En un mot ? Dalvo c'est un phénomène. C'est un gros béta loin d'être idiot plus grand que nature qui aspire toute la place autour de lui par sa simple présence. Quand il veut se faire entendre il parle fort et quand il veut se faire voir il monte sur le point le plus élevé avant de devenir le centre de l'attention. Pourquoi ? Parce que Dalvo n'a qu'un seul objectif dans la vie : devenir Numéro 1.

Numéro 1 de quoi ? Nul ne le sait, probablement même pas lui. D'ailleurs, c'est moins pour lui une question de "devenir numéro 1" que de "prouver au monde qu'il est numéro 1". Dans sa tête décoré d'une belle banane, il est déjà le meilleur. Meilleur de quoi ? Ne posez pas de question superflus, ce qui importe c'est qu'il est le meilleur et que vous ne le saviez pas, et ça... ça l'insupporte au plus au point. Alors, dès que l'occasion se présente il tentera de prouver sa supériorité, peu importe le domaine.

Un enseigne indique "les meilleurs sandwich du pays" ? Un musicien se prétend être "le meilleur guitariste" ? Un mousse se vante de "faire la vaisselle mieux que personne" ? Vous pouvez être sûr que Dalvo prendra ça comme un défi et qu'il se jettera la tête la première dans l'impasse qu'il s'est crée tout seul en affrontant des professionnels dans leur domaine de prédilection dans l'espoir de prouver qu'il est bel est bien Numéro 1 alors qu'il n'a aucune chance... à moins que.

Parce que s'il y a bien une qualité que l'on peut reconnaître à Dalvo, derrière sa façade désinvolte et saturée d'orgueil, c'est qu'il travaille dur. Les visiteurs qui posent le pied à l'intérieur du Big Tony seront surpris de voir que la plupart des murs parés d'étagères remplies de livres en tout genre, traitant de tous les sujets possibles qu'il a pu rencontrer. Le temps qu'il ne passe pas à prouver sa supériorité aux autres ou a réfléchir à la prochaine tenue qu'il compte porter, il le passe à se apprendre et perfectionner la dernière compétence sur laquelle il a été mis au défi.

C'est comme ça que Dalvo a accumulé à large éventail de compétences qui lui servent à vivre seul en mer, au jour le jour, et à se débrouiller peu importe les situations. Sa compréhension, même légère, des différentes affaires de la mer lui permettent d'entretenir le Big Tony, de naviguer, de trouver de quoi vivre de façon suffisante pour  continuer son voyage. Cependant, s'il y a bien trois choses dans lesquelles Dalvo excellent c'est la baston, la mode et la médecine. Trois domaine qu'il tient en bien plus haute estimes que les autres et qu'il considère comme son fer de lance en tant que Numéro 1.

Un Numéro 1 est forcement plus fort que les autres, c'est pourquoi il doit savoir se défendre (et depuis qu'il a décidé de hisser le drapeau noir c'est important de pouvoir taper sur les marines).

Un Numéro 1 attire forcement l'attention, cultiver son style est vital si l'on souhaite se détacher du troupeau.

Un Numéro 1 a forcement une influence positive sur lui même et sur les autres, garder un mode de vie sain et être capable de l'enseigner aux autres est une qualité non négociable.

Enfin, évidemment, Dalvo a un égo surdimensionné qu'il refuse de faire taire face à qui que ce soit. Sa volonté, face à l'adversité, à la société, la nature ou au destin même, est véritablement ce qui donne toute sa consistance à son caractère. Il ne prendra jamais non comme une réponse, il n'a pas de grande raison morale ou philosophique à ça. Il attend juste du destin ce qui lui revient de droit et si le monde n'est pas d'accord, c'est que le monde n'est pas encore au courant.

Sur une note plus douce, en tant que pirate et futur capitaine de son propre équipage qui montera jusqu'au sommet du monde, Dalvo n'aura aucune attente pour ses camarades autre qu'une foi indestructible qu'il s'assurera de construire par la force de ses actes. Il n'a pas les mêmes standard pour lui que pour les autres, il est, finalement, loin d'être idiot, et sait qu'il s'est imposé une voie longue et difficile. Alors à ceux qui accepteront de le soutenir et de l'accompagner sur ce périple, qui remettront entre ses mains leur propre destin, il ne peut que leur promettre de toujours porter leur fardeau avec eux et de mener leur combat. Qu'ils n'aient aucune crainte. Car il est le Numéro 1.

La nuit étoilée tapissait le ciel par delà la cime des conifères de Toroa. Le calme régnait comme un tyran éthéré, invisible et omniprésent, les rares bruits qui perçaient le silence n'étaient que bruissement et craquement dans les buissons. Au loin cependant, la fête retentissait. Par delà les épais murs du village de Mascarpon, les villageois s'adonnaient à leurs activités favorites : la musique, la boisson, la danse et la ripaille. Il était interdit de s'aventurer hors des murs du village la nuit, question de sécurité, mais encore une fois l'impertinent Dalvo brisait les règles de ses ainés. Il faut dire que les vieux n'avaient que la fête en tête et que la fête, aussi agréable soit-elle, Dalvo la connaissait déjà. Mais depuis quelques mois maintenant, il découvrait autre chose. Loin du village, dans la forêt près de la côte, dans une cabane de bric et de broc, comme un navire retourné contre la roche, vivaient un homme mystérieux. Dalvo était le seul à le savoir, ou du moins, il était persuadé de l'être. Il l'avait aperçu chasser un jour qu'il jouait avec ses amis Michelo et Vivianne à chasser les scarabées. Il les avait laissé après avoir observé un inconnu avec un cerf sur le dos. Personne n'était assez grand, assez fort pour porter un cerf sur son dos s'était-il dit, peut-être était-ce un monstre ? Peut-être était-ce la raison pour laquelle on ne pouvait pas sortir la nuit ? Guidé par sa curiosité et son courage, il l'avait suivi et une fois sur la plage, caché derrière un tronc abattu, l'avait observé avant d'être surpris par la voix grondante de l'inconnu.

"Tu comptes m'zieuter encore longtemps morpion ? Approche, sors de ta cachette, j'vais pas te manger !"


"Encore à venir me déranger au milieu de la nuit ? Nyein ? Tu crois que j'dors pas ou c'est quoi ton problème morpion ?
- Tais toi le vioc, j'peux pas venir la journée ! J'ai des choses à faire moi !"

Le petit Dalvo tirait fermement la langue, soulevé de tout son poids d'un seul bras par l'étranger qui grimaçait faussement de mécontentement. La compagnie du garçon ces derniers mois, suite à leur rencontre inopinée, apportait un peu de vie et de rebondissement au milieu de son existence d'ermite. Un grand sourire qui traversait son visage d'un coin à l'autre finit par apparaitre alors que Dalvo se débattait comme il pouvait de ses petits bras. Il ne comptait pas se laisser faire le morpion et de toutes ses forces il mordit dans la main rigide du bonhomme qui le jeta sur le sol de surprise.

"Sale gamin ! T'es un chien ma parole !
- Tu peux parler ! Ta main est en pierre ou quoi !"

Le petit égo de l'enfant qui n'avait pas encore 10 ans était meurtri, presque autant que ses dents et sa colère ne pouvait masquer les larmes qui perlaient au coin de ses yeux.

"Aaaaaaah. Tais toi un peu pour changer."

Le bonhomme se tourna vers l'un de ses rares meubles, surplombé par un vieux bout de tissu noir marqué d'une tête de mort étrange. Après quelques secondes à chercher dans ses pots et ses bouteilles il prit une poignée de ça et un peu de ci avant de se tourner vers Dalvo.

"Fais AAAAAAH gamin.
- Aaaaa... AÏ--Mmmffff."

Le pouce aussi épais qu'un bâton venait de se planter à l'arrière de sa joue avant qu'une feuille amère ne s'était fourrée dans sa bouche.

"Mâche. Ca ira mieux. Tu penseras à prendre de ça une fois par jour jusqu'à ce que tu les termines. Et puis pense à manger tes légumes comme il faut, tes parents doivent pas te forcer assez.
- Aaa...
- Je t'ai dit de mâcher morpion ! Pas de jacter !"


"Pourquoi tu viens pas au village ?
- Parce que j'habite pas ici morpion.
- Pourquoi tu restes sur cette île alors ?
- J'attend quelqu'un morpion.
- Ton équipage ?
- Exactement morpions."

Pensif, Dalvo tourna la tête vers le pavillon des Ones, l'équipage du vioc qui squattait son île depuis un an maintenant. Venir le voir était devenu un sorte de rituel, peut être pas quotidien, mais bien plusieurs fois par semaine. Avec lui Dalvo prenait un peu l'air loin du village et apprenait plein de chose sur le monde et les gens qui le peuplent.

"Et toi morpion ?
- Quoi et moi ?
- Pourquoi tu restes dans ton village ?
- Bah j'irai où sur l'île sinon ?
- Pourquoi tu resterais sur cette île ?
- Parce que...
- On s'connait depuis un temps morpion. Tu viens voir plus souvent que j'pourrai compter. J't'aime bien mais j'suis pas idiot non plus. C'pas moi qu't'aime bien voir pas vrai ? C'est l'monde qu't'aimerai bien voir, pas vrai ?"

Le silence pèse sur les épaules du petit Dalvo qui ne sait pas quoi répondre.

"J'tai déjà expliqué pourquoi on s'appelait les Ones morpion ?
- Hm... à cause du One Piece ?
- Non, gamin, c'était bien avant que Roger parle du One Piece. C'est parce que mon capitaine tu vois, il était complètement fou tu vois. Il voulait que son équipage soit composé des meilleurs, des numéros un dans leur domaine. Le meilleur cuistot, le meilleur médecin, etc. Il s'en fichait de notre avis et nous poussait à toujours faire mieux, comme un supporter toujours sur notre dos ! Giwahahaha !
- Il devait être super chiant...
- Exactement morpion, et quand on s'est retrouvé pour la première fois à quatre et qu'on a vraiment formé notre équipage il nous a dit : "Être le meilleur c'est bien, mais c'est solitaire, alors on restera ensemble !" et il a ajouté un "S" au nom de l'équipage ! C'était un sacré moment !"

Sur la mine de Dalvo on pouvait lire qu'il n'avait pas tout compris, alors sa prochaine question tomba comme un cheveux sur la soupe :

"Et alors ? Vous avez été les meilleurs finalement ?
- GIWAHAHAHAH ! Non gamin ! Y'avait Roger et d'autres brutes légendaires incroyables sur cette mer ! Mais on était pas mal loti j'dirai !
- Ah...
- Ca te semble loin pas vrai gamin ?
- ...
- Tu veux apprendre ?


"J'y vais le vioc ! Meurs pas pendant mon absence !
- C'est moi qui devrait dire ça morpion ! Te fais pas dévorer par un roi des mers !"

La voix des deux hommes portaient au dessus des flots de la mer calme de la baie de Toroa. Dalvo, du haut de ses quinze ans, avait bien changé.

"Ecoute moi bien le vioc ! Je vais vivre sur les mers et découvrir le monde par moi même ! J'en avais trop marre d'entendre ta voix de crécelle radoter les même histoires en boucle !
- Tu pouvais pas me le dire en face ça !
- Et quand j'aurai vu tout west blue je partirai faire le tour du monde et je deviendrai le Numéro 1 de Grand Line pour accomplir ce que vous avez jamais pu faire dans ton équipage de bras cassé !
- Fais attention à ce que tu dis quand même !
- Et pour prouver que j'ai bien réussi, te tenir au courant de mon avancée j'enverrai par la peau du cul tous les vieux croulant paumé des Ones qui se sont perdu en cours de route !
- Espèce de... ça me toucherai presque gamin ! Et tu comptes faire ça dans cette bicoque qui flotte à peine ? Elle s'appelle comment ? Coule-à-vue ?
- Nan ! Comme j'avais que toi comme source d'inspiration je lui ai donné ton vieux nom Tony !"