OPERATION : ALPHA
I'm here to blind the world, like you blinded me before ...
A
Aujourd’hui, le temps était clair aux abords de Magnolia. Les gens étaient joyeux et s’occupaient de leur travail de manière consciencieuse et souriante. Les maraîchers vendaient leurs produits au marché avec des discours appétissants, les pêcheurs eux, préparaient d’un geste expert leur récolte de la journée. Du coin de l'œil, il n’était pas rare d’observer un jeune couple batifolant aux premières lueurs de l’été. Il n’était pas difficile de conclure que l’île de Baterilla est une région où il fait bon vivre et où les exactions du gouvernement mondial sont minimes. Mais la vipère blanche de la révolution ne se pose aucune question, jamais. Elle agit selon les ordres, même si celà doit lui causer traumas et blessures. C’est pour ça qu'à aucun instant je n’ai profité de la sérénité de ces lieux, et que mon regard était planté sur les hauts plateaux brumeux de l’archipel.
Comme d'habitude, les ordres arrivent de moyen détournés ou par le bouche à oreille. Comme d’habitude je suis arrivée sur une île avec la certitude de n’avoir aucune aide sur le terrain. Alors, comme d’habitude, j’ai cherché les sympathisants de la révolution ainsi que leurs précieuses informations. J’ai quittée les rues ensoleillées et joyeuses pour m’enfoncer dans les ruelles sombres et froides des bas quartiers de la ville, à la recherche d’un avis de recherche de la révolution, qu’il s’agisse du mien ou d’un autre bouc émissaire de la cause. Depuis l’attentat à l’archipel d’Aurore, mon visage à traversé les mers et mon nom les organisations, Marines, Cipher Pol, Capital Dogma … Cette mission est cryptée sous un code A : Pour Avis de recherche. Un moyen de communication invisible qui consiste à marquer d’une encoche un avis de recherche. Ensuite, l’inclinaison du poster est reporté dans le sens horaire en partant du principe que l’encoche indique midi. Les informations que je cherchais étaient donc dissimulées à la sixième maison de la rue où se trouvait mon visage. Là- bas, j’y ai reçu des informations tactiques ainsi que des précisions sur le déroulement de ma mission. Des cartes, des photographies ainsi que tout un tas de témoignages de la part d’anciens ouvriers du complexe.
Enfin, après de nombreuses minutes de discussions et de longues heures d’escalades, je me retrouve ici, accroupie entre deux morceaux de roche, plongée dans la brume. Une brume froide, propre aux hauteurs et qui tranche avec la gaîté de la vallée. La nuit est tombée depuis quelques heures, mais malgré le froid et la fatigue, je ne perds pas de vue mon objectif : le complexe scientifique de la marine. Une mission de grande envergure devant être réalisée rapidement et de manière discrète.
Le vent accompagne les murmures désincarnés des environs mais ne suffit pas à masquer le bruit de l’aiguille de ma montre qui continue sa course. Je recrache l’ultime bouffée de tabac de ma nuit avant de jeter le mégot incandescent dans la pierre. Le mécanisme cliquette une fois, puis deux, puis trois. Il est minuit, début de l’opération.
Je m’avance discrètement et d’un rapide dans la nuit et face au vent, dissimulant ainsi le son que je produit et l’odeur que je dégage. Ma cible n’est qu’un creux entre deux halos opaques, perdus dans le brouillard. Bien que ma vue ne me soit peu utile dans cette situation, j’ai longuement observé les images lors de mon ascension de cet environnement rocheux. J’arrive face à de grandes grilles surplombées de barbelés que j’escalade en transformant mes membres en lame de faux. Des organes d’escalades fins et solides, parfait dans ce genre de cas de figure. Au bout de quelques instants, je pénètre en territoire gouvernement mondial. Je me danse autour des patrouilles dans la nuit, alors que le brouillard se dissipe aux abords de cette structure chauffée. J’avance le profil bas, presque au sol pour être imperceptible dans cette nuit noire, ne me repérant qu’aux traits de lumières se dégageant de l'intérieur du complexe. Par moment, je dois attendre dix minutes pour avancer de quelques mètres. Tout est long et pénible, surtout avec cet air humide et glacial. Au bout de quarante six minutes et douze secondes, ma peau entre enfin en contact avec un mur du grand bâtiment industriel. L’un de mes bras se transforme en une chaîne reliée à une pointe que je fait tourner avant de la jeter d’un coup d’épaule en direction d’une hampe ou est suspendue un drapeau à l'effigie du gouvernement mondial. Grâce à cette prise et à ma souplesse, je parviens à monter jusqu’à une fenêtre où je me faufile après l’avoir forcée en douceur. Coup d'œil à droite, coup d'œil à gauche. Rien. Je me laisse glisser vers l'intérieur.
La chaleur de l’endroit me donne des frissons et réchauffe mes membres engourdis. A partir de maintenant, mes ennemis deviennent ces petits escargots que j'aperçois du coin du regard au fin fond du couloir, et la vie qu’il peut y avoir dans cette structure en pleine nuit. Travail nocturne, besoin d’aller aux toilettes, vol dans le frigo. Peu importe la raison, mais ces gens risquent de mourir. Tous mes objectifs se trouvent dans les souterrains, dans les niveaux de la maintenance selon les plans. Alors je me dissimule, loin de la vue du gastéropode et consulte les plans, extradés de cet endroit il y à plusieurs mois déjà.
...
Les plans sont complexes, répartis sur plusieurs annexes et niveaux, dont les légendes constituent un vocabulaire scientifique que je ne suis pas capable de comprendre. Ma lecture est longue, désagréable, sans compter que je dois passer la tête en dehors de ma cachette toutes les cinq secondes pour garder un œil sur la situation. Mais au bout de longs instants qui me permettent de réchauffer mes articulations, je sais où je dois aller. Le système de sécurité est dense ici, et il est aisé de remarquer que le niveau technologique du complexe dépasse de loin toutes les autres bases de la marine que j’ai connu. Il s’agit d’un véritable casse tête déconcertant et à la moindre erreur, je serais capturée.
Néanmoins, ma progression reprend, c’est nécessaire. L’immobilité risque de me tuer et le levé du jour signerai mon arrestation. Je désaxe les caméras d’un coup de chaîne précis, avec le bout d’un maillon. Tuer ces créatures serait plus simple, mais déclencherait immédiatement l’alarme, alors qu’ici, une patrouille sera simplement dépêchée. J’évolue de couloir en couloir, de murs en murs et de portes en portes et bientôt, de marches en marches. Toute ma progression est inconstante, marquée par les moments d’arrêts à chaque petits bruits, aux périodes de reconnaissances avant d’ouvrir des portes ou de désaxage de caméras. Un tout un tas d'événements qui apportent leur lot d’inconnus dans cette phase cruciale du plan. Certains monstres de la révolution parviennent à s’infiltrer dans des hauts lieux sécurisés, mais c’est encore loin de mes compétences.
Au bout de quelques heures, alors que la nuit tend vers la fin, j’arrive enfin vers mon premier objectif. Une porte, similaire aux autres, un peu plus épaisse peut être, floquée d’un escargot peint à la peinture jaune à laquelle se juxtapose une sorte de dispositif.
Celà doit être le système de verrouillage dont on m’a parlé me dis-je intérieurement
Si proche de mon objectif, je me heurte à un mur. Que c’est frustrant. L’électronique est à des années lumière de mes compétences, et le blindage est bien trop épais pour mon arsenal. Je lâche un soupir de frustration et tourne mon regard vers l’éclairage halogène du couloir puis vers les murs. Aucune idée parfaite ne me vient. Tant pis. L’heure n’est donc plus à l’infiltration. J’avance de quelques pas jusqu’à apercevoir un escargophone-caméra. J’arrive dans un angle mort, loin de son regard livide et lance d’un mouvement expert une fine aiguille dans sa direction. L’épine claire rentre de quelques centimètres au niveau de la nuque du gastéropode alors qu’il tombe sur le côté. Voilà, plus de retour en arrière possible. Je sais que je risque d’être blessée, voire pire. Mais ma vie ne m’appartient pas, alors je me contente de me préparer. Mon bras gauche se change en un arc et j’y encoche une flèche, attendant l’arrivée des soldats pour agir. Les secondes passent et au loin, des pas rapides mais pas pressés se font entendre. Ils discutent, se plaignant de cette péripétie dans leur soirée. Au son de leur pas, ils sont grands et au moins deux. A l’instant ou ils pénètrent dans mon champ de vision, une flèche pénètre dans la tête de l’un d’eux. Un cri retentit avant que ma lame ne s’enfonce dans la gorge du second. Le regard de ce dernier est empli de surprise, de colère et de douleur. Il n’est pas beaucoup plus vieux que moi, c’est malheureux. Les corps glissent sur le sol maculé de sang, alors que mon talon s’enfonce dans la petite créature à coquille qu’ils transportent.
Mes mains fouilles les affaires des deux soldats, a la recherche d’une carte ou d’une clé, ainsi que de leur fusil. J’en aurais besoin pour sortir d’ici. Alors que je me redresse, les lumières virent au rouge, rappelant les taches étalées de ce petit charnier. Une voix retentit de je ne sais où, et déclare l’état d’urgence. Je suis surprise par la vitesse de réaction de la base à mes actions, mais je suppose que c’est le jeu. Plus le temps d’être discrète, plus le temps d’épargner des vies ou du temps. Je cours en laissant des traces de semelle sombre derrière moi en direction de l’entrée de l'entrepôt des communications. Une ribambelle de gastéropodes colorés semblent dormir. Je m’octroie quelques secondes pour jauger la pièce ainsi que ses différentes installations. Mh.
Sans plus attendre, je déchaîne mes lames de faux sur les carapaces dures des créatures, en tuant ou blessant la plus grande quantité possible. Je tente d’être rapide, à chacun de mes coups, le gouvernement perd des millions de berries, mais surtout, de l'influence sur cette mer. Tout en m'acharnant sur ces animaux, je dégage une fumée épaisse, sèche et acide de mon dos, de mes genoux. L’air y devient pénible à respirer, et la visibilité nulle. Les fumigènes sont toxiques, les escargots rescapés tomberont malade à coup sûr. Malheureusement pour moi, je dois rapidement m’extirper de mon premier objectif, les renforts arrivent. Le bras droit en arquebuse, le droit en lame de faux, j’engage mes adversaires à peine sortie de la fumée. La surprise joue un grand rôle dans cette escarmouche. Section de la carotide, transpercement des poumons, perforation du foie. Aujourd’hui encore, je suis porteuse de mort. Aujourd’hui encore, je fini blessée lors de mes affrontements. Une balle de plomb terriblement douloureuse logée dans l’épaule, je reprends ma route, la respiration coupée. Je me précipite vers mon dernier objectif, alors que mon second s’est passé avec de nombreux accrocs, l’usine de traitement de l’eau. Deux nouveaux gardes traversent le couloir et se retrouvent propulsés contre le mur après avoir encaissés des tirs bruyants d’arquebuse. Déjà huit morts. Après de nombreuses minutes de course et d’affrontement, laissant blessés, morts, sang et fumée sur mon sillage, je pénètre dans une grande pièce bruyante, remplie de bassins et de machineries en tout genre. Puisant dans mes réserves d’énergies, je profite de l’accalmie de mauvaise augure pour perforer, briser, trancher et brûler tout ce que je peux. Tuyaux, données papier, filtres à charbon, appareils électriques, pompes, je déverse les bacs sur le sol ou les mélange … Tant de manipulations que j’effectue, blessée, que je ne comprends pas. Je place une confiance absolue en l’expertise des gens qui m’ont donné toutes les informations. Par delà la porte, j’entends le bruit des bottes se stopper, probablement qu’un peloton est en train de se former, et dans la pièce, une odeur particulièrement agressive commence à me pénétrer les narines. Ma tête devient inexplicablement lourde et mes poumons anormalement douloureux.
Tss…
Vous êtes cernés !!! Rendez vous !!!
La situation m’échappe trop rapidement. Je suis cernée. J’ai du mal à réfléchir. Serais-je capable d'exécuter une dizaine de personnes sans aucun avantages ? Nan. Devrais-je me faire exploser ? … Mh. Je dois trouver une sortie. Pas de fenêtre en vue, pas de porte non plus. Comme attirée par une voix qui n’appartient qu’à mon esprit, mon regard se plante sur un grillage. Dissimulé derrière une machine épaisse et fumante, quelque chose qui semble être ma seule porte de sortie. Je m’y précipite d’un mouvement boitant. C’est ma seule chance. Je dois fuir, et vite.
Irina … Attends-moi.
Comme d'habitude, les ordres arrivent de moyen détournés ou par le bouche à oreille. Comme d’habitude je suis arrivée sur une île avec la certitude de n’avoir aucune aide sur le terrain. Alors, comme d’habitude, j’ai cherché les sympathisants de la révolution ainsi que leurs précieuses informations. J’ai quittée les rues ensoleillées et joyeuses pour m’enfoncer dans les ruelles sombres et froides des bas quartiers de la ville, à la recherche d’un avis de recherche de la révolution, qu’il s’agisse du mien ou d’un autre bouc émissaire de la cause. Depuis l’attentat à l’archipel d’Aurore, mon visage à traversé les mers et mon nom les organisations, Marines, Cipher Pol, Capital Dogma … Cette mission est cryptée sous un code A : Pour Avis de recherche. Un moyen de communication invisible qui consiste à marquer d’une encoche un avis de recherche. Ensuite, l’inclinaison du poster est reporté dans le sens horaire en partant du principe que l’encoche indique midi. Les informations que je cherchais étaient donc dissimulées à la sixième maison de la rue où se trouvait mon visage. Là- bas, j’y ai reçu des informations tactiques ainsi que des précisions sur le déroulement de ma mission. Des cartes, des photographies ainsi que tout un tas de témoignages de la part d’anciens ouvriers du complexe.
Enfin, après de nombreuses minutes de discussions et de longues heures d’escalades, je me retrouve ici, accroupie entre deux morceaux de roche, plongée dans la brume. Une brume froide, propre aux hauteurs et qui tranche avec la gaîté de la vallée. La nuit est tombée depuis quelques heures, mais malgré le froid et la fatigue, je ne perds pas de vue mon objectif : le complexe scientifique de la marine. Une mission de grande envergure devant être réalisée rapidement et de manière discrète.
Le vent accompagne les murmures désincarnés des environs mais ne suffit pas à masquer le bruit de l’aiguille de ma montre qui continue sa course. Je recrache l’ultime bouffée de tabac de ma nuit avant de jeter le mégot incandescent dans la pierre. Le mécanisme cliquette une fois, puis deux, puis trois. Il est minuit, début de l’opération.
Je m’avance discrètement et d’un rapide dans la nuit et face au vent, dissimulant ainsi le son que je produit et l’odeur que je dégage. Ma cible n’est qu’un creux entre deux halos opaques, perdus dans le brouillard. Bien que ma vue ne me soit peu utile dans cette situation, j’ai longuement observé les images lors de mon ascension de cet environnement rocheux. J’arrive face à de grandes grilles surplombées de barbelés que j’escalade en transformant mes membres en lame de faux. Des organes d’escalades fins et solides, parfait dans ce genre de cas de figure. Au bout de quelques instants, je pénètre en territoire gouvernement mondial. Je me danse autour des patrouilles dans la nuit, alors que le brouillard se dissipe aux abords de cette structure chauffée. J’avance le profil bas, presque au sol pour être imperceptible dans cette nuit noire, ne me repérant qu’aux traits de lumières se dégageant de l'intérieur du complexe. Par moment, je dois attendre dix minutes pour avancer de quelques mètres. Tout est long et pénible, surtout avec cet air humide et glacial. Au bout de quarante six minutes et douze secondes, ma peau entre enfin en contact avec un mur du grand bâtiment industriel. L’un de mes bras se transforme en une chaîne reliée à une pointe que je fait tourner avant de la jeter d’un coup d’épaule en direction d’une hampe ou est suspendue un drapeau à l'effigie du gouvernement mondial. Grâce à cette prise et à ma souplesse, je parviens à monter jusqu’à une fenêtre où je me faufile après l’avoir forcée en douceur. Coup d'œil à droite, coup d'œil à gauche. Rien. Je me laisse glisser vers l'intérieur.
La chaleur de l’endroit me donne des frissons et réchauffe mes membres engourdis. A partir de maintenant, mes ennemis deviennent ces petits escargots que j'aperçois du coin du regard au fin fond du couloir, et la vie qu’il peut y avoir dans cette structure en pleine nuit. Travail nocturne, besoin d’aller aux toilettes, vol dans le frigo. Peu importe la raison, mais ces gens risquent de mourir. Tous mes objectifs se trouvent dans les souterrains, dans les niveaux de la maintenance selon les plans. Alors je me dissimule, loin de la vue du gastéropode et consulte les plans, extradés de cet endroit il y à plusieurs mois déjà.
...
Les plans sont complexes, répartis sur plusieurs annexes et niveaux, dont les légendes constituent un vocabulaire scientifique que je ne suis pas capable de comprendre. Ma lecture est longue, désagréable, sans compter que je dois passer la tête en dehors de ma cachette toutes les cinq secondes pour garder un œil sur la situation. Mais au bout de longs instants qui me permettent de réchauffer mes articulations, je sais où je dois aller. Le système de sécurité est dense ici, et il est aisé de remarquer que le niveau technologique du complexe dépasse de loin toutes les autres bases de la marine que j’ai connu. Il s’agit d’un véritable casse tête déconcertant et à la moindre erreur, je serais capturée.
Néanmoins, ma progression reprend, c’est nécessaire. L’immobilité risque de me tuer et le levé du jour signerai mon arrestation. Je désaxe les caméras d’un coup de chaîne précis, avec le bout d’un maillon. Tuer ces créatures serait plus simple, mais déclencherait immédiatement l’alarme, alors qu’ici, une patrouille sera simplement dépêchée. J’évolue de couloir en couloir, de murs en murs et de portes en portes et bientôt, de marches en marches. Toute ma progression est inconstante, marquée par les moments d’arrêts à chaque petits bruits, aux périodes de reconnaissances avant d’ouvrir des portes ou de désaxage de caméras. Un tout un tas d'événements qui apportent leur lot d’inconnus dans cette phase cruciale du plan. Certains monstres de la révolution parviennent à s’infiltrer dans des hauts lieux sécurisés, mais c’est encore loin de mes compétences.
Au bout de quelques heures, alors que la nuit tend vers la fin, j’arrive enfin vers mon premier objectif. Une porte, similaire aux autres, un peu plus épaisse peut être, floquée d’un escargot peint à la peinture jaune à laquelle se juxtapose une sorte de dispositif.
Celà doit être le système de verrouillage dont on m’a parlé me dis-je intérieurement
Si proche de mon objectif, je me heurte à un mur. Que c’est frustrant. L’électronique est à des années lumière de mes compétences, et le blindage est bien trop épais pour mon arsenal. Je lâche un soupir de frustration et tourne mon regard vers l’éclairage halogène du couloir puis vers les murs. Aucune idée parfaite ne me vient. Tant pis. L’heure n’est donc plus à l’infiltration. J’avance de quelques pas jusqu’à apercevoir un escargophone-caméra. J’arrive dans un angle mort, loin de son regard livide et lance d’un mouvement expert une fine aiguille dans sa direction. L’épine claire rentre de quelques centimètres au niveau de la nuque du gastéropode alors qu’il tombe sur le côté. Voilà, plus de retour en arrière possible. Je sais que je risque d’être blessée, voire pire. Mais ma vie ne m’appartient pas, alors je me contente de me préparer. Mon bras gauche se change en un arc et j’y encoche une flèche, attendant l’arrivée des soldats pour agir. Les secondes passent et au loin, des pas rapides mais pas pressés se font entendre. Ils discutent, se plaignant de cette péripétie dans leur soirée. Au son de leur pas, ils sont grands et au moins deux. A l’instant ou ils pénètrent dans mon champ de vision, une flèche pénètre dans la tête de l’un d’eux. Un cri retentit avant que ma lame ne s’enfonce dans la gorge du second. Le regard de ce dernier est empli de surprise, de colère et de douleur. Il n’est pas beaucoup plus vieux que moi, c’est malheureux. Les corps glissent sur le sol maculé de sang, alors que mon talon s’enfonce dans la petite créature à coquille qu’ils transportent.
Mes mains fouilles les affaires des deux soldats, a la recherche d’une carte ou d’une clé, ainsi que de leur fusil. J’en aurais besoin pour sortir d’ici. Alors que je me redresse, les lumières virent au rouge, rappelant les taches étalées de ce petit charnier. Une voix retentit de je ne sais où, et déclare l’état d’urgence. Je suis surprise par la vitesse de réaction de la base à mes actions, mais je suppose que c’est le jeu. Plus le temps d’être discrète, plus le temps d’épargner des vies ou du temps. Je cours en laissant des traces de semelle sombre derrière moi en direction de l’entrée de l'entrepôt des communications. Une ribambelle de gastéropodes colorés semblent dormir. Je m’octroie quelques secondes pour jauger la pièce ainsi que ses différentes installations. Mh.
Sans plus attendre, je déchaîne mes lames de faux sur les carapaces dures des créatures, en tuant ou blessant la plus grande quantité possible. Je tente d’être rapide, à chacun de mes coups, le gouvernement perd des millions de berries, mais surtout, de l'influence sur cette mer. Tout en m'acharnant sur ces animaux, je dégage une fumée épaisse, sèche et acide de mon dos, de mes genoux. L’air y devient pénible à respirer, et la visibilité nulle. Les fumigènes sont toxiques, les escargots rescapés tomberont malade à coup sûr. Malheureusement pour moi, je dois rapidement m’extirper de mon premier objectif, les renforts arrivent. Le bras droit en arquebuse, le droit en lame de faux, j’engage mes adversaires à peine sortie de la fumée. La surprise joue un grand rôle dans cette escarmouche. Section de la carotide, transpercement des poumons, perforation du foie. Aujourd’hui encore, je suis porteuse de mort. Aujourd’hui encore, je fini blessée lors de mes affrontements. Une balle de plomb terriblement douloureuse logée dans l’épaule, je reprends ma route, la respiration coupée. Je me précipite vers mon dernier objectif, alors que mon second s’est passé avec de nombreux accrocs, l’usine de traitement de l’eau. Deux nouveaux gardes traversent le couloir et se retrouvent propulsés contre le mur après avoir encaissés des tirs bruyants d’arquebuse. Déjà huit morts. Après de nombreuses minutes de course et d’affrontement, laissant blessés, morts, sang et fumée sur mon sillage, je pénètre dans une grande pièce bruyante, remplie de bassins et de machineries en tout genre. Puisant dans mes réserves d’énergies, je profite de l’accalmie de mauvaise augure pour perforer, briser, trancher et brûler tout ce que je peux. Tuyaux, données papier, filtres à charbon, appareils électriques, pompes, je déverse les bacs sur le sol ou les mélange … Tant de manipulations que j’effectue, blessée, que je ne comprends pas. Je place une confiance absolue en l’expertise des gens qui m’ont donné toutes les informations. Par delà la porte, j’entends le bruit des bottes se stopper, probablement qu’un peloton est en train de se former, et dans la pièce, une odeur particulièrement agressive commence à me pénétrer les narines. Ma tête devient inexplicablement lourde et mes poumons anormalement douloureux.
Tss…
Vous êtes cernés !!! Rendez vous !!!
La situation m’échappe trop rapidement. Je suis cernée. J’ai du mal à réfléchir. Serais-je capable d'exécuter une dizaine de personnes sans aucun avantages ? Nan. Devrais-je me faire exploser ? … Mh. Je dois trouver une sortie. Pas de fenêtre en vue, pas de porte non plus. Comme attirée par une voix qui n’appartient qu’à mon esprit, mon regard se plante sur un grillage. Dissimulé derrière une machine épaisse et fumante, quelque chose qui semble être ma seule porte de sortie. Je m’y précipite d’un mouvement boitant. C’est ma seule chance. Je dois fuir, et vite.
Irina … Attends-moi.
PHARAOH LEAP CREATES