Malgré son âge vénérable dans la communauté des rongeurs, Rami n’en demeure pas moins quelqu’un de relativement perdu dans sa vie. Bercé par les comptes de fées qu’on lui contait lorsqu’il n’était encore qu’un simple rat, celui-ci à toujours couru après des rêves de grandeurs fantasmagoriques et complètement irrationnels mais malgré ses caprices la plupart du temps irréalisables, Rami est loin d’être bête, bien au contraire.

N’ayant jamais été le rat le plus charismatique ou le plus fort de sa portée, celui-ci à toujours sût faire preuve d’une innovation et d’une intelligence redoutable, qui, malgré celà, ne l’a pas toujours aidé durant sa jeunesse en qualité de rat de laboratoire. Attirant à maintes reprises le regard sombre et pervers des scientifiques l’entourant. Rami était toujours le premier à trouver l’issue des différents labyrinthes et la solutions des diverses énigmes qu’on soumettait à sa personne et à ses frères et sœurs de portée.  

Là-bas, notre jeune rongeur à développé une peur bleue de choses pourtant relativement simples et courantes. Le bruit choquant de l’électricité ainsi que l’odeur âcre des sujets brûlants à son contact. Un bruit et une odeur qui, aujourd’hui encore, force le jeune rat à fuir dans l’obscurité pour se soustraire au regard et à l'attention de tous. La couleur blanche, quant à elle, est tout simplement un rappel constant de la couleur des blouses des scientifiques s’étant si aimablement occupés de lui.

Suite à cette jeune vie si particulière, Rami à développé une méfiance particulièrement dévelloppée à l’encontre des humains vêtus de blanc et s’est juré qu’un jour, il s’assurerait que tous les humains d’une telle sorte finiraient à ses pieds.

Cependant, depuis que celui-ci à obtenu le pouvoir du fruit de l’humain, le jeune rat à développé un côté vicieux, presque méchant par moment. Usant et abusant de la confiance que son apparence humaine lui confère pour parvenir à ses fins au dépend des autres.

“ Des hurlements de souffrance, l’odeur mauvaise de la chair qui brûle, un rythme cardiaque effréné et mes membres qui s’emballent au moindre bruit. Tout cela pour un vulgaire trésor. Un à un, je vois mes frères et sœurs commettre encore et toujours les mêmes erreurs. Notre vie est semée d'embûches et rares sont ceux qui parviennent à vivre vieux.

Les meilleurs d’entre nous partent souvent les premiers malheureusement, leurs talents attirant une attention non voulue de prédateurs nous dépassant en tous points. Cette peur qui me tient constamment le ventre. Que choisir entre une souffrance éphémère et une disparition soudaine en direction de l’inconnu. Parfois, cette crainte me convainc de faire volontairement une erreur mais quoi que je fasse ces derniers temps, irrémédiablement, c’est moi qui trouve le trésor. L’ultime convoitise. L’objet désiré de tous les êtres vivants sur cette planète, le fromage. J’ai beau lutter de toutes mes forces, cette cupidité traîtresse ne cesse de faire vaciller mon cœur et, bien trop souvent, l’emporte sur la raison.

J’ignore depuis combien de temps je subis cette routine mortelle mais à chaque fois, la récompense calme la douleur de mon corps mais n’apaise pas la jalousie que porte ma famille à mon encontre. Entre leurs railleries et leur attitude violente, je ne sais pas combien de temps je pourrai tenir. Las de ce traitement porté par mes semblables et ennuyé du plaisir sadique de ces entités supérieure, demain, je ferai le mort, quitte à me priver de ce si bon et doux fromage. Si cela veut dire que je peux me débarrasser de tout ça, alors je suis prêt à faire le grand bond vers l’inconnu.

L’issue de cet enfer est tout proche, je le sens, mais il est maintenant l’heure pour moi de mettre en exécution mon plan. Au lieu de tourner à gauche, je décide de prendre à droite et un choc parcourt mon corps. L’électricité s’abat sur moi telle la colère divine face au pire des pécheurs mais la douleur n’est pas suffisante pour me mettre hors d’état de nuire. Faisant le mort une fois ce traitement infernal terminé, je sens une main me saisir et, pour la première fois, j’entends les beuglements titanesques de nos bourreaux.

Sentant l’étreinte me saisir plus que de raison, je commence à étouffer. Cependant, ce que je ressens ne correspond pas aux témoignages dont on m’a fait part par le passé. Le piège de chair qui m’enserre est bien plus maladroit et semble bien moins imposant que ce que mère nous a raconté. Ouvrant le plus discrètement possible un œil, je vois deux immenses billes vertes me fixer. Un visage clairement triste m’observe tel un chose cassée et un titan, bien plus imposant que l’entité me tenant semble s’adresser à elle. Je ne comprends pas grand chose. Simplement quelques mots mais avant même que je puisse comprendre ce qu’il se passe, me voilà enfermé dans une cage obscure sans fenêtre. Où donc vais-je finir ? Est-ce la fin pour moi ? Je sens le contrecoup de l’effort m’emporter et bientôt, le la fatigue vient chercher son dû.

A mon réveil, un drôle de tissu sied sur mon dos et du verre semble adorner mes yeux, bien que prisonniers d’une étrange création, je parviens à mieux distinguer le monde qui m’entoure. Je me retrouve seul, en compagnie du titan miniature aux yeux verts. Quel genre de tests cette créature mythique va me faire subir ?

Les jours passent les uns après les autres. Pour la première fois de ma vie j’ai enfin une notion du temps qui passe et, je suis presque convaincu que je suis mort, au paradis des rats. Après chaque jour qui passe, j’observe et, bien rapidement, j’apprend que ma gardienne, une humaine visiblement, porte le nom de Rose. Qui plus est, je serai visiblement pour elle la source d’un plaisir immense. Mes pensées sont confuses mais … Plus d’électricité, plus de brûlure, plus de blanc. Juste des couleurs, de l’amour et du fromage. Peut-être que ces “humains” ne sont pas tous si mauvais ? J’en doute. Ce n’est qu’une enfant. Peut-être deviendra-t-elle dangereuse plus tard ?

Malgré le temps qui passe et l’adoration que me porte l’enfant titanesque, je me rends bien vite compte de la haine que me porte ses supérieurs. Un regard mauvais, un commentaire dédaigneux et j’en passe. Cependant leur méprise ne m’atteint plus. Malgré ma petite taille, moi, Monsieur Rat, ai la chance de vivre une vie de monarque. Je me rends bien vite compte qu’être chouchouté par Rose m’offre une immunité relative à l’encontre des géants. Leur dégoût et leur jalousie est un met exquis dont je ne cesse de me gaver. Bien évidemment, cela ne vaut pas le goût du fromage que m’offre ma gardienne mais ce petit plaisir n’est guère loin derrière.

Pour la première fois depuis maintenant plusieurs semaines je crois, Rose s’adresse à moi via un sobriquet de plus en plus fréquent. “Rami”. Un visible raccourci entre “Rat” et “Ami”. Tout cela est bien étrange mais je m’habitue à ce petit nom que je fini par apprécier. Rami, monarque des rats, divin régent des rongeurs. En plus de ce petit nom et des ces titres à foison, mon fief est devenu un domaine dans lequel je pourrai me perdre. Adieu vile petite maison en plastique. Bonjour ma propre pièce. J’ignore le pourquoi du comment, mais visiblement Rose à jugé qu’il était nécessaire à un rat de mon rang d’avoir un terrain digne de ce nom. Je ne vais pas me plaindre, après tout, quitte à avoir le titre de roi, autant avoir les bénéfices qui vont avec.

Depuis quelques temps maintenant, la jeune fille se complaît à me raconter mille et une histoires fantaisistes dans lesquelles je m’imagine très bien. Un jour, je suis un grand marin sans foi ni loi écumant les mers à la recherche de la légendaire Île au fromage. Le lendemain, un rat volant parcourant les cieux étoilés de la mer nocturne pour m’approprier la lune faite de fromage visiblement. J’ignore si ce qu’elle raconte est véridique ou non mais je compte bien le découvrir un jour. Un territoire exclusivement constitué de fromage ? Le rêve.

Oh damnation infernale, comment ai-je pu être si naïf. Moi qui pensait que ma cupidité grandissante était une bonne chose, me voilà aujourd’hui face au fantôme de mes erreurs. Certes je suis un roi, mais le roi de quoi ? De quatres murs et de quelques meubles ? Me voilà en fin de compte enfermé de nouveau dans un labyrinthe. Bien plus spacieux et élégant mais cela n’en demeure pas moins une cage dorée. Rose vient me voir de plus en plus rarement et l’ennui prend rapidement sa place. Je dois trouver un moyen de m’enfuir vite et loin. L’affection que me portait le titan n’était en fin de compte probablement qu’un caprice enfantin. Il me faut faire vite avant que mon existence soit considérée gênante et que l’on me fasse de nouveau disparaître.  A l’aide de tout ce que je peux trouver sous ma patte, je commence petit à petit à creuser l’un des murs. J’ignore où il me mènera mais je préfère être maître de mon destin plutôt que d’être encore une fois le pantin d’un autre !

Cela va faire de trop nombreux jours maintenant que Rose n’est plus venue me voir, fort heureusement et malgré la faim, la porte secrète est terminée. Explorant les couloirs labyrinthiques de cette demeure, mon nez, au détour d’un couloir, parvient à sentir une odeur que je pourrai reconnaître entre mille. Faisant fit de toute raison, je me précipite et je fini par arriver dans une immense salle impressionnante. Le fromage est là … Je dois juste trouver le bon meuble. Usant de mes petites pattes, je parviens tant bien que mal à ouvrir la porte d’un impressionnant bloc et l’odeur précédemment captée se fait bien plus forte. C’est seulement après une session d’escalade froidement rocambolesque que je parviens à arriver au bon étage. Me délectant du précieux trésor, mon attention se fait attirer par un drôle d’aliment.

Malheureusement jamais je n’aurai pu prévoir que cette curiosité maladive allait m’attirer bien des ennuis par la suite. Du fromage blanc et rouge ? Du jamais vu, je savais que j'aurais dû me méfier mais bon, je ne suis qu’un rat que voulez-vous que je vous dise ? Après avoir avalé la première bouchée, quelque chose d'impensable se passa. Au lieu de mes habituels couinements, un son similaire à celui des titans s’échappa de ma bouche. Sous le coup de la panique, la seule chose me semblant censée était de fuir et de retourner au sein de mon royaume mais ce qu’il se passa fut bien différent. Le monde devenait de plus en plus petit autour de moi et sous mon poids, le support sur lequel je me tenais s’affaissa et un bruit infernal retentit dans la pièce. Comment ça mon changement de narration te dérange ? T’es qu’un crâne sur une table ! Puis c’est moi qui raconte l’histoire ! Pas toi !”

Le rat homme se racla la gorge tandis qu’il enfourna dans sa bouche un morceau de fromage préalablement piqué par une fourchette.

"Hmmm succulent … Où en étais-je ? Ah oui ! Alors que je découvrais mon nouveau corps, un bruit assourdissant me rendit presque sourd l’espace d’un instant et alors que mon regard chercha l’origine de celui-ci, je remarqua Rose sur le pas de la porte me fixant d’un air terrifié. Bizarrement l’enfant faisait maintenant ma taille et celle-ci me dévisageait comme si j’étais un monstre. Rapidement, les géniteurs de l’enfant firent leur apparition et le mâle, l’air écoeuré, pointa une arme sur moi. Son premier tir me manqua de peu et mon instinct de survie prit le dessus. Détalant à toute vitesse de nombreuses choses furent renversées et la seule chose me semblant censée était de passer au travers d’un mur transparent … Quelle mauvaise idée ce fut. Les éclats de celui-ci déchirèrent ma peau et une traînée de sang me poursuivit. Telle fut le début de mon incroyable épopée ! Mais ça, tu t’en fiches probablement … C’est pas comme si tu allais pouvoir raconter mon histoire à tout le monde. T’es qu’un crâne sans machoir qui traîne sur mon bureau depuis une éternité. Bref, je t’ai assez parlé mon beau, il est temps pour moi de faire mon boulot de roi et trouver un moyen de mettre mes connaissances scientifiques au profit de mon royaume. Ce soir, je dois trouver un bâteau et prendre la mer ! Ces saligauds d’humains seront enfin témoins de ce dont un rat est capable ! Bientôt le monde sera infecté par mes innombrables poisons et seul mon royaume restera debout !  Nyéhéhéhé !  “

Alors que Rami prit la direction de la sortie de sa tanière, sa queue tapa dans la table et le crâne se renversa par terre.

“Comment ça c’est tout ? Bien sûr que c’est tout ! Tu crois que je vais passer ma nuit à tout te raconter ? Je te l’ai dis ! T’es qu’un crâne ! Ce que j’ai fais depuis ma fuite ? A ton avis ? Je me suis fais une manucure et je me suis fais bronzer la biscotte au soleil ! Si tu veux connaître la véritable suite cependant … il faudra que tu trouves un moyen de suivre mes aventures prochaines !”

Sur ces belles paroles, l’Impérialissime Monsieur Rat revêtit sa forme humaine, adapta comme il se doit son manteau, rectifia la position de ses lunettes et laissa le vent de l’aventure le porter jusqu’à un nouveau lendemain.