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    Jun Sungyee
    Jun Sungyee
    Messages : 16
    Dorikis : 154
    Berry : 14.500.000 ฿
    Présentation : La vipère rouge
    Techniques : Les sempiternelles mues du serpent

    statistiques
    Muscles:
    La vipère rouge : Jun Sungyee AzZ01ar2/5La vipère rouge : Jun Sungyee 2YXT7J2  (2/5)
    Mobilité:
    La vipère rouge : Jun Sungyee AzZ01ar5/5La vipère rouge : Jun Sungyee 2YXT7J2  (5/5)
    Technique:
    La vipère rouge : Jun Sungyee AzZ01ar1/5La vipère rouge : Jun Sungyee 2YXT7J2  (1/5)
    Adaptabilité:
    La vipère rouge : Jun Sungyee AzZ01ar3/5La vipère rouge : Jun Sungyee 2YXT7J2  (3/5)
    Volonté:
    La vipère rouge : Jun Sungyee AzZ01ar0/5La vipère rouge : Jun Sungyee 2YXT7J2  (0/5)
    Chance:
    La vipère rouge : Jun Sungyee AzZ01ar0/5La vipère rouge : Jun Sungyee 2YXT7J2  (0/5)

    La vipère rouge : Jun Sungyee

    Mar 19 Juil 2022 - 11:45

    Jun Sungyee // civil

    surnom ;

    La vipère rouge

    âge ;

    24 ans

    origine ;

    Le pays des fleurs (Kanokuni) - West Blue

    blue de départ ;

    East Blue

    genre ;

    Fluctuant (littéralement, peut basculer – physiquement et mentalement – du masculin au féminin à tout instant)

    race ;

    Humaine, maudite par les océans (fruit des hormones)

    métier ;

    Mercanti (Contrebandière & Marchande)

    occupation ;

    Voyager, laisser traîner ses oreilles, se mêler de ce qui ne lea regarde pas, faire du négoce, apprendre à connaître les gens, magouiller salement, repartir après s’être débrouillée pour que ses nouveaux amis soient tous un peu plus heureux qu’avant

    situation financière ;

    Stable mais plutôt complexe, reposant sur un équilibre subtil entre les faveurs et les dettes contractées

    temps passé en mer ;

    Presque dix ans, peu après que sa soeur aînée ait abandonné le pays des fleurs

    moyen de déplacement en mer ;

    Sollicite poliment les équipages faisant le déplacement, qu’il s’agisse de marines, de pirates au grand cœur ou d’aspirants révolutionnaires. Son réseau lui permet toujours de trouver le moyen d’arriver à bon port, en général, un simple coup d’escargophone suffit.

    avis sur le gouvernement mondial ;



    “Quand bien même le sable de la plage est-il d’une douceur et d’une blancheur inégalées, on ignore quelles ténèbres sont tapies dans les entrailles des océans.

    Cela dit, je sais me satisfaire d’un joli coquillage pour ce qu’il est. Nul besoin d’en savoir trop pour admirer sa beauté.

    (Voyez-vous, il est des connaissances qu’il vaut mieux ne pas rechercher.

    Cela vous rendrait-il plus heureux de savoir que le coquillage n'est pas tant un joli caillou qu’un organisme décédé ?
    Que la nacre et la blancheur ne servent qu’à maquiller les souillures d’un monde bâti sur des ossements ?
    De découvrir ces souffrances muettes et languissantes qu’on condamne au silence des abysses ?
    ...et à quoi bon ? Vous ne pourrez rien y changer.)

    Ce joli coquillage, je vous en fait cadeau. En espérant que vous suivrez mon exemple.
    Que vous resterez au soleil, là où vous pourrez voir la nacre briller… plutôt que de vous inquiéter des profondeurs sinistres dont on vous tient éloignés.

    La plage est jonchée de trésors ; n’allez pas nager.
    Les idéalistes ont tôt fait de se noyer.”


    avatar ;

    Ranma 1/2

    particularités physiques ;

    Natte et costume de combat traditionnel – rouge vif – du pays des fleurs ; très économe dans ses mouvements ; dégage un curieux sentiment d’immuabilité ; une présence vibrante mais sereine ; pareille à une montagne ; se montre pourtant d’une rapidité foudroyante quand iel passe à l’action ; air doux et tranquille, avenant et pondéré ; change d’apparence et glisse de la femme vers l’homme – et vice-versa – avec une fluidité naturelle qui n’alerte même pas ses interlocuteurs ; dissimule des cicatrices sordides sur ses omoplates, suggérant un châtiment corporel particulièrement vicieux (ces blessures ne guériront jamais complètement).

    groupe sanguin ;

    X- (de l'avis des spécialistes, ce serait le plus savoureux !)

    rire ;

    « Nyohohohoho » (Homme, il dissimule ses lèvres de sa manche ou d’un éventail pour ne laisser filtrer qu’un petit filet de rire distingué)
    « KA-KA-KA ! » (Femme, elle bombe le torse ou met les mains sur les hanches pour libérer un grand éclat de rire franc)

    tics et manies ;

    Se fige dans des postures esthétiques et sculpturales qui auréolent son langage corporel d’une emphase inédite ; reste sans bouger très longtemps tout en donnant une impression saisissante de confort ; délivre des réponses empathiques qui consistent à chercher vos yeux des siens, à vous prendre naturellement la main, voire même à vous donner brièvement l’accolade s’iel perçoit votre trouble ; siffle en travaillant ; en dépit d’un calme apparent, son esprit est toujours en ébullition, prisonnier d’une introspection permanente et de conjectures terriblement pessimistes ; malgré les discours raisonnables dont iel sermonne ses proches, Jun se ménage très peu et termine souvent le voyage dans un état lamentable

    passions ;

    Sa famille (son grand-père, sa sœur fugitive, et littéralement chaque membre du clan Sungyee), la paperasse ennuyeuse à souhait, la culture des bonsaïs et le jeu de go.

    peurs ;

    D’être inutile, en dépit de tous ses talents. De son cher grand-père. De voir ses proches souffrir, prisonniers de leurs convictions. De se savoir creuse et artificielle, au milieu de tous ces rêveurs entiers et rayonnants.
    Jun craint son influence sur les gens simples, anxieuse à l’idée de les souiller par son contact.
    Les passions amoureuses à son endroit lui causent également beaucoup d’angoisse.

    idéal ;

    Voudrait que ses émotions lui viennent plus naturellement, être capable de décider de son propre cap, de vouloir quelque chose pour soi-même et de se battre pour l’obtenir, être passionnée et déterminée… tout en sachant pertinemment qu’iel ne sera jamais davantage qu’une pauvre luciole : captivée par l’éclat flamboyant de ceux qui rêvent leur vie en grand.

    avenir ;

    Ambitionne de se tenir au centre de l’écheveau des secrets, telle une araignée sur sa toile qui, pleine de douceur, sans jamais lui faire de mal : arrache ses ailes au papillon. Mieux vaut pour ce pauvre insecte de terminer son voyage en larve bienheureuse — se tortillant, en sécurité sur l’humus — qu’entre les mandibules d’une araignée plus cruelle.

    rêve ;

    Assister au mariage de sa sœur aînée, avec la bénédiction de toute la famille. Jun voudrait des sourires sur chacun de leurs visages.

    mort ;

    Disparaître dans un chuintement d’écume silencieux, sans faire de vagues et sans causer de douleur.

    régime alimentaire ;

    Mange de tout, et déguste avec beaucoup de curiosité les spécialités locales qui font la réputation de chacune des étapes de son voyage.

    snack préféré ;

    Les piments farcis.

    boisson préférée ;

    Le lait de coco (les aliments riches en acides gras facilitent la stabilisation des hormones, ce qu’iel trouve apaisant).

    caractère

    Emotions :
    Ayant mangé le Horu Horu no Mi (Fruit des Hormones) très tôt dans son enfance, Jun a développé un rapport singulier à l’émotion. Ses sentiments ne sont pas simplement naturels, via une maîtrise instinctive de ses pouvoirs, il lui est entièrement possible de décider de ses propres humeurs.
    En raison des pressions qui pèsent sur chacun des membres du clan Sungyee, cette capacité est rapidement devenue un mécanisme de survie social : déclencher la réponse hormonale qui correspond à chaque situation lui a permis d’être témoin des vicissitudes du monde de la pègre, sans jamais flancher.
    Aujourd’hui encore, Jun conserve une forme d’innocence intérieure que rien ne saurait souiller.

    De fait, Jun ne ressent pas les choses comme nous-autres, iel choisit consciemment d’accorder ses émotions aux convenances et aux attentes de chacun. Femme, elle écoute les tracas des favorites du chef de clan et planifie des contre-mesures avec un esprit de rébellion qui frise les limites de la trahison. Homme, il traite d’égal-à-égal avec les exécutants du monde de la pègre et fait respecter la volonté de son grand-père, quitte à se montrer tout aussi impitoyable que le vieux Tao lui-même.
    Depuis l’enfance, Jun alterne constamment d’un genre à l’autre. Le processus lui est tout aussi naturel que de sourire ou de respirer, son organisme fluide et changeant est le simple reflet de ses états d’âme.  

    Sous des dehors sereins et contemplatifs, Jun intellectualise beaucoup.
    Son esprit est un bouillonnement continuel de conjectures et de préoccupations. Tout n’est que calculs et décisions, tout est sujet à l’analyse. Sans doute est-ce pour cela qu’iel chérit précieusement les émotions authentiques qui ne sont pas dues à un cocktail hormonal de circonstances.
    Ses émotions les plus candides sont particulièrement centrées autour de sa famille, qu’iel aime profondément. Presque toutes ses décisions sont prises après avoir considéré quel plan d’action serait le plus profitable pour les siens.


    Favori de Tao Sungyee / Coqueluche du clan :
    Enfant favori de Tao Sungyee, Jun bénéficie d’un statut particulier au sein du clan.
    Tandis que les membres de sa famille officient comme de simples exécutants et deviennent les mains du patriarche, Jun s’est vue offrir l’opportunité de participer à la gestion des affaires courantes.
    En exploitant ces responsabilités et ces privilèges, iel tâche de se faire l’artisane du bonheur de chacun. Ayant toujours une oreille attentive pour les siens, son rôle est principalement de servir d’interface entre le patriarche et les différents membres du clan, quitte à arrondir les angles au besoin. Afin de protéger sa famille du tempérament de leur vénérable grand-père, c’est sans hésitation que Jun use (ou abuse) de l’affection qui lui est témoignée.

    A bien des égards, Jun et Tao ne sont pas si différents.
    Jun tient beaucoup de ses petites manies de son grand-père. La posture quiète et figée qu’iel adopte au quotidien lui vient d’ailleurs de ces longues heures passées en compagnie du vieil homme (qui lui-même ne se met que rarement debout), à n’attendre qu’un mot de sa part pour transmettre ses ordres en filant tel l’éclair.

    Jun a toujours été très proche de son grand-père, et le vieux Tao valorise sa compagnie, son intelligence et ses humeurs qui sont toujours tellement en phase avec les siennes.
    Siégeant à ses côtés, Jun a acquis un savoir considérable au fil du temps. Bien que son rôle de conseillère n’ait rien d’officiel, sa compréhension de l’équilibre diplomatique de West Blue est bien réelle, et iel est tenue informée des mouvements de trésorerie et des affaires internes du clan.
    Seulement âgée de 16 ans à l'époque, ses suggestions contribuaient déjà à ce que les rouages clandestins du Pays des Fleurs tournent avec une régularité de métronome.
    Dans l’esprit de chacun, il semblait évident que le patriarche ferait de Jun Sungyee son successeur. Leurs valeurs mêmes sont similaires. Bien qu’ils ne l’expriment pas de la même manière, tous deux sont également très pragmatiques et placent les intérêts familiaux avant toute autre chose. La seule différence tient peut-être au fait que le patriarche veille sur le clan dans sa globalité, là où Jun priorise le bien-être personnel de chacun.


    Tempérament :
    Parmi les siens, iel est comme un poisson dans l’eau. A l’aise avec tout le monde et en toute circonstance. Son tempérament onctueux, son côté minutieux et son souci du bien-être de chacun ont fait de Jun un individu très aimé, et un rouage presqu’indispensable au bon fonctionnement du clan Sungyee.

    En dehors du cercle familial, toutefois, Jun troque sa piété filiale contre une casquette de mercanti (une marchande ou une contrebandière plus ou moins frauduleuse). Libérée de ses responsabilités envers les siens, iel allie le pragmatisme à la justice.
    Loin des rêveurs aux grands idéaux, iel considère qu’un petit bonheur immédiat vaut mieux qu’une félicité lointaine et incertaine. Jun vit dans le présent, et c’est maintenant qu’iel veut le meilleur pour les siens.
    De fait, iel est incapable de s’aligner sur ces idéalistes qui s’imposent privations et souffrances au nom d’une cause lointaine, et si Jun admire de loin la brillance de leurs convictions, iel déplore également leur trop grande naïveté.

    On pourrait croire qu’en-dehors de sa famille, Jun n’a d’intérêt pour rien ni personne, mais c’est complètement faux. De nature avenante et curieuse de tout, iel valorise les joies simples et les petits riens qui viennent rythmer la vie de chacun. De fait, la mercanti ne pardonne pas facilement à ceux qui se permettent de rompre la douce harmonie du quotidien. Les pirates aux mœurs trop égoïstes, les marines à l’âme trop zélée et les révolutionnaires aux cœurs trop glacés, toutes ces crapules qui ne s’inquiètent pas des petites gens qu’ils piétinent pour parvenir à leurs fins ont tôt fait de s’attirer son courroux.

    Son moyen d’action privilégié est la dénonciation (ainsi, il n’est pas rare que les factionnaires les plus barbares soient livrés en pâture à leurs ennemis).
    Dans un souci d’efficacité, Jun voit rarement la nécessité d’agir par elle-même : dans un monde qui n’est rien moins qu’un véritable nid de requins, la mercanti sait comment manoeuvrer et échauffer les esprits pour que ces prédateurs s’entredévorent.
    Toutefois, c’est encore quand iel cesse de se tourner les pouces que Jun Sungyee est la plus terrifiante. Sur l’échiquier du triomphe, Jun considère sa propre vie comme un simple pion. Pour mettre en œuvre une tactique qu’iel sait gagnante, la mercanti ne s’inquiète d’aucun danger.
    Ses plans sont méticuleux, sournois et impitoyables, visant à dépouiller l’adversaire de chacun de ses atouts, à le forcer dans une situation sans aucun espoir de victoire, à le noyer dans une misère crasse avant de lui infliger le coup de grâce.
    Face à un ennemi, le combat à la loyale ne fait pas partie de son vocabulaire.
    Iel ne néglige aucun détail quand vient l’heure du châtiment.


    Transitions :
    Ses transitions ont certaines influences sur son organisme.
    En tant qu’homme, Jun est naturellement plus grand et plus lourd.
    Pour des raisons qu’il ne saurait expliquer, il se découvre aussi plus réservé, secret et austère qu’à l’accoutumée. Jun bascule sur cette version de lui-même quand il cherche à juguler une émotion trop poignante ou à supporter la douleur physique. Pris par surprise ou soudainement attaqué, ses réflexes le font plus naturellement pencher vers l’homme que vers la femme. Son style de combat se fait alors plus défensif, patient et mesuré.  
    Ses yeux sont d’un bleu un peu plus terne et ses cheveux foncent jusqu’au noir.

    En tant que femme, Jun est plus petite et sensiblement plus légère (principalement en raison de la perte de masse osseuse). Ses sens sont légèrement plus affutés (elle voit des couleurs plus vives et entend les sons plus distinctement).
    Pour des raisons que Jun ne saurait expliquer, cette version d’elle-même est un peu plus agressive, franche et joviale. Cette transition facilite également sa prise d’initiatives, Jun est souvent davantage une femme qu’un homme quand elle se décide à passer à l’offensive.
    Ses yeux sont d’un bleu un peu plus vif et ses cheveux s’éclaircissent jusqu’au roux.

    (*hrp : ces différences sont principalement dues au cocktail d’hormones spécifiques qui entrent en jeu lorsque Jun transitionne d’un sexe à l’autre. La base scientifique étayant ces distinctions est très faible et il n’y a ici aucun jugement de valeur “volontaire” de ma part. Ces choix narratifs servent simplement à poser le personnage, et seront amenés à évoluer puis à se nuancer au fil des RPs. Ceci dit, certaines hormones affectent réellement l’éclaircissement de la couleur des cheveux.)


    technique

    • style de combat ;



    Arts martiaux – Vitesse fulgurante — Instabilité hormonale (adrénaline) — Pertes de contrôle — Armes occasionnelles (bô, tonfas, fouet à neuf sections).

    Jun maîtrise une sélection d’arts martiaux du pays des fleurs. Iel est — entre autres — une initiée du “Style des Huit Poings”, qui, malheureusement, éprouve de grandes difficultés à en assimiler les subtilités.

    Le problème est chimique.
    En raison de sa constitution particulière, Jun manque de l’équilibre lui permettant de maîtriser les aspects les plus techniques de son art, et pour cause… l’approche du combat dérègle complètement sa balance hormonale (et plus concrètement : sa sécrétion d’adrénaline).
    En situation de crise, Jun est pareille à un trait de foudre. Incontrôlable, iel manque de la précision et de la clarté d’esprit nécessaire pour exploiter la pleine puissance des arcanes qu’on lui a enseignées.

    Cependant, qu’on ne s’y trompe pas, bien qu’imparfaite techniquement : Jun est redoutable. Perçue comme l’une des héritières les plus habiles du clan Sungyee, juste derrière Feng, sa sœur aînée.  
    Sa célérité est virtuellement sans égale ; si Jun est de l’immobilité proverbiale d’une montagne en temps normal, iel frappe avec l'instantanéité de l’éclair dès lors qu’il y a combat.
    Face à des assauts qu’on peine à voir à l'œil nu, débridés par l’adrénaline, sa défaillance technique est un problème dont seuls les vétérans peuvent tirer parti, qu’iel contourne en déployant des trésors d’astuce et d’adaptabilité. Homme ou femme, sous-estimer Jun Sungyee, c’est s’assurer que l’affrontement s’achève à peine eut-il commencé.

    Armement : Iel pratique également le bô, les tonfas et le fouet à neuf sections. Conformément à sa nature bienveillante, il s’agit principalement d’armes ayant moins vocation de tuer que de maîtriser l’adversaire.

    Blessures : Le dos de Jun est creusé de deux atroces cicatrices. En forme de paumes, elles sont presque semblables à deux mains gigantesques qui se refermeraient sur ses épaules et ses omoplates, pour les broyer.
    En combat, l’adrénaline lui permet d’ignorer la souffrance, toutefois plus l’affrontement va durer, plus sévère sera le contrecoup après l’effort. Inflammations, poussées de fièvre, douleurs osseuses crucifiantes : la rébellion a un prix, et Jun ne regrette pas de devoir payer celui-ci.  

    Alchimie interne : La célérité de Jun repose sur un délicat équilibre entre les substances qu'iel sécrète pour lui permettre de supporter ses blessures. De fait, ses performances vont graduellement s'accroître au cours du combat, à mesure que l'effort malmène ses épaules et que son organisme tâche de compenser. Cependant, ces drogues corporelles vont progressivement rogner sur sa faculté de penser avec clarté.
    Parvenue au point de rupture, Jun n'est plus mue que par l'instinct.
    Ces inconvénients sont la raison pour laquelle iel planifie soigneusement ses combats, et s'assure de ne s'engager que dans des escarmouches éclairs, qui ménageront son corps et sa santé.

    • métier ;

    Mercanti (Contrebandière/Marchande)

    • voie ou trait de combat ;

    Caractéristique surhumaine : Mobilité

    • fruit du démon ;

    Horu Horu no Mi (Fruit des Hormones, 30%)

    • mangé depuis combien de temps ;

    Très tôt dans son enfance, donc plus de vingt ans

    • maîtrise du fruit ;

    4/10, Jun a grandi en développant naturellement certains aspects de son pouvoir. Altérer son organisme de façon à transitionner aisément de l’homme vers la femme (et vice-versa), tout comme ajuster sa production hormonale pour maîtriser ses émotions sont deux capacités que Jun a acquises alors même qu’iel apprenait encore à parler et à marcher.
    Toutefois, d’autres aspects de son pouvoir lui demeurent une réelle terra incognita.

    Il devrait théoriquement lui être possible de manipuler la production hormonale des individus qu’iel touche, d’une façon ou d’une autre, mais c’est une possibilité que Jun trouve terrifiante. Infecter autrui avec ces “fausses émotions”, se permettre d’altérer leur métabolisme… iel est incapable de s’y résoudre.
    Il n’existe qu’une seule exception : après avoir constaté que son pouvoir pouvait amener les favorites de son grand-père à plus de sérénité, et apaiser les souffrances de l’accouchement, Jun a aidé plusieurs de ses “belles-mères” à mettre au monde leurs enfants. Iel est une sage-femme confirmée.

    Autrement, Jun manque des connaissances (médicales ou biologiques) et de l’expérience suffisantes pour produire des hormones afin de se soigner, de se rendre plus forte ou de stimuler ses fonctions corporelles pour tendre vers le surhumain : seules ses transitions d’un sexe à l’autre s’opèrent de manière naturelle et instinctive.
    (Bien qu’avantageux, le bombardement d’adrénaline que subit son organisme en situation de combat reste le signe d’un manque de contrôle et de maturité dans l’exercice de ses pouvoirs.)

    Un impact des hormones sur la santé : Bien que ce ne soit rien de très impressionnant, l’alchimie interne de Jun lui permet de bénéficier d’un métabolisme optimisé. En conséquence, sa digestion est peut-être un peu plus rapide que la normale, mais elle lui assure une santé de fer et beaucoup d’énergie à dépenser.
    Sa peau est naturellement chaude et son organisme résiste plus aisément aux températures froides comme aux maladies. Son bilan sanguin est d’ailleurs excellent, ses os sont solides, et son cœur ronronne comme un vrai petit moteur.
    En règle générale, Jun apparaît presque toujours au mieux de sa forme, continuellement fraîche et pimpante, et ce, même avant la tasse du café du matin, ou après une nuit passée à ripailler. Iel ne grossit d'ailleurs pas facilement, et il y a de quoi se sentir jaloux à la regarder s'empiffrer...


    • description du fruit ;

    “Le Horu Horu no Mi permet à celui qui le mange de sécréter des hormones et de les injecter à n’importe quel être vivant, y compris lui-même. L’effet des hormones varie grandement selon leur nature. Par exemple plus d’adrénaline pour augmenter la combativité ou plus d’œstrogène pour transformer physiquement un homme en femme.”


    • inventaire de départ ;



    — Costume traditionnel du pays des fleurs, un peu flottant, pour s’adapter aux changements de la morphologie de Jun lors de ses transitions. Rouge vif et très voyant, cet uniforme est à l’origine de son surnom (en combat, un œil peu aguerri ne perçoit de ses mouvements qu’une succession de reptations écarlates : évoquant le serpent).
    — Un sac de marin qu’on porte négligemment sur l’épaule, contenant une sélection de marchandises exotiques qu’iel entend vendre aux locaux, mais aussi un boulier et de quoi écrire.
    — Un bonsaï d’érable palmé, prélevé sur le territoire visité lors de son dernier voyage. Si les conditions s’y prêtent, Jun compte le planter et l’échanger avec un autre arbuste local lors de sa prochaine escale.  
    — Une gourde de lait de coco.
    — Un carnet de haïkus mélancoliques ayant appartenu à sa sœur. Jun espère que sa plume est devenue plus radieuse après son départ (et sa bouche se tord d’un sourire espiègle, tandis qu’iel se rappelle Feng lui parler en long, en large et en travers de sa fascination pour les yeux d'Irina).
    — Deux pierres de go, l’une blanche, l’autre noire, dont Jun apprécie la texture (il s’agit d’un souvenir de la toute première partie qu’iel a gagnée contre son grand-père).
    — Normalement : un escargophone, mais malheureusement, le dernier spécimen a trouvé l’amour lors de leur toute dernière escale à East Blue. Bien trop sentimentale pour séparer l’animal de sa dulcinée, Jun doit se résoudre à en acheter un nouveau (...faisant contre mauvaise fortune bon coeur, iel les a surnommés d’après “un certain autre couple de sa connaissance”, et a beaucoup ri).

    • idée de l'évolution du personnage ;

    Jun est fascinée par les idéalistes, et devrait pouvoir accompagner et seconder la plupart d’entre eux, qu’ils s’agissent de soldats de la marine, de révolutionnaires ou même de pirates bienveillants.
    Peut-être que l’un de ces esprits libres saura lea convaincre de s’engager définitivement à leurs côtés (mais vaincre ses réticences ne sera pas aisé).

    Il est également possible qu’iel cède à ses penchants les plus obscurs pour le contrôle, et s’engage sur un chemin réprouvé de tous, faisant corps avec les institutions égoïstes du gouvernement mondial. Jun pourrait viser à devenir un rouage du système dans le but d’atténuer les souffrances qu’il inflige aux minorités (briguer une position de pouvoir via Cypher Pol, d’autres organisations clandestines, ou toute autre option permettant de grapiller l’autorité des Dragons Célestes), quitte à imposer au monde ce qui n’est rien de plus qu’une illusion de liberté.

    En terme de combat, il est envisageable qu’iel fasse l’acquisition d’armes et objets ayant mangé un fruit du démon, tels que le “bâton-du-poulpe-multi-sections”, l’“ombrelle-sautillante-de-la-grenouille” ou la “théière-trompeuse-de-l’éléphant”. Voire tout simplement des tonfas en granit marin. Tout dépendra de comment se passent les différents affrontements auxquels iel participe, et du besoin que j'éprouve à renouveler ou développer son style de combat.

    (Pour finir, après rédaction de son histoire, je découvre à mon personnage un certain penchant pour la stratégie et la planification à long terme. Il y a fort à parier qu'une fois livrée à elle-même, Jun commence à rechercher une position d'autorité, à s'installer quelque part pour faire fructifier ses moyens et son influence.
    J'ai dans l'idée de lui donner une position intermédiaire dans une guilde marchande de ma conception, et d'avoir des RPs axés sur les différents projets de Jun, qu'il s'agisse de commerce, de diplomatie ou de développement d'infrastructures qui profitent à la population. Iel a tendance à voir les choses en grand.

    Et un peu plus tard, il est fort probable que Jun revienne au pays des fleurs... pour déposer son grand-père et s'emparer du clan Sungyee. Sans pour autant lui faire de mal : déposséder le patriarche de l'œuvre de sa vie puis le faire siéger à ses côtés, la tête basse en signe de soumission, représenterait le plus doux des triomphes pour Jun Sungyee.)

    histoire


    (Postée plus bas ~)

    Je suis Virevolte (il).
    D'origine réunionnaise, habitué à marcher pieds nus (ou en savates), mais profondément casanier. Je voue un culte à la sainte trinité du pepsi max / café / chocolat, et mieux vaut ne pas trop s'inquiéter du genre de liquide bourbeux qui me coule dans les veines.
    Que dire d'autre ? J'ai un peu tendance à chercher à faire des blagues tout le temps. Les réactions de mes proches vont du rire à la consternation (selon un ratio de 30% rire, 70% consternation... et j'avoue que c'est un dosage qui me donne satisfaction =p).

    En ce qui concerne l'écriture, je suis du genre stressé et perfectionniste.
    J'aime beaucoup discuter du sujet (j'organise d'ailleurs des réunions d'écriture tous les week-end, où on commente et critique nos textes respectifs, avec méthode et bienveillance).

    Du côté du jeu de rôle, je mène des parties depuis très longtemps, et c'est ce que je préfère faire désormais. J'improvise absolument tout (j'ai quelques années d'improvisation théâtrale sous le coude), et je choisis en général des jeux qui permettent la narration partagée.
    Mon motto sur les forums RP, c'est de faire tout ce qui m'amuse d'abord, puis de réfléchir aux moyens de parvenir au résultat qui m'intéresse ensuite. >>

    Ceci dit, je suis loin d'être un vétéran de l'écriture à plusieurs mains et je me pose souvent beaucoup de questions sur le sujet. Ne soyez pas trop surpris si je viens en discuter. J'aime bien parler des thèmes que j'explore, des objectifs que je poursuis, ou des choses qui pourraient m'inquiéter.
    En bref, je crois aux vertus de la communication =p

    (Et je suis plutôt bavard, mais je pense que vous l'aviez déjà remarqué ! o/)
    Jun Sungyee
    Jun Sungyee
    Messages : 16
    Dorikis : 154
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    statistiques
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    La vipère rouge : Jun Sungyee

    Mar 19 Juil 2022 - 11:45

    histoire



    Liens de sang et de soie.
    Feng (13 ans), Jun (11 ans)

    Ses cheveux roussissent, comme s’ils s’étaient soudainement enflammés.
    Ses yeux pétillent de bonheur. Feng est rentrée ! Cette pensée coule comme de l’eau fraîche, elle vibrionne d’une voix claire dans son esprit.

    L’enfant file à travers les corridors.
    Vite, vite, viteuh ! Sans cesser de courir, Jun tente d’aplatir sa chevelure en bataille.
    Roh là là, on dirait un porc-épic. En toute hâte, elle se tricote une tresse pour masquer l’ampleur du désastre.
    Allez, ça fera l’affaire ! Se faufilant d’une glissade entre les jambes du cousin Ren, elle ajuste grossièrement son hanfu dont le motif représente un tigre bondissant (et re-fripe aussitôt ses vêtements en slalomant entre les genoux du cousin Men).
    Les deux hommes ont à peine le temps de dire un mot qu’elle est déjà loin. Ses ballerines fusent sur le plancher. Tout autour d’elle, les arches de bois laqué défilent dans un océan de rouge confus, sa course est si leste que ses yeux sont incapables de suivre la cadence.
    Euh… à droite ou à gauche ? Incertaine, l’enfant patine sur place pour ralentir un peu. Sa natte voltige dans tous les sens tandis qu’elle guette un accès aux escaliers.
    Oh, et puis zut.
    Tel un petit chat sautillant, elle jaillit par-dessus la rambarde, se rattrape en tourbillonnant au torii, puis se laisse glisser le long du pylône. Oncle Yoji – qui monte la garde devant le portail – est habitué à ses frasques ; il la réceptionne d’une main avant qu’elle ne fracasse son petit derrière sur les pavés, puis la relance en direction de la cour extérieure.
    — Merci ! braille-t-elle tandis que ses soieries se déploient en bannières élégantes à travers les airs. La chute est un peu rude, mais c’est littéralement à quatre pattes que Jun reprend sa course. Elle est un petit éclair roux à la trajectoire en zigzag, que les membres du clan esquivent avec une nonchalance consommée.

    Devant l’entrée, elle surprend sa sœur qui rentre finalement à la maison.
    Sautillant sur place, Jun frétille comme le goujon. Cela fait déjà six mois depuis la dernière fois qu’elles se sont vues, et même lorsqu’elles résident toutes les deux au manoir familial, rares sont ces instants volés qu’elle parvient à passer avec Feng.
    Contrairement à elle, sa sœur ne jouit que de peu de libertés : on lui dispense des entraînements assidus, des leçons de tactique, de cartographie… et tout plein d’autres sermons à la noix ! Jun le sait bien, car elle espionne la formation de son aînée en cachette.
    D’ailleurs, ces professeurs ne sont pas très gentils avec Feng, ce qui ne lui plaît pas beaucoup. Plus d’une fois, la petite rousse a jailli d’un buisson (ou bondi du toit de la pagode) et mordu le cuissot du maître qui profitait de l’entraînement pour maltraiter sa grande-sœur !

    A une seule reprise seulement, un instructeur a osé la punir pour son comportement.
    Un incident qui a changé pour toujours la façon dont le clan considérait Jun Sungyee… car ce jour-là, son grand-père lui a doucement soulevé le menton du bout de son auriculaire pour lui demander comment elle s’était blessée.
    Elle n’avait pas caché la vérité, et en guise de rétribution, le vieil homme avait rendu sa gifle au professeur. Mais celui-ci ne s’était jamais relevé, les os de sa nuque avaient éclaté avec un bruit semblable à ces feux d’artifice qui font rugir le ciel quand on célèbre le jour du tigre.

    Son papy avait alors baissé les yeux vers elle, avec un sourire réconfortant, pour lui promettre qu’il ne laisserait jamais rien ni personne lui faire du mal.
    Jun se rappelle le silence glacé. Sa famille toute entière, prosternée dans le hall d’audience, contemplait la scène avec une angoisse palpable. Comme si quelque chose se jouait à cet instant, une intuition nébuleuse lui fit comprendre que si elle laissait la peur la gagner, ou se mettait à pleurer… alors son univers risquait de basculer à tout jamais.

    C’est pourquoi, se laissant gagner par l’affection sincère du vieil homme…
    …Jun lui avait retourné son sourire.

    Et avec toute la candeur de son jeune cœur,
    En enjambant le corps désarticulé du professeur,
    Elle s’était jetée au cou de son grand-père chéri.

    Pour savourer l’étreinte protectrice qui lui était promise,
    Et gazouiller, aux prises avec sa barbe grise,
    “Merci papy !”


    …plus jamais le clan Sungyee n’avait osé, ne serait-ce que l’effleurer.
    Plutôt que de défier ses caprices, ils avaient simplement choisi d’emmener Feng ailleurs.
    Le plus loin possible d’elle.

    Comme un poisson-lune, l’adolescente gonfle les joues. Ce souvenir la met franchement en rogne. Le monde semble peuplé d’oncles et de cousins jaloux qui veulent lui voler sa grande-soeur… et ses quenottes seules sont impuissantes à tous les arrêter (ce n’est pourtant pas faute de mordre les gens pour essayer).

    Mais aujourd’hui, Feng est de retour.
    Et la silhouette tant aimée se précise en haut des marches.
    La petite rousse trépigne d’excitation, une chaleur douce fait trembler son cœur…
    …son cœur qui semble s’arrêter face à la créature qui émerge sous le soleil.

    Jun a une hésitation. Un doute fait trembler l’azur de ses yeux.
    Un frisson la paralyse, non, ce n’est pas ce qu’elle espérait voir.
    Elle ne reconnaît pas cette chose exsangue, aux loques souillées par la crasse, le sang et la sueur.
    Le ravissement s’éteint. Son sourire se fane sur ses lèvres.
    Les mots deviennent cendres dans sa bouche. Cette vision la frappe…
    …plus fort qu’on ne l’a jamais frappée.

    Ce spectre émacié et claudiquant ne ressemble pas à la grande-sœur de ses souvenirs.
    Elle se précipite néanmoins.

    — Tu vas bien...?
    Jun ne retient pas sa main.
    Avec la délicatesse de l’hirondelle, elle lui effleure l’épaule du bout des doigts.

    La main de Feng vient brièvement toucher la sienne, comme on caresse les ailes d'un oisillon, avant de la repousser.
    La réponse de sa sœur est laconique, son mensonge flûté.
    Ses mots et sa peau sont tous deux froids, distants… mais pas glacés.

    Il y a dans sa voix un épuisement, une solitude que sa cadette ne peut pas comprendre.
    Deux sœurs : l’une est couverte de soie, l’autre est couverte de sang.
    Le regard de Feng est inexpressif… mais c’est pour deux que celui de Jun brille de douleur.

    Et tandis que l’assassin se renfonce dans les ombres, l’héritière reste seule sous le soleil. Car c’est là que sont leurs places respectives.
    Un éclair de compréhension déchirant fait jour dans son esprit.
    Le sentiment de perte lui enfonce ses griffes dans les entrailles tandis qu’elle mesure cette distance, qui s’est installée, et qui la sépare désormais de sa sœur aînée.
    Ses yeux larmoyants suivent la forme claudiquante de l'être aimé, jusqu’à ce que celle-ci soit happée par les ténèbres…
    …mais Jun refuse de sentir misérable.

    Ses cheveux noircissent.
    Son regard perd tout éclat.
    Son organisme s’adapte, réprime le chagrin, plonge dans l’introspection.

    Comment faire, s’ils te tiennent loin de moi ? Une voix nouvelle se fait l’écho de ses angoisses. Une voix plus posée, plus patiente, qui prend le temps d’étudier les choses sous différentes perspectives ; un mode de pensée austère, dont les idées prennent racines et croissent en silence sous la terre.
    Vont-ils t’emmener et te briser en secret…? s’interroge-il en tremblant, l'œil rivé sur les ombres.
    Comment puis-je empêcher ça ?
    A ce jour, il n’existe pas de réponses à ces questions.
    Le luxe dont il jouit — lui, le privilégié — est basé sur le labeur de ses frères et sœurs. Telle est la volonté de Tao Sungyee ; il y a ici un clivage qu’il ne pourra jamais combler.
    …et pourtant, Jun ne cessera jamais d’essayer.

    Sans se faire voir, le jeune garçon marche dans l’ombre de sa sœur.
    Pour cela, il emprunte les chemins de traverse. Il gravit les façades. Ses pas ont la légèreté des gouttes de pluie sur les tuiles incurvées du pavillon. Il se faufile dans la bambouseraie, jusqu’au jardin de sable où coule une eau claire. C’est ici, un peu à l’écart, que se tient l’ermitage vétuste de sa sœur aînée.
    En secret, il s’installe sur le perron… puis mêle son ombre à celles des tigres de pierre qui peuplent la forêt.

    Cette nuit encore, Jun est un simple jeu d’ombres.
    Une silhouette projetée sur le papier de la porte shoji qui cloisonne la cellule de son aînée.
    Avec la patience sereine de la pierre, il respire au rythme du vent et de la forêt.

    Il sait que s’il attend suffisamment longtemps, les haïkus de sa sœur viendront nourrir la nuit. Alors, Jun écoute ses silences, le murmure de la plume sur le parchemin… et ces mots que Feng prononce à mi-voix lui ouvrent une fenêtre précieuse sur les profondeurs de son âme.

    L’enfant se laisse porter.
    Son corps se métamorphose au rythme lancinant de la poésie. Fluant et refluant au gré de vagues d’émotions vives, tant pour partager le chagrin de sa sœur qu’essayer, si désespérément, de la comprendre.
    Pour ne pas accroître davantage la distance qui les sépare.

    ”Le Cantilène de la jeune tacticienne, Feng Sungyee:


    Les rimes ont embrasé sa chevelure comme un flambeau.
    Rouge de honte et de colère, la petite Jun serre les dents.
    Elle étouffe, mord et ravale chacun des gémissements qui remontent son oesophage. Elle contient ces pleurs qui veulent annoncer à sa sœur qu’elle se tient immobile derrière la fine cloison de papier, si confuse et si perdue qu’elle ne trouve pas d’autre solution que de la traquer et de l’écouter en secret.
    Elle musèle les élans de son cœur, qui voudrait hurler comme chacun de ces vers l’empoignent et la déchirent par leur sobre mélancolie.
    Sa colère gronde, mais c’est une colère qu’elle tourne contre elle-même.

    Ne savait-elle donc pas que le sourire des siens était toujours crispé par la peur ?
    Que le respect et l’amour qu’on lui portait était commandé par la contrainte ?
    Choisie par son grand-père pour rayonner au sommet de la pyramide du clan, elle-seule goûtait au bonheur.

    Pourquoi ne s’en était-elle jamais rendu compte ?
    Pourquoi n’avait-elle jamais rien fait pour que cela change ?
    Ses draps de soie étaient-ils si confortables pour ignorer que les siens pataugeaient dans le sang versé ?

    Cette angoisse suppurante, Jun n’a jamais rien ressenti de tel.
    Une porte longtemps fermée, celle d’une enfant seulement capable de ressentir par mimétisme, vient de s’ouvrir. C’est une douleur qui fascine autant qu’elle déchire.
    C’est ce qu’elle ne connaît pas, la saveur du véritable sentiment.
    Et c’est ainsi que souffrent les siens, sous le joug de Tao Sungyee, qui instrumentalise et qui écrase…
    …mais qui les aime aussi, pourtant.

    Trahissant sa présence, Jun renifle bruyamment.
    Elle refuse son incapacité à les protéger.
    Et ce qu’elle refuse, elle le refuse de toute la fibre de son âme.
    Le feu s’affadit, se meurt et devient cendres noires. Des mèches sombres barrent maintenant son visage. Son regard est plus calme, terne et d’acier, tandis que le jeune garçon se redresse.

    C’est de pouvoir dont il a besoin pour changer le destin.
    Pour décrocher cet avenir où ses frères et sœurs ne se lamentent pas avec pour seules confidentes les ténèbres, il ne peut plus tergiverser.

    Lui seul a accès au cœur de son grand-père.
    Alors, il doit trouver le moyen d'en prendre le contrôle : tenir ce vieux cœur dans le creux de la paume de sa main. Ses yeux deviennent froids, son sourire juvénile s’est figé. Il sait comment manœuvrer.
    D’une parole veloutée, d’un susurre sucré, d’un caprice accepté…
    …le devenir des siens peut basculer.

    Sans vergogne, il doit le manipuler.


    ***


    La cloison de papier coulisse en silence.
    Sa sœur découvre son visage délavé par les eaux du chagrin.
    Avec l’explosivité naturelle qui est la sienne, l'enfant bondit.

    Pour commencer, il serre le corps malingre de Feng entre ses bras.
    De l'histoire de Jun Sungyee, c'est le premier pas.

    Jun Sungyee
    Jun Sungyee
    Messages : 16
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    Berry : 14.500.000 ฿
    Présentation : La vipère rouge
    Techniques : Les sempiternelles mues du serpent

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    La vipère rouge : Jun Sungyee

    Sam 27 Aoû 2022 - 8:08

    histoire



    Pierres blanches et noires, (craignez)
    Tactiques feutrées sur le goban. (le sourire)
    De qui se jouer pour triompher ? (de l’araignée)

    Tao Sungyee (grand-père), Jun (12 ans)

    Recettes et déficits, la litanie des nombres est plaintive dans la bouche du trafiquant d’opium. Agenouillé sur un coussin, le dos droit, Jun écoute le plaidoyer que l’on présente au seigneur Sungyee. Le fourneau de la pipe de son grand-père crachote comme une petite cheminée. Au cours de leur entretien, le hall d’audience s’est lourdement enfumé.
    Les vêtements du jeune garçon sont désormais imprégnés de ce parfum douceâtre. Il s’est rapidement acclimaté aux vapeurs d’opium, elles ne lui font plus réellement d’effet. A cet instant même, il peut sentir dans son corps un fourmillement agréable, le signe que son organisme travaille à éliminer le poison qu’il absorbe passivement.

    L'air distrait, le vieil homme tapote négligemment le tuyau de sa pipe à opium.
    – Pourquoi ne pas jouer une partie contre mon petit-fils ? suggère Tao Sungyee avec un geste possessif pour l’enfant à ses côtés. Je repenserai notre affaire en fonction des résultats.

    En sentant le contact enveloppant de cette main sur son épaule, le jeune garçon se met à changer. Il peut sentir la volonté de son grand-père, déteindre sur son âme.
    Ses inhibitions se débloquent. La tension palpable et la nervosité de leur proie lui procurent du plaisir.
    Jun savoure la chasse. La domination. La cruauté.

    Son sourire se déroule à la manière d’un mince fil de soie.
    Le regard poli qu’il adresse à leur proie est de la douceur trompeuse de l’araignée.
    Baissant les yeux sur le garçon, le trafiquant considère la proposition. “Ce n’est qu’un enfant !” se dit-il. Un fol espoir le propulse, tel un papillon, tout droit sur la toile.

    Les pierres noires et blanches claquent sur le goban.
    Pareilles à des étoiles, elles esquissent des constellations.
    Délimitent des territoires. Simulent une guerre d’influence et de conquêtes.

    Un œil sur le plateau de jeu, le vieux Tao se lisse nonchalamment la barbe.
    Son petit-fils l’a vaincu pour la toute première fois le jour de ses douze ans.
    Par curiosité, il a donc fait mander la meilleure joueuse du pays des fleurs, et lui a ordonné de ne s’épargner aucun effort pour cultiver ce talent. Avec succès : aucun amateur n’est plus de taille face à cet enfant. Brillant avec plus de radiance qu’aucune autre pierre, il est le joyau de sa collection. Son trésor.
    – Ça suffira comme handicap, Jun.
    Le trafiquant relève un regard surpris.
    Car son jeune adversaire paraît brièvement s’illuminer de l’intérieur.
    Ses yeux ternes rayonnent désormais de l’éclat de l’azur.
    Ses cheveux s’enflamment avec la même radiance que le soleil levant.
    Son sourire, qui n’était que douceur trompeuse… révèle ses canines, et toute l’ampleur de sa sauvagerie.
    Pareille à l’éclair, la pierre blanche claque sur le goban.
    Le trafiquant, lui, ne voit plus ses mouvements, seulement une traînée de lumière.
    Comme si la jeune fille, à son tour, faisait chaque fois tomber une étoile.
    Le rythme s’accélère. Les battements de son cœur se précipitent. La pluie d’étoiles vient rompre ses frontières. Son territoire est crevassé. Il ne parvient plus à suivre la progression du jeu qui se déploie tous-azimuts, dans un chaos brutal et houleux qui perturbe ses capacités de lecture. Ses unités sont isolées, brisées, encerclées.

    En cherchant comment minimiser ses pertes, le trafiquant relève un œil fiévreux vers sa jeune adversaire. Qu’il voit exulter.
    Flamboyante. Radieuse. Impitoyable.
    Elle savoure sa résistance misérable, et sa lente descente aux enfers.
    Un frisson terrible lui parcourt l’échine.
    Quelle erreur, réalise-t-il. Au même titre que le grand-père, l’enfant est un monstre.

    Essayer de remporter la partie était une erreur.
    Sous quelque forme que ce soit, aucun affront ne serait toléré.
    Dès le départ, il n’y avait eu qu’une seule solution.
    Le trafiquant s’effondre en avant : prosterné, recroquevillé et suppliant.
    – Nous aurons de meilleurs résultats le mois prochain… je vous supplie de m’accorder un peu plus de temps.
    Tao Sungyee expire doucement, et c’est une cascade de fumée blanche qui semble rouler sur le dallage précieux, engloutissant la forme misérable du trafiquant.
    Dans le hall d’audience, le silence s’étire, suave et gluant. Écrasé sur le sol, l’homme retient son souffle, si suffoqué que ses poumons sont sur le point d’exploser.
    – Combien de coups, Jun ? demande finalement son grand-père.
    – Seize, avant qu’il ne soit forcé d’abandonner.
    – Tu as seize jours. Ne me déçois pas.
    – …oui ! Vous avez toute ma gratitude, seigneur Sungyee !

    Ren vient reconduire le marchand, l’empoignant rudement par le bras pour qu’il cesse ses courbettes et prostrations. Inutile, le patriarche ne le regarde déjà plus. Ses yeux gris acier sont rivés sur l’enfant, qui avec un sourire trahissant son euphorie, fait habilement rouler une pierre de go blanche entre ses doigts.
    Le vieil homme lui présente délicatement la paume de sa main.
    Du haut de ses 3m50, Tao Sungyee est un colosse. La seule paume de sa main est déjà presque aussi grande que le torse de sa petite-fille. Avec la gestuelle d’un petit chat, Jun vient négligemment s’installer au creux de sa paume, et se love contre son grand-père tandis qu’il ramène soigneusement sa main contre son giron.

    Jun est le dernier cadeau de sa fille la plus dévouée.
    Il avait été fou de rage d’apprendre qu’elle lui avait dissimulé sa maladie, et s’était éteinte en secret. Son amour – mais aussi sa rancune –, Tao Sungyee les avait tous deux reportés sur ses petits-enfants.
    Nul ne savait exactement comment la mère de Jun s’était procurée ce fruit du démon, et il se murmurait même que l’ayant consommé pendant sa grossesse, c’était l’enfant qui avait hérité de ses pouvoirs. Difficile de dire ce qui était vrai ou non. Elle avait été une femme habile et rompue à l’art du secret.
    Elle lui manquait.

    — C’était une belle partie, dit-il à voix basse.
    Dans son giron, la petite tigresse se redresse dans un froufrou de crinière rousse, et son minois se fend d’un sourire rayonnant. Le vieil homme effleure du pouce cette frimousse malicieuse. Sa mélancolie est telle un voile de brume glacé, qui se déchire et s’évapore au contact du soleil.

    Il y a quelque chose d’harmonieux, de fusionnel dans cette façon dont l’enfant se calque soigneusement sur ses humeurs. Nul besoin de menaces ou de contraintes, de faveurs ou d’appâts. C’est une connexion précieuse qu’il n’a jamais réussi à établir avec aucun autre de ses descendants. Jun et Tao partagent un même sang, un même esprit.
    Elle est l’extension de sa volonté.
    – Est-ce qu’il y a quelque chose qui te ferait plaisir, petite tigresse ?
    – Tu veux faire une partie avec moi, papy ? répond-t-elle en tirant la langue.
    – Haha ! Epargne un peu ton vieux grand-père. N’y a-t-il rien d’autre ?
    La petite rouquine affiche une moue pensive, avant de mentionner, avec une pointe d’hésitation.
    – Des feux d’artifices…
    – Oui ? l’encourage-t-il.
    – Pour le jour du tigre… je voudrais de grands feux d’artifices !
    Le vieil homme éclate de rire.
    – KA-KA-KA ! Tu les auras ! Cette année, les festivités du clan Sungyee seront si grandioses qu’elles feront pâlir d’envie Kanokuni tout entier ! On en parlera encore dans les dix prochaines années !

    L’enfant dissimule son sourire en lame de couteau.
    La charge de travail serait copieuse, les officiers du clan n’allaient pas aimer ça.
    Forcés de superviser ces préparatifs impromptus, la main-d'œuvre allait leur manquer.
    Et les instructeurs de Feng seraient nécessairement réquisitionnés.

    D’ici le jour du tigre, voilà qui devrait lui laisser deux mois pour se reposer.
    C’est si peu… et pourtant, c’est tout ce que je peux faire pour toi, grande-sœur.

    Alors qu’elle ferme les yeux, Jun se console de cette pensée, qui lui est douce comme de la soie.

    Jun Sungyee
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    Sam 27 Aoû 2022 - 8:09

    histoire



    La confidence.
    Feng (15 ans), Jun (13 ans)

    A la lueur des étoiles, Feng lui a confié son secret.
    Elle lui a dévoilé cette flamme récente, qui ramène un peu de chaleur dans son corps transi. Cet amour, qui est la seule chose – peut-être – que le clan n’a pas su lui arracher.

    Le jeune garçon se sent honoré de sa confiance.
    Ses longs doigts, qui ont la douceur de l’étoffe, viennent se lier à ceux de sa sœur aînée. Cette main si rude et si calleuse ne semble pas faite pour les caresses… mais Jun est comblé de constater qu’il n’est plus le seul à la savoir digne d’être aimée.

    La lune pose un regard bienveillant sur ce tableau, et le jeune garçon grave ce moment dans son cœur, il mesure l’importance de cette confidence.
    Il comprend le courage et la force qu’elle puise dans cet amour, mais aussi que c’est ce qui pourrait le plus aisément la détruire. Silencieusement, en écoutant sa sœur lui parler avec une tendresse qui vient du cœur, il fait le serment de protéger ce secret.

    Après cette promesse solennelle, le jeune garçon redevient une adolescente aux yeux brillants, qui presse sa grande-soeur de lui parler davantage de son amoureuse. Savourant chaque seconde de cet instant où le visage de Feng s’éclaire timidement d’un sourire.  
    Le sourire que le clan Sungyee lui avait dérobé.
    Celui-là même que Jun n’avait pas su lui ramener.
    Irina le lui avait rendu.

    Et sa petite-soeur lui serait toujours reconnaissante pour cela.

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    Sam 27 Aoû 2022 - 8:10

    histoire



    Le serment.
    Jun (de 13 à 16 ans)

    Aux pieds du tigre de pierre, l’attend un carnet.
    Légèrement abîmé par les intempéries, il ne contient rien qui sorte de l’ordinaire, aucun message qui pourrait trahir les intentions de son auteur. Ses pages sont simplement noircies d’une prose mélancolique.
    Jun effleure du bout des doigts le papier gondolé.
    Il ne lui en faut pas davantage pour comprendre.

    Feng est partie, et ne reviendra plus.

    Le petite tigresse se recroqueville contre le précieux carnet.
    Ses membres se crispent. Son âme paraît trembler.
    Le sentiment de perte est doux-amer…
    …mais sa résolution, elle, demeure inébranlable.

    Il est temps de tenir son serment.
    Immobile au milieu des fauves pétrifiés, elle considère la situation.
    Quelles sont les chances pour que deux adolescentes, esseulées sur West Blue, parviennent à échapper aux frégates armées du clan Sungyee ? Jun ne sous-estime ni sa sœur, ni celle qui a su conquérir son cœur, mais la mer a ses propres règles… et ses propres dangers.
    Quand il est question de manœuvres navales, il est des menaces qu’on ne surclasse pas aisément par la seule ingéniosité.
    Comment vont-elles semer leurs poursuivants ?

    Se sont-elles faites accepter à bord d’un navire de passage ? Si c’est le cas, ont-elles laissé une piste et des témoins ? Se sont-elles procurées une petite embarcation pour fuir incognito ? Elles seraient alors à la merci des vents. Leur itinéraire saura-t-il confondre d’éventuels traqueurs ? Sont-elles montées clandestinement à bord d’un convoi de marchandises ? Voilà qui devrait brouiller les pistes, mais la pratique n’est pas sans danger : les marins de West Blue ne sont pas des enfants de chœur.  
    Les premières semaines seront les plus importantes.
    Feng et Irina auront besoin de tout le temps qu’on pourra leur faire gagner.

    De retour au manoir familial, Jun a raffermi sa volonté.
    Pour tromper la vigilance des siens, pour ne pas donner l’alerte, elle fait comme si la tueuse du clan Sungyee n’était jamais partie.
    La cible de Feng est assassinée le soir même.
    Tremblante et suffoquée, Jun passe toute la nuit à pleurer.
    C’est la première fois qu’elle tue de ses mains.

    …mais cette première mesure n’est que temporaire, il ne sera pas possible de cacher longtemps son évasion. C’est pourquoi, le moment venu, Jun s’inquiète tout haut de sa disparition, avec l’innocence de l’enfant qui craint pour le devenir de sa sœur.
    Jun confronte sa ruse à celle des adultes. Elle s’informe des recherches, des moyens mis en œuvre pour retrouver la fuyarde, et compose l’inventaire mental des actions à entreprendre pour faire dérailler leurs poursuites.

    Rapidement, elle prend la mesure de tout ce qui lui manque.
    Est-ce en raison de ses pouvoirs ? Parce que plus que jamais, elle a besoin d’autorité ?
    Au cours des mois qui suivent, son corps parvient à maturité. Sa métamorphose est complète et étourdissante. Pareille à une fleur qui s’épanouit, Jun se dépouille de ses atours enfantins. Sa présence se magnifie, et n’est bientôt plus de celles qu’on peut se permettre ignorer.
    Son influence croît, elle s’implique plus que jamais dans les affaires internes du clan.

    L’intelligence qu’elle maintenait sagement dans le fourreau de l’enfance est pleinement dégainée. De cette lame lumineuse, Jun terrasse ses rivales, et démontre clairement qu’elle est sans égale parmi la jeune génération. Diplomatie, intimidation et commerce, la jeune femme prouve sa maîtrise des rouages de la pègre et son utilité. Au terme d’une ascension fulgurante, elle décroche une charge d’officier et siège officiellement au conseil.

    Son sabre ayant prouvé son tranchant, celui-ci est remisé dans son fourreau, et enveloppé de soie. Jun arbore sa nouvelle autorité avec le sourire.
    Mais dans l’ombre, elle abuse de son influence nouvelle.
    Elle plante des fausses pistes, envoie des messages, manipule le vraisemblable et le possible, et floute les traces que laissent les fugueuses dans West Blue. Les mensonges coulent de ses lèvres. Ils deviennent rivières, ils deviennent torrents, et entraînent le clan dans leurs sillons.

    Dans une effervescence constante, ses plans prennent forme dans le secret de la nuit. La carte étalée sur le tatami : West Blue devient son plateau de jeu. Les effectifs du clan, leurs ressources et leurs actions sont autant de pions qui roulent entre ses doigts.
    Jamais son cerveau n’a fonctionné ainsi.
    Chaque manœuvre, chaque décision résonne comme la pierre blanche claque sur le goban. La sensation est grisante.
    Le jeu commence.

    Clac ! 6 - 8, atari.
    Quelle pression supplémentaire pèserait sur les frégates d’escorte du clan Sungyee si Jun devait inaugurer de nouveaux échanges commerciaux avec Toroa ? C’est autant de main-d'œuvre qu’il est possible de divertir des recherches. (Ses négociations épistolaires avec les dirigeants de la Ville des Miroirs s’annoncent prometteuses. Le projet semble lucratif et devrait satisfaire le patriarche.)

    4 - 10, sente.
    Yeon Kafay est un acteur majeur de la pègre du Pays des Fleurs… mais l’homme est ambitieux, il ne faudrait pas grand chose pour le pousser à l’erreur. Quelles conséquences pour le clan, s’il venait à perdre les faveurs de leur grand-père ? (Approvisionnement en opium insuffisants ? Flux des ressources à faire diverger.)

    Autour du goban qu’elle visualise dans son esprit, les adversaires fantômes se multiplient.
    Les séquences deviennent complexes. L’adrénaline fait pétiller son cerveau.
    Ce challenge intellectuel stimule tant son intellect que ses instincts.
    Jun réalise, étrenne et savoure la découverte de son plus grand talent.

    7 - 3, hamete.
    Un message opportun à Nal Hutta pourrait informer le monde clandestin du trouble qui agite actuellement le clan Sungyee, quitte à forcer le trait. Voilà qui devrait détourner l'attention du patriarche de la fugue de sa petite-fille, au moins le temps de faire comprendre que son autorité demeure inattaquable. (C’est une manœuvre dangereuse : les opportunistes et les imbéciles qui risquent de se présenter aux portes de kanokuni pourraient bien mettre le feu aux poudres. Quels sont les risques pour que ce conflit dégénère en guerre ouverte ?)

    9 - 6, tesuji.
    Faire courir un faux signalement dans le Royaume d’Illisya, célèbre pour son orfèvrerie, stipulant qu’un couple de fugitives a essayé d’y revendre un trésor du clan. Ce bijou retrouvé chez le priseur porte effectivement la marque du clan Sungyee (...et pour cause, Jun s’est arrangée pour subtiliser, puis faire simuler la vente du joyau par des locaux). La présence récente de la marine dans l’Archipel de l'Éclat présente des avantages, et devrait empêcher des recherches de trop grande ampleur.
    (Le fait d’avoir une piste plausible devrait également détourner l'attention du clan.)

    Une hésitation fait trembler sa main.
    Ses séquences ne sont-elles pas trop offensives ?
    Jun joue comme si elle était certaine de sa victoire, grisée par les enchaînements des causes et des effets qu’elle conjure dans son esprit, convaincue d’être sans rivale.
    …mais c’est une partie qu’elle entend faire durer sur des années.

    ...ne soyons pas trop orgueilleuse.
    D’autres ont joué à ce jeu-là plus longtemps que moi.


    ...10 - 3, semeai.
    La tacticienne étudie les forces et l’implantation de la marine en West Blue, s’informe des mouvements de troupes, et de la présence prochaine du commandant Marsh. Elle élabore une, puis plusieurs solutions de repli. (Comment appâter la marine ? Considérer le moyen de leur présenter des gains à la hauteur du danger. Cette manœuvre d’urgence ne pourra servir qu’une fois.)

    4 - 8, seki.
    Après investigation, elle rédige une note contenant des instructions à faire passer à tante Ming, l’une des principales voix du cercle des favorites de son grand-père. C’est un risque calculé. (Reconnaissante pour l’aide fournie lors de l’accouchement de son dernier enfant, cette dernière pourrait la seconder dans ses préparatifs, si elle devait se retrouver acculée, plus tard dans la partie.)

    L’arbre des possibles de Jun bourgeonne, et débute sa floraison.
    La voie qui mène au futur qu’elle convoite lui semble se dégager.
    Un futur qui concrétise ses désirs enfouis. Un avenir manufacturé pour correspondre à ses attentes, et à sa vision.
    Que penserait Feng en la voyant ? La ressemblance est par trop frappante.
    Dans cet accès de fièvre qui la tient éveillée, face au goban, usant de chaque pion comme on contrôle les destinées, Jun Sungyee est un monstre à l’image de son grand-père.

    Le jeu continue. Pendant deux longues années.
    Ses adversaires sont impuissants à l’arrêter.

    ”Lexique du jeu de go”:

    Jun Sungyee
    Jun Sungyee
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    Berry : 14.500.000 ฿
    Présentation : La vipère rouge
    Techniques : Les sempiternelles mues du serpent

    statistiques
    Muscles:
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    La vipère rouge : Jun Sungyee

    Sam 27 Aoû 2022 - 8:13

    histoire



    La déchirure.
    Tao Sungyee (grand-père), Jun (16 ans)

    Aurait-il dû chercher à s’enfuir…?
    Non, il n’était pas comme Feng.
    Sa vie à lui était ici.


    Alangui le long de la balustrade qui donne sur la cour intérieure, Jun contemple ces quotidiens qui suivent leur cours.

    Aux portes du domaine, les soldats du clan participent au déchargement des marchandises. L’un d’eux est d’ailleurs particulièrement violent avec ces pauvres caisses. Je sais bien que ces corvées t’agacent, mais vas-y doucement avec le fret, Men... Vivres, produits de luxe et curiosités venues de tout West Blue sont acheminés dans les entrepôts (et dans ses quartiers). Tiens, est-ce qu’il vient de me chiper ma broche en jade ? Le regard de Jun pétille d’intérêt. Ça par exemple… une fille de la capitale serait parvenue à séduire mon féroce cousin ?
    …je vais lui faire parvenir des fleurs.

    A l’orée de la forêt de bambous, c’est l’entraînement de ses jeunes cousins qui prend place. Leurs lames rutilent sous le soleil de midi. Il est un peu tôt pour qu’on leur enseigne l’épée, mon oncle. Jun s’y invite de temps à autre, pour s’assurer qu’on ne rudoie pas trop ses cadets (et pour leur faire des cadeaux). Je sais bien que vous avez certains impératifs de résultats, mais ne me forcez pas à intervenir… ma morsure est sans commune mesure avec ce qu’elle était autrefois.

    Dans le pavillon du prunier blanc, c’est derrière les paravents en papier de riz que se joue le ballet soyeux des favorites de son grand-père. Aujourd'hui, les notes d’une mélodie lancinante sont portées par le vent. C’est inhabituel. Est-ce tante Ming qui joue de la cithare ? Jun vient souvent les distraire de ses histoires, parfois jusqu’à la nuit tombée (quand il ne les escorte pas à l’extérieur en secret).
    ...merci de m’avoir prévenu, ma tante.

    Jun ferme les yeux. La partie touche à son terme.
    Un maillon après l’autre, ses mensonges ont formé une longue chaîne, qu’il sent se resserrer autour de son cou. Néanmoins, son sourire est serein. Feng et Irina ont eu deux ans pour se préparer et gagner en expérience.
    C’est plus que suffisant, leur sort n’est plus de son ressort.
    Elles sont hors de portée de leurs poursuivants.

    Mais ce succès n’est pas sans prix.
    Le vieux Tao n’est pas né de la dernière pluie : soupçonneux du tour que prenaient les recherches, il n’a pas tardé à faire monitorer chacun des officiers du clan. Sous la houlette de l’oncle Yoji, l’enquête interne suit implacablement son cours.
    Le chef du clan Sungyee est déterminé à trouver le coupable. Et en dépit de toute sa rouerie, Jun n’a pas les moyens de contrecarrer la volonté de son grand-père

    C’est son seul calcul défaillant.
    Ne pas avoir réalisé plus tôt que quelqu’un devrait assumer la responsabilité de ces affronts… et que ce quelqu’un ne serait pas nécessairement le responsable.
    Pour que le jeu s’arrête, il faut un perdant.
    Et ce perdant ne peut pas être Tao Sungyee.

    Voilà son erreur. La raison de sa défaite.
    A lui de l’assumer.

    Ainsi, le jeune homme n’est pas surpris lorsque l’escouade menée par l’oncle Yoji fait irruption dans son pavillon. Les lames des lances du bataillon d’élite brillent d’un éclat sinistre. Comme la gueule d’un tigre vorace, leur formation défensive se referme autour de lui.
    — Le patriarche demande à vous voir, jeune maître.
    Les soldats de la dynastie Sungyee détendent leur prise sur la hampe, et relaxent leurs épaules. En contrebas, la cour et les toits attenants se sont garnis des meilleurs artilleurs du clan. Tous connaissent la célérité du jeune maître, et se tiennent prêts à l’intercepter, s’il devait choisir de leur fausser compagnie.

    A cet instant, la partie prend fin.
    Commence le Yose, le décompte final.


    Le jeune homme se retourne pour accueillir les siens.
    De la lenteur fluide du ruisseau, ses gestes ont une certaine solennité. Siégeant sur le garde-fou comme un roi siège sur son trône, il y a dans son regard cette lueur souveraine qui affirme que chacun d’entre eux appartient à son royaume.
    Le clan a eu le temps de s’habituer à cette forme d’amour, possessive et présomptueuse. A cette étreinte veloutée. Le tacticien connaît chacun de ces soldats sur le bout des doigts, et de leur côté, tous savent d’expérience ce que c’est… que de danser dans la paume de leur jeune maître.
    Tandis que le soleil culmine dans son dos, Jun Sungyee a cette radiance qui est le propre des étoiles sur le point de s’éteindre.

    Les territoires blancs et noirs se réagencent dans son esprit.
    Le joueur de go calcule ses pertes et ses gains.


    — Je vous suis, répond-t-il avec une docilité non feinte.
    Le bataillon se relaxe, imperceptiblement. Le jeune homme s’est aventuré entre les mâchoires du tigre, et ses chances de fuite sont réduites au néant.

    Sur le chemin qui mène au pavillon de Tao Sungyee, le jeune maître est le seul à sourire.
    Les mains dans le dos, la posture décontractée, il badine avec ses oncles et ses cousins… et apaise gentiment cet émoi qu’il perçoit dans leur cœur.
    Jun est leur cadet à tous. Chacun de ces hommes l’a vu grandir et papillonner dans les fastueux corridors du manoir Sungyee. Ils ont assisté à sa métamorphose, à son ascension… et ils l’ont vu user et abuser de ses pouvoirs dans leur intérêt à tous.
    Aujourd’hui, ils sont persuadés de l’escorter vers sa mort.
    Et sans doute ont-ils raison.

    La défaite est imminente.
    Tel est le résultat souhaité et attendu.


    Le hall d’audience est plein.
    Jun se surprend à cligner des yeux tandis qu’on énonce la longue litanie de ses méfaits supposés. Il ressent comme un curieux pétillement d’âme. Certains de ces coups ont été joués dans une transe telle qu’il n’en a plus jamais connue de pareille.
    Aux portes du châtiment, le jeune tacticien s’autorise un petit sursaut d’orgueil.

    Perdre cette bataille.
    Pour gagner la guerre.


    Tous les yeux sont rivés sur lui.
    Sur les visages, les expressions sont contradictoires. Comme s’ils avaient tous souhaité qu’il ne fût pas responsable… mais qui d’autre ? Les faits ne sont pas accablants. Une défense efficace suffirait à faire taire ces suspicions… mais cela ne règlerait pas le problème. S’il ne s’agit pas de trahison, alors il s’agit d’incompétence.
    Aujourd’hui, quelqu’un allait payer.
    La tension noue l’estomac du clan. Tendus, ils attendent sa défense, ou son aveu.
    Sa condamnation, ou la leur.

    Allons, n’ayez crainte.
    Je ne le laisserai pas vous faire de mal.


    Jun lève le regard vers son grand-père.
    La lumière des braseros ne porte pas jusqu’à l’estrade où le vieil homme est alangui.
    Son trône est un puits d’obscurité nébuleuse. Un gouffre opaque, mais le fourneau d’une pipe à opium s’y embrase par intermittence… comme s’ouvrirait un œil unique, scrutateur et incandescent, devant lequel on se sent à nu.
    C’est une présence sinistre et terrifiante, qui donne de la réalité à ce qui n’était – jusqu’à présent – rien de plus qu’une séquence. L’animosité du patriarche est palpable, ce n’est plus un jeu.
    Si Jun ne lui dit pas ce qu’il veut entendre…
    …c’est la mort qui l’attend.

    — J’attends, grondent les ténèbres.

    Heurté par ce simple mot, sa résolution vacille.
    Pour une seconde seulement, la porte de son âme s’entrouvre sur un abîme de terreur béant. C’est dans sa chair qu’il ressent ce qu’il avait seulement compris. Il avait visualisé ce moment dans son esprit, mais ce n’était alors qu’une menace sans substance.
    Tremblant et suffoqué, Jun ne s’est plus senti ainsi depuis ce jour d'enfance et de panique, où il a pris une vie de ses propres mains.
    A cet instant, la peur a effacé cette maturité factice qui voile la jeunesse de ses traits. C’est face à l'entièreté du clan que s’effondre sa façade, et tous peuvent contempler à quel point il est désemparé.
    Ses lèvres veulent prononcer la vérité, accepter son châtiment…
    …mais le courage vient à lui manquer.

    Sur sa langue, un mensonge manque de fourcher.
    Un mensonge est tout ce dont il a besoin pour se sortir d’affaires.
    Il lui suffit de délier l’écheveau des accusations qui pèse sur ses épaules, et la responsabilité retombera, comme un couperet, sur le crâne de l’équipe de recherche. Ce mensonge peut suffire à le sauver.
    …mais c’est un mensonge qui trahirait jusqu’à l’essence même de son être.

    La respiration saccadée, Jun stimule consciemment son organisme.
    Il exacerbe ces pouvoirs qui l’ont maintes fois sauvés, et qui lui donnent aujourd’hui le moyen de choisir son destin. D’endorphine, il endort son effroi. D’adrénaline, il se foudroie le sang. C’est à peine suffisant pour éteindre le brasier de terreur que son grand-père lui a allumé dans les entrailles.
    …mais malgré tout, il reconquiert son sourire, bien que ce dernier soit un peu tremblant.

    — Je suis coupable, annonce simplement Jun Sungyee.

    Le silence retombe, comme un couperet.
    Le hall d’audience s’est pétrifié.
    Tao Sungyee vient de se lever. Sur ses traits sculptés au burin, on ne devine plus que le masque d’une résignation glacée. Le colosse marche dans sa direction.

    Son cœur manque de s’arrêter. Jun est trop tétanisé pour oser bouger.
    Seule la peur est visible sur ses traits juvéniles. Ses subterfuges levés, débarrassé du masque qu’il porte depuis près de deux ans, il n'est rien de plus qu'un enfant. Désemparé. Témoin impuissant de son propre châtiment.

    C’est pourquoi ils passent à l’action.
    Les officiers de la famille se dressent sur le chemin du patriarche. Un acte auquel aucune forme de charisme n’aurait pu les contraindre, mais qu’ils ne peuvent réfréner tandis que le plus jeune d’entre eux est en proie à une terreur plus fervente encore que la leur. En vagues suppliantes, les treize fils et filles de Tao Sungyee se sont levés pour l’enjoindre de reconsidérer son jugement. Leurs mains se tendent, leurs voix s’élèvent.
    Jun entend sa cause, plaidée par le chœur véhément de ce clan qu’il a tant aimé.

    …mais le patriarche ne les entend déjà plus.
    Sans ralentir, il les écarte du revers de la main.
    De leurs corps sont si légers, et de leurs bras si frêles, ils ne peuvent même pas lui faire obstacle. Ils sont pareils à des insectes, à implorer sa clémence.

    C’est lui, qui les met dans cet état.

    Le colosse s’avance, inéluctable.
    Il est une tempête que rien ne saurait arrêter.
    A laquelle nul ne peut espérer échapper.

    C’est lui, qui a une telle prise sur leur cœur...

    Les mains du titan s’abattent.

    ...et sur le mien.

    Nul autre que Tao Sungyee ne peut entendre ces derniers mots – d’amour et d’excuse – que le condamné murmure, juste avant la déflagration. Une pluie rouge et blanche tombe sur le hall d’audience du clan Sungyee. Au sang, se mêlent des esquilles d’os qui jaillissent de son dos déchiqueté.
    Les cris de terreur résonnent. Les pleurs également.
    L’enfant chéri du clan Sungyee n’a pas résisté à la tempête.
    Jun est brisé.

    Jun Sungyee
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    Techniques : Les sempiternelles mues du serpent

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    La vipère rouge : Jun Sungyee

    Sam 27 Aoû 2022 - 8:18

    histoire

    Blanc est victorieux.
    Tao Sungyee (grand-père), Jun (17 ans)


    Ces derniers mots ont fait vaciller son vieux cœur.

    Tao Sungyee se tient dans l'œil du cyclone.
    Les piliers d’or et d’écarlate se sont effondrés. Les marbreries délicates sont en ruines. Parmi ses descendants, plusieurs gisent, inconscients ou commotionnés.
    Elles n’ont pas su l’atteindre... ces voix, qui l’exhortaient au calme et à la pitié.

    Les mains du vieil homme sont rouges.
    …y restent imprimées la sensation de la chair qui se déchire, des os qui éclatent, et du sang chaud qui jaillit. Le patriarche réfrène le tremblement qui persiste dans ses doigts. Il s’efforce de ne pas regarder l’enfant déchiré qui gît à ses pieds.
    — Sortez… sortez tous.

    Le clan s’active en processions gémissantes, évacuant les blessés.
    Ren et Men sont les premiers à ramener le châtié.

    Le patriarche se laisse tomber au sol. Lentement.
    Comme un arbre gangrené qui s’effondre sous le poids de ses propres branches.
    Tao Sungyee est assis en tailleur, au milieu du sang versé.
    Au creux de sa large paume, repose une pierre de go blanche.
    Irrémédiablement brisée.


    Le chef du clan Sungyee donnera l’ordre de ne jamais nettoyer le sang qui macule le hall d’audience. Ces projections de pourpre qui éclaboussent le marbre et les colonnes brisées vont sécher à même le sol. Y dessiner deux ailes, sinistres et décharnées.
    Celles de son petit-fils, qu’il vient de lui arracher.

    Elles serviront de rappel, pour tous.
    Pour que son clan n’oublie jamais ce qu’il en coûte de le tromper.
    Et pour que lui-même n’oublie jamais comment sa confiance avait été trahie.

    ***

    Un autre que Jun n’aurait pas survécu à de telles blessures.
    Sans le pouvoir du Horu Horu no Mi, qui permet des transformations telles qu’elles affectent la masse osseuse, son corps ne s’en serait jamais remis. Malgré tout, le convalescent mettra plus de six mois à reconstruire les parties endommagées de son squelette.
    Les blessures qui marquent ses épaules l’handicaperont pour le reste de sa vie.

    Dans un réflexe de survie, son organisme s’est transformé en conséquence, et sécrète au quotidien des substances à même de neutraliser la douleur.
    Son corps est comme figé dans cet instant de vie ou de mort. Le souvenir lui est ancré dans la chair. Pareille à de la foudre liquide, l’adrénaline déferle dans ses veines, jour et nuit, sans discontinuer. Comme un orage charnel qui n’aurait de cesse de tonner, comme si l’adolescent se préparait, encore et toujours, à faire face au châtiment du patriarche.
    Jun est changé à jamais.

    — Ramenez-le moi, commande Tao Sungyee, le jour où le médecin du clan lui annonce enfin que retirer le patient de l'hôpital ne risque plus de le tuer sur le coup.

    Jun Sungyee
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    Sam 27 Aoû 2022 - 8:19

    histoire


    L’essor.
    Tao Sungyee (grand-père), Jun (17 ans)

    Fiévreux et délirant, Jun sent la poigne ferme de Ren qui le contraint de s’agenouiller.
    L’ombre de son grand-père étale son relief sur les ténèbres ; dans le hall d’audience dépourvu de lumière, on devine sa présence – massive – comme on se sait au pied d’une montagne.
    Sa pipe à opium est éteinte aujourd’hui. Exempt des vapeurs habituelles, l’air est empreint d’un parfum ferreux.
    Les soldats se retirent, et les laissent seuls.

    Affalé sur le sol, le front appuyé sur les marbreries glacées, Jun tente de se redresser à demi. Ce simple mouvement éveille les flammes qui nichent dans ses omoplates. Son visage est d’ores et déjà luisant de transpiration, rien que se tenir droit lui est un supplice.
    En silence, le jeune homme attend.
    Ses yeux ne se sont pas encore habitués à l’obscurité. Ses pensées, elles, lui sont encore confuses. Drogué par les substances qu’il sécrète naturellement pour supporter la douleur, Jun évolue désormais dans un monde de ténèbres floues. Une réalité tremblante qui semble se dérouler au ralenti, une réalité sur laquelle il peine à fixer son attention.
    Il ignore ce que lui veut encore le patriarche… mais ne ressent aucune peur. Voilà six mois déjà que sa vie s’est arrêtée. Il n’est plus capable de se mouvoir. Il n’est plus capable de penser. A ce stade, qu’on abrège ses souffrances serait simplement un acte de miséricorde.
    Aussi, il ne trouve rien à dire à celui qu’il a trahi, et attend son jugement.

    — Jun…
    La voix du patriarche semble sinuer d’entre les ombres.
    Elle ne ressemble pas à la voix habituellement brutale et sans ambages de son grand-père. Elle paraît plus ancienne aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été.
    — …pourquoi n’es-tu pas venu me trouver ?

    Lentement, les mots du vieil homme réveillent son esprit engourdi.
    Une étincelle de vie se rallume dans les yeux de Jun.
    Ses pensées – brouillonnes – s’agitent.
    Il essaie de réfléchir.

    Pourquoi n’est-il pas venu tout avouer à son grand-père ?
    Il y a un implicite dans cette question qui le fait frissonner.
    — C’est parce que…

    La boue se soulève dans son esprit.
    Peut-être est-ce en raison de son état d’extrême épuisement.
    Sans tout le verni locutoire dont il recouvre d’ordinaire ses pensées.
    Jun exhume quelque chose, de plus vrai, de plus cru.
    Quelque chose au fond de lui qu’il a toujours prétendu ignorer.

    — …je ne vous fais pas confiance, s’entend-t-il confesser.
    A peine prononce-t-il ces mots… qu’il réalise que c’est la vérité.

    Ses yeux se sont maintenant habitués aux ténèbres.
    C’est pourquoi il perçoit, pour une seconde seulement, cette lueur fugitive et blessée dans le regard du vieil homme. Au cours de ce moment éphémère, le visage que le patriarche masque habituellement d’obscurité et de fumées ne dissimule rien de ce qu’il ressent.
    Sans doute est-ce la toute dernière fois que Jun lira si librement l’émotion sur les traits de son grand-père… car dans son attitude, quelque chose vient de basculer.
    S’il y avait une lueur, alors celle-ci vient de s’éteindre.

    Avec cette vérité, les liens complexes et douloureux qui unissent Jun au vieil homme viennent de rompre. Ce qui demeurait entre eux – même après son châtiment, même après sa trahison – vient de céder.
    Cette réalisation le chamboule de l’intérieur. C’est un sentiment de perte, confus et écrasant. Qui le laisse creux. Plus vide qu’il ne l’aurait cru possible.
    C’est à ce point que l’existence de cet homme s’était enracinée dans sa vie.

    — Je suis désolé… chuchote pour la toute dernière fois le garçon en venant appuyer le front sur le dallage glacé, faisant éclore tout un lot de nouvelles douleurs dans ses épaules.

    Il n’y a rien d’autre à dire.
    Avant cet instant, Jun n’aurait jamais imaginé que Tao Sungyee puisse pardonner à quiconque de s’opposer à lui. Il semblait impossible qu’il puisse accepter que sa loyauté aille d’abord à sa sœur aînée.  
    Mais peut-être n’était-ce pas aussi simple.
    Peut-être que tout ceci aurait pu être évité.
    Ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, s’il avait eu le courage de prendre le parti de Feng, sans se cacher ou se laisser paralyser par la terreur… alors peut-être que le vieil homme aurait reconsidéré sa décision.

    La possibilité existe, c’est une graine qu’il aurait pu semer.
    Mais en préférant manoeuvrer dans l’ombre, Jun ne lui avait jamais laissé la chance de germer. Il s’était dressé en traître et en ennemi. Et avait forcé la main de son grand-père.
    C’était son seul, et son plus grand regret.


    Le silence s’étire.
    Les ténèbres semblent respirer, palpiter et se débattre, aux prises avec leurs propres angoisses invisibles. Finalement, un œil incandescent s’ouvre sur les abysses : le fourneau de la pipe à opium du patriarche s’embrase.
    D’une chiquenaude, le vieil homme fait puissamment résonner le gong dont il convoque ses serviteurs. Son appel résonne dans la pénombre, c’est un signal de rassemblement dont les vibrations perdurent sur une note basse et sinistre.
    Le conseil se réunit. Les braseros sont rallumés. Le regret s’est maintenant effacé du visage de Tao Sungyee.
    Ne demeure que l’implacabilité du chef de clan, prêt à rendre son jugement.

    Lequel tombe comme un couperet.
    — Qu’il ne revienne jamais ici, grogne le patriarche, sans même un regard pour la forme misérable qui est recroquevillée à ses pieds. S’il est toujours présent lorsque le gong cessera de vibrer : abattez-le.

    Un grand froid traverse le hall d’audience.
    Les yeux se posent sur la silhouette pitoyable de Jun Sungyee.
    Combien de temps avant que la note du gong ne meure ? Peut-être moins d’une minute ? Dans son état, c’est bien trop peu.
    C’est une condamnation.

    Au milieu de l’agitation et de la confusion des ordres transmis, le convalescent relève son regard sur le vieil homme. Celui-ci tire sur sa pipe à opium. Ses doigts, crochus et gigantesques, tapotent négligemment le tuyau de l’instrument.
    Jun écarquille imperceptiblement les yeux.
    Ayant siégé tout ce temps aux côtés du patriarche, c’est un geste qu’il a vu mille fois.
    C’est le signal que lui adresse son grand-père avant de le faire intervenir dans ses négociations. Qu’il s’agisse de jouer une partie de go, de servir le thé ou de simplement créer une distraction : c’est ainsi que le vieil homme lui ordonne de faire le nécessaire pour prendre en défaut la vigilance de ses opposants.

    Il y a un échange silencieux, qu’eux seuls peuvent discerner.
    Les lèvres du jeune homme s’incurvent à demi.
    Ses yeux brillent d’une émotion contenue.

    Son grand-père lui propose une partie.
    Survis à cette épreuve... et gagne ta liberté de tes propres mains.
    Si tu n’en es pas capable, alors tu ne mérites pas ma clémence.

    La dernière qu’ils joueront ensemble.

    Jun sourit.
    Va pour une dernière partie.
    Son cœur, jusqu’alors si lourd de chagrin et de culpabilité, lui semble un peu plus léger.
    Six mois durant, son corps a cherché le moyen de subsister, a cherché le bon dosage, a cherché à recouvrer son harmonie… mais il n’est plus possible de bannir cette douleur qui lui crucifie les épaules. Elle fait désormais partie de lui.

    Il se doit de l’accepter.
    Alors, cette souffrance qui lui embrase l’échine s’altère.
    Comme une pièce de puzzle qui trouve enfin sa place, elle est assimilée.
    ...et entre l’agonie, la soif de défi et le regret, les pouvoirs de Jun Sungyee atteignent un nouvel équilibre ; dans une singulière forme d’alchimie intérieure, se déchaîne le Horu Horu no Mi.
    Mais si je joue, grand-père… alors c’est pour gagner.
    L’adrénaline lui déferle dans le cerveau. Son organisme se noie dans la fièvre et la foudre. La douleur n’est plus, ses sens l'abandonnent et pourtant cette unique sensation demeure : une chaleur intense, à la base de ses omoplates.
    Pareille à des ailes de feu.

    Jun Sungyee a un dernier regard pour chacun des visages de l’assemblée.
    Il grave leurs traits dans son cœur.
    Et puis, disparaît.

    Le mouvement est si soudain ; les membres du conseil n’en perçoivent que la rémanence d’un éclair, dont l’écarlate leur reste gravé sous les paupières.

    La partie commence.
    Ses ballerines noires fusent sur le plancher. Tout autour de lui, les arches de bois laqué défilent dans un océan de rouge confus, sa course est si leste que leurs yeux peinent à suivre la cadence. Ses foulées avalent la distance et les corridors du manoir Sungyee. Jun connaît ce dédale ornementé sur le bout des doigts : ses passages, ses raccourcis et ses méandres secrets.
    Sa natte voltige tandis qu’il saute une volée d’escaliers, se réceptionne en douceur sur l’épaule d’un jeune cousin en faction, et poursuit sa course fugitive et bondissante le long de rambardes sinueuses. En l’espace de trois battements de cœur, il dévale les façades, s’élance sur les toits en pagode et oriente sa course vers les travées qui surplombent la cour intérieure.
    Les deux artilleurs – postés en embuscade – sur les toits n’entendront de sa part qu’un mot d’excuse, avant de voir leurs fusils s’envoler.

    Au loin, le gong cesse de vibrer.
    Avec un train de retard, les officiers reportent les ordres du patriarche.

    Les soldats les plus aguerris, eux, ne manquent pas de réagir sur son passage. Formés par l’oncle Yoji, leurs yeux sont accoutumés à la vélocité du combat.
    Deux lance étincelantes l’attendent au détour du corridor.
    — Défendez-vous, jeune maître, chuchote Ren.
    Jun sourit à son cousin. Aujourd’hui encore, la lame de Ren s’anime avec une souplesse paisible, dans un ballet subtil et facétieux. Ce n’est pas le style d’un tueur. Ses mouvements ondoyants évoquent la danse du bambou sous le vent.
    Il frappe.
    Visant la jambe puis l’épaule, ses assauts décrivent de grands arcs de cercle. L’attaque devient défense dans un tourbillon cinglant, qui ne connaît ni pause ni discontinuité. Cependant, son cousin cherche simplement à l’empêcher de passer.
    …rien n’est plus facile à surclasser qu’un adversaire qu’on connaît par cœur.
    Droite, puis gauche. Feinte du regard et pivot : Jun épouse le cours de la tornade.
    La lance du guerrier ne fait qu’effleurer le tigre bondissant brodé au dos de son hanfu.
    C’est en douceur que Jun se faufile entre les assauts du cousin Ren.

    Et d’un.
    Son second adversaire frappe aussitôt.

    La lame de Men est pareille à l’éclair. Elle surgit dans un trait de foudre et manque de lui prendre la tête. Contrairement à son frère, lui savoure cette situation. C’est un amour plus vicieux qui brille dans ses yeux.
    — Ne me facilite pas trop la tâche, Jun.
    La lance de son cousin est mortelle et fulgurante.
    Son corps plié en deux pour esquiver l’assaut, Jun se redresse d’un saut carpé, et sent une nouvelle fois la lame lui frôler le visage. Distraitement, il constate l’anneau qu’on a passé au doigt de son adversaire. Je vois que les joies du couple n’ont en rien adoucies tes manières, cher cousin…Tourbillonnant en plein essor, le jeune homme retombe avec la délicatesse de la mésange, pour atterrir en équilibre sur la hampe de lance du cousin Men.
    L’instant paraît se figer ; Jun a un sourire d’adieu pour les deux guerriers, et d’une virevolte, il disparaît par-dessus la balustrade.

    Et de deux.

    Se réceptionnant au large Torii de la cour intérieure, il glisse le long du pilier d’écarlate.
    Une erreur. A peine un instant plus tard, ses bras sans force décrochent de la colonne, incapables de lui assurer une prise.
    La chute est brutale, et pourtant indolore.
    Jun se redresse en grognant, du feu plein les omoplates.
    Il réalise seulement maintenant qu’il n’a pas la moindre idée de l’état dans lequel se trouve son corps. Ni compréhension, ni contrôle. Il ne ressent rien, seulement cette brûlure dans son dos, qui n’a de cesse de croître et de s’étendre.
    Tandis que ses pensées, elles, semblent se ralentir, se gélifier.
    Les drogues corporelles doivent affecter son cerveau.

    Ses blessures sont le catalyseur de sa transe, et la source son énergie fulgurante, mais son dos meurtri n’en est pas moins une véritable bombe à retardement. En réaction à l’état critique de ses épaules, le Horu Horu no Mi nourrit son organisme de foudre, mais son corps finira par atteindre ses limites. Physiques et mentales.
    La douleur finira par devenir trop forte pour que ses drogues corporelles puissent l’atténuer.
    Son corps ne sera pas capable de se maintenir longtemps dans un tel état de stimulation.

    Il faut en profiter. Tant qu’il bénéficie encore de ces bienfaits, tant qu’il en a encore le pouvoir. Tant que la souffrance déploie ces ailes de feu entre ses omoplates.
    En profiter… et utiliser cette force pour franchir le prochain obstacle.

    …car c’est l’oncle Yoji, qui désormais, lui barre le passage.
    En faction sous le Torii, le vétéran prend lentement position.
    Son visage est impassible. Sa lance se fige, pointe vers le bas.
    Sa posture de combat évoque le profil fuselé du faucon.

    Maintenant, ça ne rigole plus.
    Cette fois, la vitesse et les feintes ne donnent aucun résultat. Sa première tentative pour contourner le soldat est récompensée d’un puissant coup à l’estomac. Cueilli à contrepied d’un habile revers de hampe, Jun mord la poussière, les jambes coupées par la violence de l’impact.
    Le fils de Tao Sungyee est d’un autre niveau.
    Son expérience est sans commune mesure avec celle de ses cousins.

    Effondré sur les pavés, Jun serre les dents.
    Le patriarche n’a jamais été beau joueur.
    C’est une partie qu’il ne peut pas gagner…
    …pas sans se préparer à suer sang et eau.

    Imperturbable, le faucon ennemi déploie ses serres à nouveau.
    Yoji n’a pas l’intention de retenir ses coups.
    Sans pitié, il déchiquète sa proie.


    ***


    — Vous êtes sans-cœur, mon oncle, murmure la jeune femme, au bord de l’épuisement.
    Son visage et sa chevelure sont tous deux ensanglantés.
    Son corps est cisaillé par les coups de lance.  
    Rien ne fonctionne. Ni ruse, ni tactique, ni technique. Ce combat est une précieuse leçon d’humilité... malheureusement, cette prise de conscience est malvenue. Le temps presse.
    Les gardes se massent dans les corridors et cloisonnent la cour intérieure.
    L’escalier principal est d’ores et déjà bouclé. Fuir par des moyens conventionnels n’est déjà plus possible.

    Le vétéran ajuste souplement la position de sa lance.
    A croire qu’il peut lire dans l’avenir, aucune manœuvre ne peut le surprendre.
    Jun reste la plus rapide, mais c’est loin d’être suffisant. Même ses trajectoires de fuite sont court-circuitées dans l’instant. D’un déplacement économe, d’un assaut préventif ou d’un ordre donné à un artilleur posté sur les toits, l’oncle Yoji bloque toutes ses possibilités.

    La chaleur s’accumule. Réfléchir lui devient de plus en plus difficile
    Le cerveau farci de douleur, Jun n’a plus les capacités de se montrer subtile.
    Dans un effort désespéré pour reprendre l’initiative, son corps s’est transformé…
    …mais quel que soit l'œil sous lequel elle étudie la situation, elle ne discerne pas davantage d’échappatoires.

    — Je vous pensais plus forte que cela, jeune maître, déclare platement le soldat.
    — Ouais, moi aussi, je me croyais…

    …suffisamment forte pour éviter le combat.
    D’une façon ou d’une autre.
    Mais il faut croire que cette fois, il n’y a pas d’autre solution…
    …que de lui rentrer dans le lard, et frapper.


    Jun doit forcer sur ses jambes pour se relever, mais son adversaire ne laisse pas passer cette ouverture. La lance tournoie – pointe vers le bas – et pique tel un faucon pour venir lui prendre la gorge. En se contorsionnant, elle évite le pire de justesse, mais la lame lui traverse l’épaule de part en part.
    L’agonie est suprême. Son cri explose dans la cour intérieure.

    Rien à faire…

    La digue éclate.  
    La douleur – que ses pouvoirs ne maintenaient que difficilement à l’écart – entre en reflux. Son dos se fait fournaise. Ses blessures suppurent des torrents de feu. La douleur ne fait qu’enfler, encore et encore, dans une réaction en chaîne qui lui explose dans le cerveau, qui crépite jusque dans les fêlures de ses os.
    Son corps arrive au bout de ses possibilités.
    Jun atteint le point de rupture.

    …juste s’acharner, et frapper.

    Le monde s’embrume. Elle, ne voit plus rien.
    …mais l’oncle Yoji, lui, peut voir que les yeux de sa jeune adversaire se sont révulsés.
    Que sa posture a perdu toute discipline, et tout maintien. Fléchie sur ses appuis, le dos rond et la bouche béante, sa position tient plus de l’animal que de l’être humain. Son regard – sans focus – semble chercher, sans y parvenir, à se fixer sur lui.
    La fièvre ou les larmes font luire ses yeux d’un éclat laiteux.

    ...frapper.

    Il n’y plus une once d’intelligence ou de subtilité dans cette carcasse de foudre et de souffrance. La perte de contrôle est totale. Ne demeure que la violence. Et l’instinct.

    ...frapper.

    Jun bondit, une charge brutale et sans méthode.
    Le vétéran réceptionne le poing de la jeune femme de la pointe de sa lance. C’est insuffisant pour l’arrêter. Ce corps qui ne sent plus la douleur se jette tout entier à l’offensive. Se servant de sa main transpercée comme axe, il tourbillonne, et percute du genou la tempe du soldat.
    …mais son attaque ne s’achève pas là.
    C’est un déluge de coups, sauvage et sans appel.
    Le soldat prépare sa défense et assène ses ripostes.
    Une pluie de pourpre éclabousse les piliers du Torii.

    Affaiblie par la violence de l’enchaînement, sa lance se brise sous les assauts de la bête. Yoji finit par maîtriser l’animal d’une prise experte… mais alors, c’est le corps entier de la créature qui se tord et se contorsionne sur lui-même… jusqu’à ce que la nuque du vétéran soit à portée de ses dents.
    — …foutue morveuse, marmonne le soldat.


    Le reste du combat est complètement flou dans son esprit.
    Lorsque Jun revient à elle, elle est allongée sur le dos au milieu de la forêt de bambous. Les tigres de pierre veillent sur son repos.
    A quelques pas de là, un air de cithare s’élève dans le pavillon de sa sœur aînée.
    En grognant, la jeune femme se traîne péniblement jusqu’à l’édifice.

    — Le bâteau est prêt… et le commandant t’attend, annonce la silhouette tante Ming.
    Derrière le paravent en papier de riz, la favorite vieillissante de Tao Sungyee pince délicatement une corde de son instrument, qui émet comme un accord plaintif.

    — J’espère que tu sais ce que tu fais, ma petite.
    Les bribes d’un plan vieux de deux ans se rassemblent dans son esprit épuisé. Son idée de fuir en sollicitant l’aide de la marine est-elle encore fiable ? C’est une faveur qui risque de lui coûter cher. Même si elle n’est pas immédiatement mise aux fers, les chances sont élevées qu’on lui réclame un certain nombre d’informations qui faciliteront leurs tractations futures avec le clan Sungyee.

    La jeune femme acquiesce mollement, avant de réclamer.
    — …où est mon carnet ?
    Recroquevillée autour du carnet de poèmes… Jun laisse la fatigue l’emporter.


    ***


    De retour au hall d’audience, le vétéran tient une lance brisée.
    Son visage a pris quelques coups, son nez est cyanosé et ensanglanté…
    …et une trace de morsure virulente lui décore l’avant-bras.

    — Père, elle s’est échappée, se contente d’annoncer l’oncle Yoji.
    Sans répondre, le vieil homme fait signe pour qu’on remplisse sa coupe de saké.

    Avec un soupir d’épuisement, le soldat prend place parmi ses frères et ses sœurs... à qui il adresse une mise-en-garde narquoise.
    — Faites gaffe à vos miches, elle mord.
    Aucun d’eux ne se propose de la pourchasser.


    ***


    Le rose des cerisiers s’estompe sur l’horizon.
    L’air vide et vacant, Jun observe West Blue par le hublot de la cabine du médecin de bord. C’est toute sa vie qu’elle abandonne sur sa terre natale. Déracinée, il ne lui reste désormais plus rien. …le sentiment de mélancolie est intense, il lui creuse la poitrine, comme un petit animal s’y creuserait un terrier.

    Le commandant Marsh fait son entrée.
    — Nous ne sommes pas suivis, annonce l’officier de la marine. Je dois avouer que je m’attendais à ce que l’extraction soit plus difficile.

    Jun observe l’homme.
    Sa mise. Les traits souriants de son visage. Ce qu’elle sait de son passé.
    C’est malgré elle que son cerveau compile ces informations.
    — Je crains que vous ne soyez coincée avec nous pour un petit bout de temps, poursuit le soldat. Le départ pour Red Port n’est pas prévu tout de suite : nous avons fort à faire sur West Blue.

    Bien qu’attentive, Jun ne se redresse pas pour l’écouter.
    Ses récentes épreuves l’ont laissée entièrement paralysée.

    S’asseyant à son chevet, le commandant lui parle de leurs projets.
    Des repérages qu’ils doivent accomplir autour de l’île de l’éclat. De leur mission au long cours pour le royaume de Flevance : une investigation périlleuse sur le saturnisme. Sans parler du renégat qu’ils traquent depuis depuis près d’un an, déjà, et dont la piste semble mener tout droit vers Rubeck.
    Et chacun de ces mots, chacune de ces informations qu’on lui livre… est une pierre noire que Jun voit claquer sur le goban.

    — Alors, dites-moi, Jun Sungyee… comment comptez-vous vous rendre utile ?
    Le sourire de la jeune femme s’élargit si bien qu’il en découvre ses canines.
    Ses yeux brillent d'une joie limpide ; les possibilités pétillent dans son esprit.
    C’est le début d’une nouvelle partie.

    Cinq mois plus tard, l’ensemble des projets de l’équipage sont bouclés.
    Pour services exceptionnels, le commandant Marsh est décoré de la Croix du Mérite.

    …quant à leur invitée, elle est enfin capable de quitter son lit.
    Solitaire dans la cabine qui lui est attribuée, elle promène un regard pensif sur les cartes marines du commandant Marsh.
    Sur ces mers houleuses qui recèlent d’autant de merveilles que de dangers ; son plateau de jeu.
    Sur ces emblèmes et ces territoires conquis par les différentes factions ; des joueurs qui imposent au reste du monde leurs idéaux.
    Sur ces îles populeuses ou inexplorées, désormais à sa portée ; des pierres noires et blanches qu’elle effleure de ses doigts avides.

    La jeune femme affiche un sourire radieux.
    Jun Sungyee est prête à jouer.
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    La vipère rouge : Jun Sungyee


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