C’est après m’avoir péniblement aidée à me redresser et m’installer sur le fauteuil molletonné, que la jeune demoiselle m’apporte à boire. Une carafe beige d’eau tiède, accompagnée de tout un tas de restes de repas. Pain, viande, compote, soupe. Une alimentation presque trop riche pour quelqu’un à un stade si avancé d’anémie. Néanmoins, je ne fais jamais ma difficile. Je commence, sans demander mon reste à boire et à manger. La saucisse est trop salée, la compote trop sucrée, la soupe trop épaisse, le pain trop sec. Mais au vu de la situation, ce repas est une véritable bénédiction et bien plus agréable à mon palais abîmé par la cigarette que les plats des campements de la révolution. Les restes d’un dîner ou d’un déjeuner préparé par une fille aimante à son paternel, avec attention. C’est quelque chose de simple et qui dégage quelque chose de touchant, auquel je n’ai pas touché depuis de longues et fades années.
Tout en m’alimentant calmement, je ne quitte pas du regard le père, la fille, la porte et les fenêtres. Car alors que l’appel doucereux du sommeil s’est tû, laissant place aux murmures habituels du mobilier, je conclue qu’il n’y a eu aucune conséquence néfaste à ma perte de connaissance. Pas d’alerte, pas de blessure, pas de poison. Juste une bonne samaritaine qui, pour une raison qui m’échappe à décidé de venir en aide à son bourreau qui se vidait de son sang sur le sol, le long de sa cheminée.
A mesure que le sucre présent dans le repas me redonne des forces, mon esprit se recadre, se raffermit, se restructure. Je m’émancipe de cette situation ou la réaction est la seule possibilité et me demande comment j’en suis arrivée là, tandis que la maîtresse de maison se réchauffe auprès de l’âtre. L’arrivée des gardes n’était pas fortuite comme sur les autres îles. Les miliciens en général ne patrouillent pas comme ça, pas dans une formation aussi serrée, autant équipés. Et puis, qui quadrille une crique, comme ça, au beau milieu de la nuit ? Je me visualise la scène, une nouvelle fois. Les mouvements des gardes, les ordres qu’ils ont donnés et surtout, le comportement de mon escouade. Formation en phalange, cavaliers et francs tireurs. Ce n’est pas une coïncidence, ils savaient que l’on arrivait.
Je passe ensuite en revue tous les déplacements de mes coéquipiers que j’ai pu apercevoir du coin de l'œil. La réflexion à ce sujet est courte, l’un d’eux à agit bizarrement. Il à été attrapé en premier alors qu’il devait se trouver derrière. Une arrestation sans goutte de sang contre des ennemis armés de fusils et de lance. Un traître. Un homme qui à abandonné serment et intégrité pour quelques dizaines de milliers de berries probablement. Nombreux sont ceux qui décident de se soumettre aux chaînes du confort et de la richesse…
Mon œil se plante sur la jeune demoiselle. Et elle ? Quelle à quoi appartient le collier qu’elle à décidé d’abandonner son cou ?