs souvent présents sur ce genre de plateaux.
J’entends des bruits de pas derrière moi, je reconnais le bruit de cliquetis des médailles, c'est sûrement le commandant Malher. C’est sur d’ailleurs même les mousse ne font pas attention à moi haha. Le commandant, lui, sait tout ce qu’il se passe sur son bateau.
-Caporal Marie-Anne vous voilà bien pensive.
Marie-Anne se redresse et, toujours debout sur la barrière du bateau, prend la pose du salut militaire.
-Bonjour Commandant, je ne faisais que surveiller le périmètre !
-LhoLhoLho, tu observes le coucher de soleil plutôt, t’inquiète pas je fais la même chose. C’est beau et je pense que l’on ne devient pas marine si l’on ne sait pas apprécier la beauté de l'océan.
Les deux se mettent à regarder la mer d’or dans un silence contemplateur, bien que Marie-Anne a l’air particulièrement concentrée.
-Je connais ce visage, qu’est-ce que tes yeux ont vu pour te faire réfléchir autant ?
-Commandant, nous arrivons sur un plateau marin avec un courant contraire 15° tribord, je pense qu’il y a des récifs donc eux....
-Et bien Marie-Anne tu voudrais donner des ordres ?.... LHOLHOLHO, ne fait pas cette tête voyons je te taquine. Trêve de plaisanterie, va prévenir Golas là-haut, cette vieille karne doit être en train de roupiller, je vais m’occuper du cap si c’est ce qui t’inquiète.
- Oui Commandant !
Pour respecter les ordres, je me dirige vers le mât central. Il faut pour cela Salomé entre les produits que nous transportons. Il y en a tellement que l’on a dû en entreposer sur le pont, Zig les sacs de farine, zag le sac de poivre. En tout cas, avec toute cette marchandise, la base n’aura pas de problème de rationnement pendant des mois.
Le mât se dresse de toute sa hauteur au centre du bâtiment, au pied de cette dernière plusieurs cordages s'entremêlent de manière ordonnée, j’active le contrepoids me faisant monter à toute allure vers le haut du navire, ma légèreté me propulse quelque mètres dans les airs.
D’ici je peux voir la totalité du bateau, son immensité, mais également sa petitesse voguant sur les mers, rien à perte de vue, l’immensité du monde. Je ratterie gracieusement fait quelque petit saut et en effets, Golas ce vieux marin d’une quarantaine d’année dort, je le vois, mais je l’entends aussi à ces profonds ronflements qui font vibrer le bois, il a l’air d’avoir à la main une gourde qui ne doit pas contenir de l’eau. Il sent une odeur de vinasse… Mhhh Détective Marie-Anne est sur le coup, l’arme du crime est donc une bouteille dans laquelle on a subtilement inséré du vin rouge de piètre qualité. Eh bien sûr, malgré toute la volonté du monde, Golas ne pouvant nullement quitter son poste et ayant soif a dû boire ce douloureux poison alcoolisé… ça ou il s’est juste bourrée la gueule…
Dans tous les cas Golas avait l’air de faire un merveilleux rêve, il avait un sourire benêt sur le visage tant et si bien que cela me faisait mal cœur de le sortir des bras de Morphée, surtout qu’un peu d’alcool de temps en temps, ce n'est pas si grave.
- Grlb, grlbb non je te jure, chérie je ne trompais pas, c'est elle qui m'aguiche grlblblb
Finalement cela ne me faisait rien du tout de me réveiller se salot !!!
- SOLDAT DEUXIEME CLASSE GOLAS TRAVERS RÉVEILLEZ VOUS !!!!
Voilà que notre poivreau se relève en sursaut, je pense que le coup de crosse a dû l’aider aussi.
- Caporal Godwill vous ici, je je…
- Vous étiez en train de dormir à votre poste, vous empestez l’alcool, je ne veux pas vous entendre. Vous serez ravie d’apprendre que les rares moments où on sera à terre je m’assurerais que l’on vous fasse récurer l’ensemble du rafiot…
En attendant, vous avez intérêt à rester réveiller, et à bien faire votre travail, car vous ne voulez pas savoir ce que vous endurer si l’on heurte un récif par votre faute, compris soldats Golas.
- O-oui cap-caporal Godwill.
Marie-Anne Godwill