La pitié ne fait pas partie des préceptes auxquels répond Red. Cruel et vil, il ne fait jamais dans la demi mesure et n’hésite jamais à écraser ceux qu’il juge nuisibles, qu’importe le contexte, parfois par simple plaisir. Plus encore, faire souffrir autrui est pour lui un plaisir indéfectible lui permettant de se sentir en vie. De la plus petite crasse aux agissements les plus cruels, Red ne manque jamais de répandre le chaos lorsqu’il le peut, surtout lorsque cela vise ceux que l'on juge comme bons pour l'humanité.

Violent, brutal, sa force physique n’égale que sa propension à faire ployer ceux qu’il décide de prendre dans son viseur. Habitué à dominer autrui, Red se rêve ainsi tout puissant et invincible, l’homme tirant un grand plaisir à écraser toute personne pensant pouvoir lui tenir tête, souvent en faisant parler ses poings plutôt que d’user de mots.

Séducteur pourtant, Red sait manier les mots lorsqu’il le faut, surtout avec les femmes. Suave et parfois obséquieux, il aime séduire et amadouer pour mieux écraser ses victimes ensuite, Red tirant un grand plaisir lorsque les masques tombent. Nul doute ainsi que la tromperie lui aille comme un gant, lui qui est habitué à sembler sympathique de prime abord.

Mais ce qui justifie tant de cruauté n’est autre que sa haine des autres, de tout et quasiment tout le monde. Animaux (excepté les chats, avec lesquels il a toujours vécu), enfants et surtout femmes, qu’il juge plus viles encore que lui. Pour lui, toute femme n’est bonne qu’à servir d’objet sexuel ou de souffre douleur, la plupart du temps pour leur soutirer les informations dont il a besoin. S'il lui arrive d'en considérer certaines comme dignes, celles-ci se font bien rares.

En outre et contrastant avec sa personnalité violente, Red est un virtuose. Passionné de musique, le jeune homme sait manier autant d’instruments que de mélodies, lesquelles sonnent toujours juste tant aux oreilles des amateurs que des professionnels.

Red est également très à cheval sur la propreté, ne supportant pas l'insalubrité et veillant tout particulièrement à garder ses vêtements parfaitement impeccables, ce qui n'est pas toujours facile au vu de son tempérament sanguinaire.

Pour conclure, Red ne supporte pas l’échec et les imperfections quelles qu’elles soient. Lorsqu’il se fixe un objectif, l’échec n’est pas une option et ses réactions lorsqu’elle advient peuvent être aussi imprévisibles que violentes, la simple idée de ne pas avoir le contrôle pouvant le plonger dans une folie totale… ce qui le rend d’ailleurs particulièrement difficile à diriger pour ses supérieurs. En un sens, Red cherche à s'élever de sa condition, celle l'ayant guidé toute la première partie de sa vie, lors de laquelle il se voyait tel un raté. Ainsi, la réussite semble donc être un moyen de s'extirper de son passé misérable.

Son fer de lance ? Répandre le chaos partout, plonger le monde dans un spectacle turbulent et magnifique.

C’est comme si tout s’était arrêté cette fois-là. T’es pourtant pas en sucre. Mais ton cœur lui, est devenu de pierre. Ça a l’air d’être une mauvaise chose… mais ça ne l’est pas. Ça t’as forgé. C’est comme ça que tu es devenu grand et fort, que les ribaudes glissent jusqu’à tes draps.

Regarde ce pauvre, pauvre enfant. Est-il vraiment devenu fort ? Les gueuses qui s’en entichent ne sont que le reflet de ce qu’il a perdu et tente vainement de retrouver. On ne remplace pas une mère. On ne l’oublie pas non plus. Notre pauvre géant… il ne pourra jamais devenir un homme.

De la peinture pastel. Elle essayait de donner de la couleur à ce monde.

Le quartier était pourri. D’une insalubrité rare. Les émanations nauséabondes des déchets et cadavres de rats en décomposition entre les murs remontaient tout le long de la rue. Les murs défraîchis, le sang coagulé sous le pallier de la porte... Ta mère n’avait rien d’exemplaire. Une pute, voilà tout ce qu’elle fut. Peindre des tableaux ne la rend pas soudainement meilleure. Ce n’est qu’une excuse dont tu tentes de te servir vainement. Personne de respectable ne vivrait dans un endroit pareil.

“ Elle a toujours essayé de me tenir à l’écart de ce qu’elle faisait. Malgré les conditions, elle m’a choyé. Malgré sa maladie, elle était la pour moi. C’est injuste de la voir au travers du simple prisme de la prostituée. Elle était… bien plus que cela à mes yeux. Je t’interdis de la salir. “

La main, inconsciemment, vint enlacer sa propre gorge.

La nuit, pour couvrir les aboiements de chiens incessants, elle te chantait des berceuses. Tu en as oublié l’air, la seule chose qui compte pour toi est le souvenir réconfortant de sa voix melliflue et de son souffle te caressant le bout du nez. Ce visage, son visage. Il n’exprimait que tendresse envers toi. Des ombres longues, d’autres ramassées. Les ombres tranquilles des enfants du coin, les ombres tapageuses des ivrognes, et puis une ombre faite de bouts de bois… en un sens, tu les plaignais toutes de ne pas avoir la même mère que toi. Dans cet endroit nécrosé, la chaleur maternelle était la seule chose à laquelle se raccrocher.

La litanie soliloque continue. Jusqu'où ? Jusqu’à quand ? Tu ne sais même pas où tu es. Tout est noir et coloré à la fois, vibrant comme un monde à part. La, aux frontières de l’intangible. C’est là que se trouve ce que tu as perdu. C’est peut-être là que tu devrais te perdre… pour la retrouver.

Partout où tu es… tu es loin de chez toi. Rien ni personne ne saura t’accueillir comme à l’époque. Cette sensation de froid qui te gèle… la neige. Le paysage nivéen t’engloutit peu à peu. Pourtant, tu ne réagis pas. Tu te laisses absorber pour la rejoindre. Comment es-tu arrivé la ? Comment as-tu pu tomber jusqu’ici ? Tu ne t’en souviens plus. Tu n’es même pas conscient, peut-être es-tu déjà mort. Non. Malgré le froid… tu sens la chaleur. Oui, tu as chaud. Ta vie d'esclave t'as appris à ressentir le monde, la douleur, la souffrance. Surtout la tienne.

Ta mère. C’est comme si tu la sentais à nouveau avec toi. C’est la même sensation, sans elle. La béatitude dans un océan de merde. Malgré ta situation et ce qui t’entoures, tout va bien. C’est peut-être ce qu’il se passe quelques secondes avant la fin. Comme un filet de pêche adroitement lancé, elle te tire hors du monde et t’emmène sur son rivage sombre. Ses mailles rêches t’irritent, puis, se resserrant autour de toi, s’enfoncent dans ton cerveau.

Arrête de ne penser qu’à toi.

Penses-tu vraiment qu’elle veuille te revoir ? Peut-être qu’elle passe du bon temps sans toi, là-bas. Sans gamin à devoir supporter, jour après jour. Sans responsabilités exténuantes.

A moins que ce soit pour ton bien. Tout bon parent ne veut que le bien de son enfant. Ta mère était-elle ainsi ?

Oui, bien sûr.

Tu sens sa main te caresser doucement la joue. Une joue imberbe, sur laquelle ses doigts glissent aisément pour frotter jusqu’à la pointe de ton menton. Les premières lueurs du jour luisent au travers des rideaux. C’est le matin. Tu peux deviner son visage penché au dessus de toi, ses longs cheveux tombant en cascade sur ton front.  Et enfin son sourire, radieux, plus lumineux encore que l’astre qui se lève à l’aube.

“ Debout, mon chéri. “

C'est le dernier souvenir que tu as d'elle. Peu après, des esclavagistes te l'enlevaient et faisaient de toi un chien enchainé. Toutes ces années passées à n'être qu'un moins que rien... tu ne dois ta liberté qu'au tigre rouge. Ton sauveur, ton père de substitution, ton dieu. Mais personne ne te connait mieux que toi-même. En ce monde... il n'y a que sur toi que tu puisses compter. Toi seul te mènera... jusqu'à ta destination finale.