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    Orion Gull
    Orion Gull
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    Fendre les flots | Jun

    Jeu 22 Sep 2022 - 12:01

    Fendre les flots

    avec jun


    L'équipage posté dans les haubans, sous l'oeil attentif du Commandant, s'était activé pour border les voiles alors que le vent avait tourné vers l'est au petit matin ; et désormais la Vive-Allure, fidèle à son nom, fendait les flots vers les côtes de l'Archipel de Gekko.
    Le Commandant Marsh tenait la barre ce matin-là, flanqué d'Orion avec qui il discutait de choses et d'autres - principalement des rapports de mission du mois passé, du ravitaillement et d'autres questions mortellement ennuyeuses pour qui n'était pas officier de bord ; en descendant de la dunette, il lança un dernier rappel à Orion :

    - N'oubliez pas de faire en sorte que nos invités se sentent ici comme chez eux, Lieutenant Gull.

    La Marine devait maintenir une réputation immaculée auprès des civils pour conserver leur confiance, et c'était d'autant plus vrai pour les rares invités qui voguaient à bord de la Vive-Allure.
    En tant que passager, la mercanti qui collaborait parfois avec Marsh avait tout le loisir de se trouver sur le pont et de regarder les autres travailler, sauf si l'envie de prêter main-forte aux matelots lui prenait. Heureusement, les choses étaient moins spartiates que sur la plupart des navires de la Marine et Jun bénéficiait d'une cabine individuelle pour s'isoler de l'agitation du pont ou des regards curieux.

    Près du bastingage, Cindy la Teigne et Kit le mousse partageaient une partie de cartes, assis sur une paire de tonneaux à l'écart du chemin des matelots pour ne pas les déranger. Une partie qui n'allait pas en la faveur de Cindy, vu la façon avec laquelle sa tête rentrait dans ses épaules à chaque carte qu'elle abattait.

    - Et tu m'dois vingt Berrys, triompha Kit en abattant sa dernière carte. T'peux les ajouter sur t'note si t'as pô de quoi me payer maintenant. Il se fend d'un sourire goguenard devant le visage défait de Cindy, qui se laisse tomber en arrière, son dos heurtant dramatiquement le pont.
    - Mais comment il fait ?!
    - L'talent, ma chère, fit le jeune homme roux, plus adolescent mais pas encore adulte. Ses yeux rieurs parcourent le pont, où peu de matelots circulent, la majorité des matelots étant occupés à la manoeuvre dans les haubans. Une brise fraîche venait rafraîchir les épaules et les dos des marins. Kit comme Cindy jetaient maintenant fréquemment des regards vers la mercanti, amicaux mais définitivement intrigués. Ils semblaient débattre entre eux d'une question de la plus haute importance à voix basse, ayant délaissé leur partie de cartes pour regarder ou plutôt examiner Jun de loin, sans aucune discrétion.

    Orion "La Mouette" Gull s'avança vers Jun, avec le port droit qui seyait à son rang d'officier, son sabre au fourreau et son uniforme le drapant d'une certaine autorité à bord du navire, même si le visage du lieutenant n'avait rien de sévère, loin de là. Il s'exprimait de façon assez avenante, et n'était pas avare de paroles lorsqu'on lui posait des questions. Steven, la mouette de combat, trônait sur son épaule, affublé de sa propre casquette miniature.

    - Ils sont simplement curieux, fit le Lieutenant en désignant les joueurs de cartes du menton. Ce n'est pas souvent que nous accueillons des civils à bord, même si nous sommes ravis de le faire ! Il jeta un regard à l'horizon, où ne s'étendait pour le moment que l'immensité d'East Blue. Nous devrions arriver à Gekko en fin de journée. J'espère que vous êtes à votre aise ? Si vous voulez passer le temps en participant aux manoeuvres, ou en vous joignant à l'équipage, sentez-vous libre de le faire.
    - Eh ! Tu t'ennuies ? Kit avait bondi de son siège improvisé, profitant de la présence d'Orion pour libérer son barrage de questions sur leur malheureuxse invitée surprise. T'viens d'où ?
    avec jun  jean-paul-tigre  
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    Jun Sungyee
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    Fendre les flots | Jun

    Sam 1 Oct 2022 - 10:16
    Le soir du départ.

    Le hublot de la cabine du commandant s’ouvrait sur une mer d’ombres rageuses.
    C’était une de ces nuits striées d’éclairs d’albâtre, où le vent déchaînait les flots. Le bruit des vagues se fracassant contre la quille de la Vive-Allure faisait frémir l’ensemble du vaisseau.
    Trempé par les embruns après avoir tenu le gouvernail jusqu’à ce que la tempête s’apaise, le commandant Marsh réintégra sa chambre.
    D’un geste sûr, il récupéra à la volée la serviette qu’on lui jetait à la figure.
    Son œil aiguisé n’avait pas manqué de repérer la petite silhouette adossée à côté du hublot. Patiemment lovée dans l’obscurité, leur invitée : Jun Sungyee l’attendait à l’intérieur.

    Vous ne dormez pas ? demanda le commandant en ôtant brièvement sa casquette afin de s’éponger le dessus du crâne.
    J’ai pensé que vous voudriez avoir cette conversation au plus tôt.
    Se débarrassant de son manteau humide, l’officier acquiesça d’un grognement.
    Il s’installa derrière son bureau, et alluma une petite lampe à huile qui fit danser des reflets de feu sur l’ébène de sa peau. Le commandant Marsh avait encore vieilli depuis leur dernière rencontre, et sa moustache était désormais complètement blanche.

    La cabine est-elle à vôtre goût ?
    Les quelques notes d’un rire clair – comme sonnerait un carillon – planèrent dans la pénombre.
    L'officier avait toujours été très à cheval sur la politesse, et s’ils devaient discuter d’un sujet sensible... ce ne serait pas sans d’abord échanger quelques civilités.
    Jun se prêta donc au jeu.
    Elle est parfaite, répondit la jeune femme en se rapprochant du halo de lumière, c’est comme si je n’étais jamais partie. Nelly s’est empressée de venir me demander une partie d’échecs et Monsieur Cygne a eu la délicate attention de nous faire parvenir de la tisane de rosier blanc et un assortiment de biscuits. Pour “célébrer mon retour”, a-t-il dit.
    Ces deux-là ont toujours eu un faible pour vous.
    Jun s’immobilisa à la lisière de cette petite bulle de lumière qui flottait dans l’obscurité de la cabine.
    Sa voix venait de prendre un tour mélancolique.
    C’est vrai.

    Voilà huit ans déjà qu’elle avait – pour la première fois – posé le pied sur le pont de la Vive-Allure.
    Et ceux qui l’avaient connue à cette époque voyaient toujours en elle une petite chose fragile et brisée ; extradée du Pays des Fleurs, terrassée par un châtiment corporel qui la laissait entièrement paralysée, la Jun Sungyee d’alors avait piètre allure.
    Cette vision n’avait jamais quitté leur esprit.

    …mais le commandant Marsh était différent.
    Même maintenant, il posait sur elle un œil lucide et prudent.
    Sans doute parce qu’il connaissait d’elle ses penchants les plus sordides.
    Et que lui seul comprenait vraiment quel genre de créature il avait autorisé à son bord.

    Jun aimait ce regard-là…
    …qui ne s’embarrassait d’aucune illusion.
    …je suis flattée que vous vous souciez de mon bien-être, reprit-elle avec un sourire onctueux, mais ces amabilités ne sont pas la raison pour laquelle vous vouliez me voir en privé, n’est-ce pas ?
    Non, en effet.
    Le bruit d’un tiroir que l’on ouvre fit vibrer la pénombre. Les doigts noueux du commandant en extirpèrent un large dossier.
    En tant qu’officier de la marine, je suis contraint de vous poser la question, annonça-t-il en faisant glisser, puis pivoter un document sur la table. Votre visite à l’Archipel de Gekko a-t-elle un lien avec ceci ?

    Elle se rapprocha enfin.
    La silhouette de la jeune femme émergea sous la lueur de la lampe à huile.
    D’abord, une crinière aussi rousse que celle d’un renard, soigneusement nattée pour lui retomber sur l’épaule.
    Ensuite, des yeux pétillants et candides, du bleu insondable de l’océan, dont les profondeurs secrètes demeurent inaccessibles.
    Ainsi que des traits avenants, d’une beauté orientale et sans-âge, sur laquelle le temps ne semble pas avoir de prise.
    En huit ans, son visage n’avait pas pris une seule ride.

    Infiltrant le cercle de lumière, Jun vint prendre connaissance de l’avis de recherche.

    ”Avis de recherche”:

    Jun Sungyee ne chercha pas à réfréner l’élan de douceur que lui inspirait le portrait de sa sœur aînée, et répondit à la question du commandant sans se départir de son sourire.
    Non, absolument pas.
    Avez-vous la moindre information à son sujet ?
    Rien de plus que la dernière fois que nous en avons parlé, commandant répliqua-t-elle avec un air matois. Les secrets que j’ignore sont des secrets que je ne peux pas trahir ; je veille donc à demeurer soigneusement ignorante sur la teneur de ses activités.
    Votre voyage n’a donc aucun rapport ?
    La voix du commandant restait calme. Il s’agissait de questions de routine, telles qu’il avait déjà dû lui poser plus d’une dizaine de fois. Ce n’était rien d’inhabituel, lorsqu’on traitait avec la marine tout en étant membre d’une famille de criminels notoires.

    Je n’irais pas jusque-là, concéda la jeune femme. L’Archipel de Gekko est supposément le berceau de la révolution, et j’ai bel et bien l’intention d’y poser quelques questions… mais je ne verrais aucun inconvénient à ce que vous me fassiez accompagner, ou à partager mes éventuelles trouvailles avec vous.
    Je pense que vous perdez votre temps.
    La théorie – officiellement supportée par le gouvernement – voulait que l’Archipel de Gekko soit le lieu de naissance d’Isaac D. Siddick, créateur et leader du mouvement révolutionnaire. Néanmoins, si cette information était véridique, alors le CP7 avait certainement déjà ratissé l’ensemble des îles, et interrogé tout individu susceptible de détenir des renseignements pertinents.
    Le commandant Marsh ne lui dirait pas clairement ces choses-là, mais il ne restait probablement aucune donnée sensible à exploiter.

    Je ne cherche pas à remonter sa piste, commandant. Je ne m’intéresse qu'à son parcours.
    Leur destination était un endroit simple et tranquille, mais c’était justement la raison pour laquelle ce phénomène était digne d’intérêt. Les individus ayant grandi et vécu sur une île paisible étaient – par nature – bien plus sensibles aux injustices et au pragmatisme sordide dont on graisse les rouages de la société ; l'histoire avait prouvé que c’était dans de tels environnements que naissaient les héros.
    Et les héros et leurs idéologies – la force motrice derrière le mouvement révolutionnaire – était un sujet qui intéressait tout particulièrement Jun Sungyee. Après tout, sa propre sœur offrait sa lame à leur cause.
    Et je crois qu’il y a bien des choses que l’on puisse apprendre d’un homme, simplement en étudiant ses racines.  
    Tout en parlant, les doigts de Jun s’égarèrent sur un meuble attenant pour venir effleurer la Croix du Mérite qui s’y trouvait. La médaille, sans être particulièrement mise en valeur, était disposée à côté d’un cadre artisanal et d’autres babioles que la fille du commandant lui avait offertes, au fil des années.

    De plus… m’avez-vous déjà vu perdre mon temps ? demanda Jun en assénant une pichenette qui fit tinter le métal de la décoration militaire.
    Comme pour lui rappeler que la présence de ce trésor aussi, datait d’il y a huit ans.
    Un sourire vint relever le coin de la moustache de l’officier.
    Non, jamais.


    ***


    Le troisième jour.

    Assis sur le bastingage, le jeune homme contemplait le pont de la Vive-Allure.
    Le ballet de ses manœuvres navales, ses gabiers en harmonie sur les gréements, et ses voiles farouches que l’on tenait sous le vent. Pour la première en trois jours de voyage, Jun Sungyee était sorti pour prendre l’air.
    Le jeune marchand avait finalement abandonné les dossiers d’intendance sur lesquels il travaillait dans la solitude de sa cabine ; de longues heures d’étude seulement troublées par les visites fréquentes de Nelly, qui venait prendre sa pause en sa compagnie, écouter ses histoires et rattraper le temps perdu.

    Une épaisse chope remplie de café, ainsi qu’une assiette de douceurs, étaient posées à ses côtés.
    Un peu plus tôt, c’est à la surprise générale que Fénélon Cygne – le maître-queux de la Vive-Allure –  lui avait fait monter un petit-déjeuner préparé dans les règles de l’art, tel qu’on en aurait servi sur les tables du Royaume de Frauce.
    Encore bouillant, le café noir dégageait d’appétissants arômes de noisette. Et les cannelés qui l’accompagnaient étaient fondants à souhait : une pâte savoureuse imprégnée de rhum et de vanille, recouverte d’une croûte délicatement caramélisée. A n’en pas douter, c’était un délice.
    En temps normal, les menus de la Vive-Allure n’incluaient pas de telles pâtisseries : c’était là une attention qu’on réservait aux dignitaires étrangers… et qui épaississait le voile de mystère qui semblait planer sur les épaules du jeune homme.

    Et vêtu du costume traditionnel du Pays des Fleurs, dont la veste était teintée d’un écarlate saisissant, Jun ne passait pas inaperçu.
    D’ailleurs, la paire de matelots – qui jouait aux cartes, depuis tout à l’heure – le couvait de regards insistant, et échangeait ponctuellement des messes basses à son sujet.
    Buvant dans sa chope en fer blanc, le marchand s’était amusé à les épier en retour : observant du coin de l’oeil le déroulement de leurs parties, pour feindre ensuite de ne plus s’y intéresser dès que l’un d’eux posait les yeux sur lui ; anticipant leurs réactions pour ne pas être pris sur le vif. Un innocent jeu de dupes qui dura jusqu’à ce que le lieutenant Gull ne vienne prendre de ses nouvelles.

    Ils sont simplement curieux, expliqua le jeune homme en désignant ses subordonnés du menton. Ce n'est pas souvent que nous accueillons des civils à bord, même si nous sommes ravis de le faire !
    Jun accueillit cette déclaration d’un sourire, mais il faut avouer que son regard s’attarda surtout sur la casquette miniature de la mouette.
    Officiers, les salua-t-il d’un hochement de tête poli, peut-être un peu plus marqué en direction de Steven que d’Orion lui-même.
    Nelly lui avait un peu parlé de chacun des membres d’équipage.
    …et enjoint à se méfier du volatile.

    Nous devrions arriver à Gekko en fin de journée, reprit aimablement l’officier. J'espère que vous êtes à votre aise ? Si vous voulez passer le temps en participant aux manœuvres, ou en vous joignant à l'équipage, sentez-vous libre de le faire.
    Oh, il ne me viendrait pas à l’esprit d’empiéter sur les platebandes de marins compétents.
    Une lueur amusée dans le regard, Jun se pencha vers le lieutenant pour poursuivre sur le ton de la confidence.
    Et pour vous dire la vérité, je suis affreusement fainéant. La seule raison pour laquelle je me suis tenu enfermé dans ma cabine jusqu’à présent, c’est par crainte qu’on me confie des corvées si je donnais l’impression d’avoir trop de temps libre.
    Le boniment lui pétilla sur la langue.
    En attendant de voir comment le lieutenant Gull – qui semblait être un individu très droit dans ses bottes – interpréterait sa plaisanterie, le marchand proposa nonchalamment à Steven un de ses cannelés.
    Mais à l’occasion, on pourrait m’intéresser à une partie de cartes, conclut-il avec un air badin.

    Cette déclaration n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd.
    Constatant que l’invité de la Vive-Allure n’était pas si “inapprochable” finalement (et qu’il n’était pas contre l’idée de se faire plumer dans un proche avenir), le gagnant de la partie de cartes improvisée fit irruption dans la conversation.
    Eh ! Tu t'ennuies ?
    Jun ouvrit la bouche pour répondre, mais déjà, le mousse enchaînait sur une autre question.
    T'viens d'où ?
    Et puis sur plusieurs autres : T’fais quoi dans ta cabine ? T’connais Nelly ? Comment t’as fait pour qu’le cuistot t’ait à la bonne ?

    Levant les mains, comme pour endiguer le flot de paroles du jeune rouquin, le marchand répondit posément à sa première question.
    Je suis originaire de West Blue.
    Et puis, en usant naturellement de ces talents qu’on développe en passant toute une vie à négocier, Jun reprit le contrôle de la conversation.
    Je vous ai vu jouer, tout à l’heure. Vous semblez habile, lui dit-il, en tâchant d’accaparer l’attention du mousse.
    Cela passait par le contact visuel. Par la façon dont il fit tomber sa voix en fin de phrase. Par le mouvement subtil de ses mains, qu’il élevait pour capturer et rediriger l’attention de son interlocuteur. Et par cet air onctueux, ce timbre suave qui semblait susurrer qu’on l’écoute, cette posture qui donnait comme une impression de quiétude intimiste, qu’on n’avait guère envie de brusquer.
    Ses lèvres incurvées dans un sourire serein, mais non dénué de malice, le marchand poursuivit.
    Que diriez-vous de m’arracher le reste des réponses lors d’une partie de cartes ? Si vous me faites admettre ma défaite… j’accepte même de vous céder l’assiette de macarons que Maître Cygne me réserve pour accompagner le thé de cet après-midi.

    Une lueur d’amusement incrédule s’alluma dans le regard du mousse. Bien sûr qu’il était partant : on venait tout à la fois de le complimenter pour son adresse et de le mettre au défi. Après cela, quel joueur serait-il s’il refusait de faire la démonstration de son talent ?
    Et pour ne rien gâcher, la perspective de mettre la main sur des friandises qu’on réserve d’ordinaire aux invités de marque semblait faire son petit effet sur le jeune rouquin.  
    ...et si t’gagnes ?
    Jun haussa distraitement les épaules.
    Si ça doit arriver, retirez mes gains de son ardoise, dit-il en désignant Cindy.
    Car il était hors de question de faire du profit aujourd’hui : la plus mauvaise façon de faire sa première impression sur un inconnu était de le plumer séance tenante. Et l’art de nouer des relations de confiance était la base même du métier de marchand.
    Une leçon que Jun avait appris à ses dépens lors de ses premières années en mer ; on peut aisément calculer ses gains et ses pertes, mais le fait de pouvoir compter sur autrui quand le besoin s’en fait sentir… est tout simplement inestimable.

    Bondissant au bas du bastingage, le marchand posa une main légère sur le dos d’Orion, comme pour l’inviter à l’accompagner tandis qu’il se dirigeait vers le tonneau qui leur servirait de table improvisée.
    Vous aurez bien le temps pour une partie ou deux, n’est-ce pas, lieutenant ? lui glissa-t-il d’un air complice. Steven sait-il jouer aux cartes ?

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