« La situation n’est pas AUSSI désespérée qu’elle semble l’être » pensa jack, les deux pieds, une main, et la queue chacun sur une fuite du radeau.

Après tout, la terre était en vue, il n’y avait aucune raison de paniquer aussi fort… A part peut-être ces 3 fuites supplémentaires qui venaient de se déclarer sur son navire pirate de fortune. Bon, c’était peut-être le moment de paniquer. Jack décida d’abandonner toute tentative de sauver sa bicoque et de monter sur le mat, alors que son radeau dérivait un peu plus vers l’île au grand arbre. D’après sa carte, il s’agissait d’une île appelée « Dézoizo ».

Le ramassis de planches de bois dériva jusqu’au niveau de la plage, et le mat était maintenant la seule partie qui pointait hors de l’eau. Jack finit par descendre et par observer les environs.

Cette île… ressemblait à la sienne, mais en plus grande. Jack était à la fois un peu déçu et curieux. Certes, ce n’était pas le dépaysement auquel il s’attendait, mais d’un autre côté, il était allé si peu loin, d’après sa carte, il ne pouvait pas s’attendre à un changement brusque. Qu’à cela ne tienne ! C’était la première fois qu’il sortait de son île, il n’allait pas faire la fine bouche. Il fixa son regard vers le grand arbre au milieu de l’île, et ne pensa plus qu’à une chose, grimper dessus !

La meilleure des routes, c’est toujours la plus simple, alors une seule chose à faire : aller tout droit ! Il prit ses affaires qui n’avaient pas pris l’eau, et s’enfonça plus loin dans l’île, vers la jungle.

Se déplacer dans cet environnement n’était pas une difficulté pour l’homme-singe, surtout dans sa forme originelle, il s’y sentait comme chez lui, à une différence près. Cette différence, il ne la remarqua que trop tard, et elle était sur le sol. Alors qu’il posa le pied sur des feuilles qui craquaient sous le pied, un cordage dissimulé lui attrapa le pied, et remonta dans l’arbre, emportant jack dans son ascension.

« Ouki ?! »

Il n’eut pas le temps de comprendre le pourquoi du comment qu’il était déjà à l’envers, pendu par les pieds, avec un son très distinctif qui indiquait qu’une prise avait été faite. Pour l’homme singe cela voulait dire une chose : il y a des humains sur cette île ! Toujours la tête en bas, il commença à refaire une coiffure correcte, remettre ses vêtements en place, et toussoter pour s’éclaircir la voix : son premier contact humain autre que son ancien mentor ! Il fallait se faire le plus présentable possible. Il entendait les bruits de pas distinctifs des singes sans poils se rapprocher un peu plus de sa position, jusqu’à ce qu’il puisse les apercevoir. Trois personnes en surpoids évident vêtus de pagnes et autres colliers.

« Un singe ? Il y a que ça dans ce coin de la forêt. Pourquoi on peut pas manger autre chose, je tuerai pour un rongeur. »

« Roh allez, C’est pas si mal le singe, ça a le goût de poulet. »

« C’est parce que t’as pas de goût, ça, pour toi tout a le goût de poulet ! Pense au moins à ceux qui ont des papilles gustatives ! »

Jack n’entendait pas ce que les chasseurs disaient entre eux, soit parce qu’ils étaient trop loin, soit parce qu’il était lui-même trop concentré à faire une première impression positive. Mais la pression de l’interaction sociale se fit sentir pour la première fois dans la vie de Jack, et ce qui sortit de sa bouche était tout sauf naturel, c’était plus proche d’un cri d’un animal sauvage inconnu.

« BONJOUR, JE SUIS JACK TREEPWOOD, J’AI 25 ANS, J’AIME VOYAGER, MANGER, DORMIR, ET PORTER DES CHAUSSETTES REMBOURREES EN HIVER, COMMENT ALLEZ-VOUS ?! »

« AAAAAAAAAAAAAH »

Le cri du premier chasseur, puis du deuxième, puis du troisième, puis de Jack qui pensait à une sorte de coutume locale étrange résonna alors dans toute cette partie de l’île, dans les arbres, et dans les cieux.

« Note à moi-même, les humains ont peur des singes qui parlent » pensa Jack.

La chorale de cris continua encore un moment, le cri de l’un servant de carburant pour celui de l’autres tel un cycle infini d’incompréhension jusqu’à ce que l’un de nos protagonistes se décide à briser le cercle.

« Vous pouvez arrêter de crier euh… s’il vous plait ? »

Les deux hommes étaient trop choqués pour parler à leur interlocuteur, et l’un de nos deux autochtones tira l’autre un instant, pour faire dos à la créature dont ils avaient probablement invoqué la colère. Un conseil de guerre s’imposait pour faire face à cette situation de crise !

« Banto ! On va se faire transporter dans les abysses, on a capturé un esprit de la nature et la colère d’un dieu oublié va s’abattre sur nous ! »

« Calme-toi Ruba, il y a probablement une très bonne explication ! Réfléchis une minute ! »

Les deux hommes réfléchirent une minute.

« J’en vois pas, Banto ! On va se faire bouffer ! »

« Attends ! C’est peut-être comme un perroquet ! »

Ruba resta de marbre pendant un instant avant de ardemment se frotter le menton avec son index.

Un jack patient continua d’observer les deux chasseurs de haut niveau discuter de leur capture, il ne s’empêcha pas cependant de prononcer un « je peux descendre ? » qui s’envola dans le vent de leur conseil de guerre.

« Pas bête, c’est peut-être un inconnu qui lui a apprit à pa- Attends, ça veut dire qu’il y a des étrangers sur l’île et qu’on en sait rien ?! »

Ruba recommença à regarder à droite et à gauche, comme si ces étrangers étaient déjà là à l’épier dans les buissons. Ils étaient probablement invisibles grâce à leur magie inconnue des habitants du royaume Dézoizos.

« Une chose à la fois, on doit d’abord s’occuper du singe qu’on a en face de nous, ensuite on en parlera au chef… Je vais l’assommer, c’est pas parce qu’il parle qu’il est pas comestible. »

« Ok. On fait ça. T’as la massue ? »

Les deux hommes semblaient avoir retrouvé leur calme, cela voulait dire qu’ils avaient maintenant compris que Jack ne leur voulait probablement aucun mal ! Parfait pour le singe, mais ils semblaient continuer de discuter sans plus prêter attention à leur captif. Cela commençait à lui faire perdre patience. Il décida alors de prendre les choses en main.

« Bon je me libère, ok ? »

Les hommes n’avaient pas le temps de répondre que leur proie de la taille d’un simple animal grossissait à vue d’œil jusqu’à atteindre une taille plus grosse que n’importe quel homme qu’ils avaient pu voir jusqu’à présent. Son corps relativement normal prit la consistance d’un immense bloc d’or, et la couleur aussi. A la grande surprise de Jack, sa première interaction sociale revint un cran en arrière :

« AAAAAAAAAAAAAH »

Et c’était reparti pour le concert de cris, il pensait qu’ils étaient passés à autre chose, mais il avait probablement tort. Quelle indignité, pensa Jack, il n’était pas capable de mettre les deux premières personnes qu’il rencontre à l’aise. La branche craqua sous le poids du colosse, et le lien du piège également. Il était maintenant temps de reprendre sa forme hybride… Mais au loin, quelque part dans l’immensité bleue qu’était le ciel, il entendait quelque chose. Une question qui résonnait à travers les arbres et la forêt.

« A moi ? »

C’était gros.

Jack avait déjà pu voir des oiseaux qui ressemblaient à ces bêtes, mais ils étaient beaucoup plus petits. Avec le recul, il se disait qu’ils étaient peut-être juste très hauts dans le ciel les fois précédentes, mais cette fois, il pouvait en mesurer la taille, et c’était gros. Plus gros que n’importe quelle créature qu’il avait pu voir jusqu’à maintenant, et plus gros que sa forme de géant. Une bête qui semblait mue par un seul désir et par son instinct meurtrier, une bête prête à tout pour atteindre son macabre objectif, une bête sombre aux couleurs chatoyantes… Et de cette ombre de plumes et de serres résonnait un chant tout aussi malfaisant, un chant que seul Jack pouvait comprendre :

« A moi ! »

La créature penchait la tête vers sa nouvelle cible favorite, visiblement avide d’une proie ? de chair et de sang ? Non.

« On est finis ! On a attiré leur attention ! »

Jack avait deux choix qui s’offraient à lui, deux choix dont il a perfectionné l’exécution au fil de ses deux vies. Il sourit légèrement, calmement, puis se tourna vers les deux autochtones.

« Ne vous inquiétez pas, j’ai une solution à ce problème. »

Il prit les deux hommes doucement, chacun d’entre eux sous un bras, et dans le plus grand des calmes… Détourna les talons pour courir le plus vite possible que sa stature de géant d’or ne le lui permettait ! Fuir ou se battre, c’est la loi de la jungle, et Jack n’avait pas envie de se battre avec deux personnes à protéger à ses côtés !

« AAAAAAA- »

« MAIS FERMEZ-LA ! »

« A MOIIIIIIII- »

« FERME LA TOI AUSSI ! »

L’oiseau continuait à s’approcher de sa victime, et malheureusement pour le colosse d’or, un oiseau en piqué à vive allure était plus rapide qu’un balourd en or qui transportait.

« Il gagne du terrain ! Fais un truc ! » cria Ruba, se débattant dans les bras de Jack, plus pour se faire remarquer que pour s’échapper.

« Je sais pas !  Je réfléchis ! »

Il songea un instant à la situation. Comment semer un oiseau sur une île qui est beaucoup trop désavantageuse pour le singe… il fallait trouver une solution rapidement, et cette solution, il la trouva après encore quelques minutes de course effrénée, en s’approchant peu à peu du grand arbre de l’île ! Alors que l’oiseau était presque au niveau de nos protagonistes, Jack prit l’un de ses nouveaux amis sur son dos, pour avoir une main de libre.

« Acrrochez-vous ! »

Il posa alors sa main sur le sol, qui commença à vibrer, puis trembla ! La paume de Jack propulsa une vague d’énergie qui les propulsa en avant, vers une ouverture du tronc du grand arbre. Les trois compères s’envolèrent alors vers leur échappatoire, et Jack reprit sa forme animale pour pouvoir passer lors de l’impact.

Les trois hommes atterrirent dans le tronc d’arbre, et malgré le résonnement des plaintes de l’oiseau, nos héros étaient dans une sécurité toute relative. Jack commença à s’essuyer les échardes et la terre de son corps, se relevant tranquillement de sa chute. Il se tourna vers les deux hommes.

« Vous allez bien ? »

Ce à quoi il reçut une réponse commune de ses deux compagnons de fortune :

« Non ! »

Le singe se craqua les articulations, ça n'avait pas été facile de semer la bête sur un territoire qui favorisait les oiseaux, mais il était maintenant dans une relative sécurité. Relative, oui : l'oiseau geant rôdait toujours à l'extérieur du tronc d'arbre, et il était aussi patient que jack avait épuisé la sienne. Il se tourna vers ses compagnons d'infortune l'air agacé :

« C'est quoi son problème à lui dehors ? Il nous poursuit depuis tout à l'heure. »

Les deux rondouillards regardèrent incrédule le niz à problème qu'ils avaient dénichés, jusqu'à ce que l'un des deux finisse par craquer ?

« J'en peux plus, Ruba ! J'en peux plus ! C'est qui ce type ?! Est-ce que c'est un singe, un humain ou un esprit ?! Pourquoi ça nous arrive qu'à nous ?! »

« Reste fort Banto, reste fort pour maman. On va s'en sortir ! »

« Je sais qu'on va s'en sortir ! Je veux juste savoir pourquoi on peut pas avoir UN jour normal ! »

Jack soupira de la non-utilité de ces deux personnes. Qu'à cela ne tienne, il se sortirait de ce pétrin, et les deux autres aussi !

Il serra sa main un instant, elle était légèrement engourdie, il avait déjà utilisé sa technique de paume une fois. En l'espace d'un combat, il pourrait encore l'utiliser deux fois avant de perdre l'usage temporairement de ses bras. Cela sera suffisant. Jack se dirigea vers la sortie du tronc, posant un dernier regard vers les deux humains, avant respirer un coup.

Lorsqu'il sortit la tête de sa cachette, il ne fut pas surpris lorsqu'il vit l'oiseau géant qui attendait sagement que sa proue sorte. Il ne fut pas non plus surpris lorsque cette bête ailée fonça toutes griffes dehors sur lui. Il fut cependant une fois de plus déçu du choix de mots de l'animal.

« À M- ! »

Malheureusement, cette fois, elle ne finirait pas sa phrase, car interrompue par un poing fermé destiné à lui clouer le bec !

Mais l’oiseau n’en était pas à son premier combat, il avait affronté nombre de monstres plus dangereux qu’un grand singe ! Il fit un grand mouvement d’ailes pour déstabiliser son adversaire, avant d’attraper le grand singe par les serres. L’oiseau eut assez de succès pour pouvoir s’envoler avec sa proie, dans les airs, il aurait l’avantage !

Jack voyait le sol s’éloigner un peu plus de lui, c’était une mauvaise situation, mais pas désespérée ! il se saisit de la patte de la créature, avant de grossir de plus en plus, révélant sa forme de colosse ! il profita de cette surprise pour concentrer dans sa paume une attaque retenue, qui percuta le ventre de son adversaire !

« Encore un. » pensa jack, sentant sa main s’engourdir encore un peu plus.

Il reprit sa forme la plus petite, pour grimper sur le dos de l’oiseau, et reprendre l’avantage. Malgré sa taille imposante, le point faible de la bête était son dos, qu’il ne pouvait pas atteindre avec ses membres… alors il allait devoir se servir d’autre chose !

L’oiseau commença à planer en direction de l’arbre, prêt à faire une crêpe aromatisée à Jack ! Mais le petit mammifère était plus malin que ce qu’il pouvait laisser penser, il déstabilisa l’oiseau en changeant son poids une nouvelle fois en sa forme de colosse, et alors que l’oiseau atteignait le tronc, il commença à vaciller du poids qu’il devait porter. Il devait trouver un endroit pour atterrir, peut-être son nid ?

Jack voyait l’oiseau changer difficilement de cap, et s’approcher d’une des branches de l’arbres, s’essoufflant peu à peu, il attendait le bon moment.

Presque…

Encore un peu…

Maintenant ! Le singe concentra une onde de choc dans sa paume, qu’il écrasa sur le dos de la bête ! L’oiseau se retrouva propulsé contre son propre nid, et s’écrasa sur la branche. Jack reprit une forme plus praticable et descendit de l’oiseau vaincu.

« Fiou, j’avais pas pensé au fait que tu pouvais m’emporter dans les airs. Encore prêt à te battre ? »

Le monstre, encore conscient, détourna la tête du mieux qu’il pouvait. Cela voulait dire « soumission » chez un oiseau. Selon la loi de la jungle, Jack était le vainqueur, et donc le meilleur prédateur des deux.

« Parfait ! Réfléchis-y à deux fois avant de t’attaquer à tout et n’importe quoi, d’autres auraient pas étés si gentils. »

Jack observa autour de lui. Plein d’objets brillants avaient fait leur bout de chemin jusqu’au nid de l’oiseau, probablement son trésor personnel. Ça n’intéressait pas vraiment Jack, en réalité. Ce qui l’intéressait cependant, c’était la vue que l’on avait depuis le nid de la créature. Il marcha un instant jusqu’au bord de la branche, et prit place un instant.

Il n’avait jamais été aussi haut de toute sa courte existence. Il était presque sûr qu’il pouvait voir sa propre île d’ici. Il n’avait peut-être jamais réalisé à quel point il était ridiculement petit jusqu’à maintenant. Est-ce que ça lui faisait peur ? Oui, tant de choses inconnues, tant de terres et mers inexplorées et dangereuses. Mais la peur n’était pas assez pour ne serait-ce qu’effriter la conviction du futur pirate. Aucune mer ne lui sera inconnue, aucune terre ne restera inconnue, et Grand Line ne sera pas un mur infranchissable.

« Vieil homme, c’est maintenant que ça commence. »

…

Encore des années après, une légende locale du royaume Dézoizo raconte qu’un monstre doré déguisé en animal terroriserait les chasseurs qui ont pour malheur de le capturer, et apporterait la malchance à ses tortionnaires. Avant de capturer votre repas de ce soir, pensez à demander sa miséricorde.